Cinéma : Le Petit Nicolas - Qu’est-ce qu’on attend pour être heureux ? d’Amandine Fredon et Benjamin Massoubre - Avec les voix d’Alain Chabat et Laurent Lafitte

 

Le jeune René Goscinny grandit en Argentine, en exil, dans le souvenir douloureux de ses oncles déportés par l’Allemagne nazie. Il fait ses débuts de dessinateurs à New York où il rencontre le gratin de l’illustration. En Gironde, le petit Jean-Jacques Sempé, enfant battu dans une famille sans amour, développe une passion pour le sport et pour la musique. Il vénère Duke Ellington. Carton à dessins sous le bras, il tente sa chance à Paris. Leur rencontre est une évidence. Ensemble, ils soignent les blessures de leur propre jeunesse en imaginant une enfance idéale, histoire de résilience. Le tandem créé le plus célèbre des écoliers français, le petit Nicolas, personnage malicieux. Le choix du prénom, un hasard, s’inspire de la publicité d’un célèbre caviste. Genèse d’une oeuvre. Le petit Nicolas fait ses premiers pas dans un magazine belge, avant de prendre son envol dans les pages de Sud Ouest Dimanche en 1959. 








Les aventures du petit Nicolas représentent huit recueils imaginés entre 1958 et 1965. A travers deux-cents histoires, le scénariste et le dessinateur sont parvenus à rendre universel les expériences intimes de l’enfance. Ils ont capturé l’essence du paradis de l’enfance dans ses décors iconiques, la cour de récré, la salle de classe, le terrain vague, les rues de Paris. L’éternel petit garçon de la France des Trente Glorieuses, entre 1945 et 1975, a fêté ses soixante ans en 2019. « Le Petit Nicolas - Qu’est-ce qu’on attend pour être heureux ? » réalisé par Amandine Fredon et Benjamin Massoubre, propose un retour aux sources tendre et poétique à travers la trajectoire de ses deux auteurs, Goscinny et Sempé.

Co-écrit par Anne Goscinny, Michel Fessler et Benjamin Massoubre, le long-métrage a été distingué par le Cristal d’or au Festival du film d’animation d’Annecy en juin 2022. L’élégance du graphisme parvient à surmonter cette gageure d’adapter à l’écran le trait de Sempé, souligné de couleurs d’aquarelle. Les univers de René Goscinny le scénariste et de Jean-Jacques Sempé le dessinateur s’incarnent à l’écran grâce aux archives personnelles des deux amis, mises à disposition par leur famille, notamment la romancière Anne Goscinny, fille du premier qui a étroitement collaboré au scénario. Les tranches de vie évoquent la relation complice de ces deux artistes, la conjugaison de leurs talents et la naissance de leur oeuvre commune. Les créateurs du petit Nicolas devenus à leur tour personnages dessinés, Alain Chabat prête sa voix à René Goscinny et Laurent Laffite à Jean-Jacques Sempé.




Le film dresse un portrait émouvant des deux complices, Goscinny, le globetrotteur, Sempé le poète amoureux de la musique. « Le Petit Nicolas - Qu’est-ce qu’on attend pour être heureux ? » alterne leur histoire et les saynètes qu’ils sont en train d’écrire. Les courtes aventures du petit Nicolas, facéties, bêtises gamins turbulents ponctue le récit. C’est un plaisir immense de retrouver le héros incontournable de la littérature jeunesse, le gamin facétieux aussi fameux que ses camarades : Alceste et sa passion des tartines, Clotaire le dernier de la classe, Eudes qui est très fort, Rufus dont le père est policier, Agnan le premier de la classe le chouchou de la maîtresse. 

René Goscinny meurt le 5 novembre 1977 à l’âge de 51 ans, Jean-Jacques Sempé disparaît le 11 août 2022. Ce film en forme de madeleine de Proust, retour aux sources tendre et poétique, célèbre la postérité des livres devenus culte et le talent de leurs auteurs.

Le Petit Nicolas - Qu’est-ce qu’on attend pour être heureux ? d’Amandine Fredon et Benjamin Massoubre
Ecrit par Anne Goscinny, Michel Fessler et Benjamin Massoubre
Avec les voix d’Alain Chabat et Laurent Lafitte
Sortie le 12 octobre 2022



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.