Expo Ailleurs : Corps à Corps, 5 expositions de la saison culturelle Le Temps des Collections de la RMM Rouen, réunion des musées métropolitains Rouen Normandie

 


Dixième édition du Temps des Collections, la saison d’exposition « Corps à Corps » de la Réunion des Musées Métropolitains Rouen Normandie (RMM Rouen) célèbre les collections permanentes des institutions régionales. L’événement périodique, né en 2012 sous l’impulsion de la métropole, vient éclairer chaque année les fonds permanents des institutions muséales locales. Développée à travers cinq musées de la RMM Rouen, cette nouvelle édition, sur le thème du corps et de ses représentations, apporte une réflexion sur leur place dans l’art, l’influence de la science et les progrès de l’anatomie, l'évolution de la société et de l'économie, l'interaction entre vie privée et oeuvre. Les expositions décloisonnent les disciplines, empruntent la voie de la transversalité. Elles renouvellent le regard sur des œuvres singulières, issues des réserves, présentent des acquisitions récentes, des restaurations inédites, ainsi que le fruit de recherches pointues. 




Quand la mode façonne le(s) corps
Musée Industriel de la Corderie Vallois - Jusqu’au 8 avril 2023

L’ancienne corderie sur les rives du Cailly devenue Musée industriel de la Corderie Vallois accueille les collections de la Dame d’Atours, entreprise artisanale, spécialiste de la création de costumes historiques de qualité muséologique, qui expose à cette occasion un ensemble de costumes d’époque, pièces authentiques et reconstitutions du XVIIIème siècle à la fin des années 1930. « Quand la mode façonne le(s) corps » évoque l’évolution de la silhouette féminine par le prisme du vêtement et des contraintes que celui-ci exerce sur les corps. Au XIXème et au XXème siècle, les exigences sociales conditionnent les anatomies selon des carcans physiques et des préceptes esthétiques.






Le parcours chronologique s’ouvre sur un ensemble de robes de jour, de soirée mais également des tenues masculines, des uniformes. La riche documentation, les reproductions variées, gravures de mode et pages de revues, complètent un panorama historique, économique et sociétal. La succession de silhouettes depuis 1860 éclaire les modifications du corps rendues possibles grâces à de nombreux éléments linges de corps, corsets, faux-culs, arceaux, crinolines, coussins. Serrer la taille, rehausser les seins, modifier la forme des hanches, au fil des évolutions techniques, les structures s’allègent, deviennent plus solides avec la maîtrise de certains alliages métalliques. L’industrie de la mode prend son essor grâce à l’émergence des grands magasins, le développement de la publicité. Avec l’avènement de la grande consommation nait une nouvelle société.

Musée Industriel de la Corderie Vallois
185 route de Dieppe - 76960 Notre-Dame-de- Bondeville
Tél : 02 35 74 35 35
Horaires : Ouvert au public tous les jours de 13h30 à 18h. Mise en fonctionnement des machines avec visites commentées à 14h, 15h, 16h et 17h




Céramiques fantastiques
Musée de la Céramique - Jusqu’au 6 mars 2023

Au sein de l’ancien Hôtel d’Hocqueville, le Musée de la Céramique éclaire la créativité des céramistes du monde entier, Rouen, Chine, Allemagne, Pays-Bas. « Céramiques fantastiques » illustre les aspects variés d’une formule plastique qui allie originalité, fantaisie et richesse formelle. Le vocabulaire de la céramique emprunte à celui de l’anatomie humaine. Les créations modelées, corps d’argile, se composent d’un pied, d’un talon, d’une panse, d’épaules, de col, de lèvres.






A l’occasion de l’exposition orchestrée dans le cadre de la dixième édition du Temps des collections, un parcours thématique a été imaginé à travers les collections permanentes. Céramiques de Meissen, éléments anthropomorphes, vache fleurie de Delft, théière chinoise à gueule de dragon, personnages ventrus et bestiaire fantastique marquent autant d’étapes ludiques et précieuses de cet itinéraire fascinant. Pièces majeures, les bustes des Quatre Saisons, chefs-d’œuvre de Nicolas Fouquay datant de 1730, témoignages somptueux du savoir-faire de la faïencerie rouennaise, ont été réunis au musée 

Musée de la Céramique
1 rue Faucon - 76000 Rouen
Tél : 02 76 30 39 26
Horaires : Ouvert tous les jours de 14h à 18h sauf le mardi




Caravage. Un coup de fouet
Musée des Beaux-Arts de Rouen - Jusqu’au 27 février 2023

Elément phare des collections du MBA Rouen, « Le Christ à la colonne » (1606-07), oeuvre du Caravage (1581-1610), a été acquis par l’institution en 1955, grâce au flair de son directeur, le conservateur Hubert Guillet. Le tableau attribué alors au peintre Mattia Preti, rejoint les collections rouennaises. L’incertitude concernant son auteur pousse Roberto Longhi et Michel Laclotte, les deux plus grands experts de Caravage, à se rendre à Rouen en 1959 pour examiner et authentifier la toile. L’attribution est révisée grâce à l’application de la méthode morellienne. 







L’exposition « Caravage. Un coup de fouet » présente en regard deux œuvres caravagesques au sujet sensiblement identique, « Le Christ à la colonne » et « La Flagellation du Christ » (1607), prêt exceptionnel du Musée Capodimonte de Naples. Le même modèle, immédiatement reconnaissable, a posé pour le personnage du bourreau présent dans les deux tableaux. Les deux œuvres ont été peintes durant la période napolitaine de Caravage. Après le meurtre de Ranuccio Tomassoni, l’artiste est contraint de fuir Rome. Il se réfugie auprès des Colonna, ses protecteurs, puis à Naples dans l’espoir d’obtenir la clémence du Pape dont la justice l’a condamné à mort. Le rapprochement du tableau rouennais et de son frère napolitain, empreints d’une iconographie spécifique relative au thème de la Passion et de la Flagellation souligne les sources d’inspiration communes. Une dizaine d’œuvres signés d’élèves, d’héritiers du XVIIème siècle, de rivaux, de séides complètent la mise en perspective de cette thématique particulière. 

Le commissaire d'exposition Diederik Bakhuÿs et la médiatrice culturelle Sibille Wsevolojsky, rendent compte des récentes analyses scientifiques lesquelles ont permis de retracer les circonstances de création, la chronologie. Analyses infrarouges, fluorescentes et stratigraphiques ont révélé les secrets de la toile, complétant les informations sur la technique de travail, établissant les traces du tableau inachevé disparu sous l’oeuvre actuelle, les repentirs, les modifications de la composition.

Musée des Beaux-Arts de Rouen
Esplanade Marcel-Duchamp - 76000 Rouen
Tél : 02 35 71 28 40
Horaires : Ouvert tous les jours sauf le mardi de 10h à 18h




Flaubert, corps et âme
Musée Flaubert et d’Histoire de la Médecine - Jusqu’au 21 mai 2023

Première exposition développée par les Musées littéraires de RMM Rouen Normandie, qui associe le Musée Flaubert et d’Histoire de la médecine, le Pavillon de Flaubert à Croisset, le Musée Pierre Corneille et la Maison natale de Pierre Corneille à Rouen, « Flaubert, corps et âme » évoque puissamment la place du corps dans l’oeuvre et la vie de Gustave Flaubert (1821-1880). En partenariat avec le Muséum d’histoire naturelle de Rouen, l’événement retrace la trajectoire de l’homme de lettres et vient souligner les intrications intimes entre son existence et son travail. Obsession flaubertienne, la thématique du corps naît d’un contexte familial particulier. Le père de Flaubert est chirurgien en chef de l’Hôtel Dieu de Rouen. De cette enfance marquée par l’omniprésence de la mort, les cours d’anatomie dans l’amphithéâtre voisin, les visites des patients, l’écrivain conserve un goût certain du morbide tandis qu’à l’âge adulte, il est frappé par la maladie. De santé fragile, il est frappé d’épilepsie et de syphilis, deux maladies auxquelles la science du XIXème siècle n’offre pas de soins adaptés.







Le premier étage du Musée Flaubert et d’Histoire de la Médecine a été transformé en cabinet de curiosités ponctué de pièces anatomiques, les écorchés du docteur Louis Auzoux (1797-1880), les cires du chirurgien Jean-Baptiste Laumonier (1749-1818), de dispositifs sonores, d’animaux soumis à la taxidermie, de lithographies et autres œuvres sur la thématique de la médecine et de son enseignement. L’expérience troublante entre en résonance avec l’univers littéraire de Flaubert, univers éclectique, où le corps en souffrance s’inscrit à la fois dans la réalité et la fiction. Les tourments personnels de l’homme de lettres se traduisent dans ceux de ses personnages, physiques ainsi que dans la célèbre scène de l’opération du pied bot dans « Madame Bovary ». Psychologiques aussi puisque l’oeuvre flaubertienne est traversée par la puissance d’un érotisme certain, corps objet de désir et de plaisir. Une lithographie d’Odilon Redon (1840-1916) « La Tentation de saint Antoine » rend compte de cet aspect. Plus cocasse, parmi les animaux représentés ici, se trouve Loulou, le célèbre perroquet naturalisé emprunté au Musée d’histoire naturelle de Rouen lors de l’écriture de la nouvelle « Un cœur simple ».

Musée Flaubert et d’Histoire de la Médecine
51 rue de Lecat - 76000 Rouen 
Tél : 02 35 15 59 95
Horaires :  Ouvert le mardi de 10h à 12h30 et de 14h à 18h - Du mercredi au samedi de 14h à 18h - Fermé les dimanches, lundis et jours fériés




Malin comme un singe
La Fabrique des Savoirs - Jusqu’au 8 avril 2023

Nichée au cœur de l’ancienne usine textile d’Elbeuf-sur-Seine, La Fabrique des Savoirs retrace l’histoire du singe en Occident en une sélection de deux-cents œuvres, réunies grâce à des prêts issus de collections privées et d’institutions hexagonales. Kiwi, la mascotte de l’exposition, entraîne petits et grands dans une scénographie accessible, ludique et instructif. Au Moyen-Âge, symbole de luxure, le singe est associé au diable. Au XVIIème siècle, alors que les colonies prennent de l’ampleur, les cours royales d’Europe le considère comme un animal d’apparat. Sujet de choix des artistes, il répond au goût de l’exotisme et des cabinets tapissés de décors dits « singeries ». Dès le XVIIIème siècle, les naturalistes étudient leur comportement, leur anatomie. 






Réhabilité par la littérature, par exemple « Les Fables de la Fontaine », le singe incarne la curiosité, la malice. Créatures intelligentes presque humaines, la mise en scène de ces animaux dans des postures anthropomorphiques permet de contourner les interdits, satire des mœurs et critique sociale, caricatures de l’humanité et reflet de ses travers. Par la suite, la figure du singe emprunte la double stature de héros et anti-héros. En littérature, « Sans famille » d’Hector Malot rend hommage au personnage de Jolicoeur, petit singe à la fin tragique tandis que le « Double assassinat de la rue Morgue » d’Edgar Allan Poe terrifie les foyers avec l’image menaçante du grand singe. Cette idée se prolonge dans l’imaginaire collectif avec le film King Kong de 1933. Icône moderne, désormais le singe traverse les âges et les légendes, super star des jeux vidéo.

La Fabrique des Savoirs
7 cours Gambetta - 76500 Elbeuf 
Tél : : 02 32 96 30 40
Horaires : Ouvert du mardi au dimanche de 14h à 18h

RMM Rouen, réunion des musées métropolitains Rouen Normandie



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.