Ailleurs : Chapelle Saint-Jean, dernier vestige intact de l'ancienne abbaye Notre-Dame d'Argenteuil, rare exemple en région parisienne de style roman préservé


 

La chapelle Saint-Jean, édifiée vers 1003, dépendait jusqu’au XVIIIème siècle de l’abbaye Notre-Dame d’Argenteuil. L’enclos originel de la congrégation embrassait la parcelle où se trouve le monument. De style roman, exemple rare en région parisienne, elle a été préservée par une désacralisation et une réaffectation très profane au XVIIème siècle. Devenue cellier à vin, elle a échappé au démantèlement révolutionnaire. Sa fonction originelle exacte demeure inconnue. Les rares indices indiquent qu’il ne s’agit pas un baptistère. L’hypothèse privilégiée à ce jour suggère une chapelle sépulcrale. Modeste en proportion mais intéressante, ce qui lui vaut un classement en 1945, la bâtisse se déploie sur deux niveaux, accessibles par des entrées indépendantes. La principale, discrète porte latérale ouvre sur le corps du monument. Un pont métallique contemporain donne accès à l’étage où se révèle la belle charpente, soutien de la toiture à double pente. Le plan carré est marqué par deux piliers cylindriques, colonnes centrales isolées au milieu de la salle. Des piliers carrés s’engagent au droit dans les murs latéraux. Les voûtes d’arêtes séparées par des arcs-doubleaux en plein cintre à nervures saillantes recouvrent trois vaisseaux de deux travées chacun. Le vaisseau central s’achève par une absidiole en cul-de-four, reconstituée lors de la restauration des années 1980. Seule inscription, une plaque funéraire en latin non datée et dédiée à un diacre maître de chœur.










En 846, les Normands mènent un raid contre Houilles. La ville est dévastée. Les lieux de culte incendiés, parmi lesquels probablement l’oratoire primitif. A l’occasion en 1003 de la reconstruction de l’abbaye bénédictine Notre-Dame d’Argenteuil, une nouvelle chapelle Saint-Jean est établie dans l’enclos originel de la congrégation. 

Lors des Guerres de religion, en 1562, les troupes de Louis de Condé (1530-1569), Prince du sang et huguenot, prennent la Ville d’Argenteuil. L'abbatiale, un prieuré d'hommes dépendant de l'abbaye de Saint-Denis depuis le XIIème siècle, est incendiée. A la suite de cette destruction partielle, les moines cèdent la chapelle Saint-Jean à un vigneron laïc. L’édifice est transformé en chai. Un document daté de 1859 indique comme propriétaire Henri Boucher et affectation, cellier à cuves.

A la Révolution, les biens du clergé sont nationalisés. Le prieuré d’Argenteuil, en plein déclin, n’abrite plus en son sein que quatre moines. Le bâtiment dégradé saisi est vendu le 27 septembre 1790. Le site devient carrière de pierre. L'installation en 1916 de l'entreprise de mécanique Debet et Kornberger signe sa disparition définitive. L’ancienne chapelle Saint-Jean préservée du fait de son emploi séculier échappe à ce triste sort.












En 1942, des fouilles archéologiques menées au sud de la chapelle Saint-Jean mettent au jour des sépultures datant du VIIIème ou du IXème siècle. Les trois rangées de sarcophages maçonnés confirment la présence d’un lieu de culte depuis le Haut Moyen-Âge. Le site est inscrit au titre des Monuments historiques par arrêté du 17 août 1945. Dans les années 1970, la Ville d’Argenteuil acquiert la chapelle, parvenue quasiment intacte, à l’occasion de la réhabilitation d’un ilot insalubre. La bâtisse fait l’objet d’une première restauration en 1984/1985.

Au début des années 2010, un vaste projet patrimonial envisage la valorisation des vestiges de l’abbaye de Notre-Dame d’Argenteuil, y compris la petite chapelle attenante. En 2011, Sébastien Cord, architecte du patrimoine, lauréat d’un concours lancé par la Ville prend en charge la mission. Les abords de la chapelle Saint-Jean sont entièrement repensés, les accès extérieurs ruinés reconstruits, les façades ravalées, les intérieurs restaurés. Désormais, elle se visite lors des journées du patrimoine ou dans le cadre d’une visite guidée à travers la ville sur réservation auprès de la Maison Impressionniste Claude Monet d’Argenteuil.

Chapelle Saint-Jean
Angle des rues Notre-Dame et du 8 mai 1945 - Argenteuil

Maison Impressionniste Claude Monet 
21 boulevard Karl Marx - 95100 Argenteuil 
Tél : 01 34 23 41 98
Horaires : Mercredi et samedi de 10h à 18h - Dimanche de 14h à 18h
Groupes sur réservation mardi, jeudi et vendredi de 9h à 12h30 et de 13h30 à 17h30



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.