Paris : 34 rue Eugène Flachat, un hôtel particulier caractéristique de la Plaine Monceau - XVIIème


Au 34 rue Eugène Flachat, se tient un hôtel particulier édifié en 1891 par l’architecte Jean Brisson comme l’atteste l’inscription en façade. Auteur également des 93 et 95 boulevard Pereire, et du 19 rue Fortuny, celui-ci s’est illustré en oeuvrant auprès des nouvelles fortunes de la Plaine Monceau dans le XVIIème arrondissement. Ses créations révèlent une inclinaison pour l’esthétique néo-Renaissance, les références historiques réinterprétées, les façades polychromes, autant de motifs à la mode au tournant du siècle. La parcelle en angle aigu, déployée entre le boulevard Berthier et la rue Eugène Flachat, a représenté une contrainte technique susceptible d’influencer la forme finale de l’hôtel particulier. La façade dans la veine néo-Louis XIII alterne brique rouge et pierre blanche. La porte est surmontée d’une lucarne couronnée d’un pignon à redans de style néo-flamand. Un relief signé Joseph Chéret (1858-1894) sculpteur et céramiste, frère du peintre Jules Chéret, représente une femme pinceau à la main. Allégorie de la peinture, elle semble s’inspirer du paysage qui l’entoure avant de se mettre à l’ouvrage. Le médaillon rend hommage aux peintres du boulevard Berthier dont les nombreux ateliers aux vastes baies vitrées marquent l’architecture de la voie. Le 34 rue Eugène Flachat a été un temps la résidence de Léon Fourneau dit Xanrof (1867-1953), auteur-compositeur, chansonnier au Chat Noir, dont les airs populaires tels que « Le Fiacre » interprété par Yvette Guilbert ont fait les belles heures des nuits montmartroises.






L’urbanisation tardive de la Plaine Monceau débute à partir des années 1870. Sur cet ancien quartier champêtre de la commune Batignolles-Monceaux, rattachée à Paris en 1860, les vastes terrains à bâtir attisent l’intérêt de la nouvelle bourgeoisie. Les fortunes récentes désirent établir un statut social acquis de fraîche date par l’édification d’hôtels particuliers prestigieux. Les architectes les plus en vue, recrutés à grands frais, rivalisent d’audace. 

Baptisée en l’honneur d’Eugène Flachat (1802-1873), ingénieur en chef de la Compagnie des chemins de fer de l’Ouest, la rue éponyme est ouverte par décret le 30 avril 1879. Elle sera raccordée en 1883 avec le boulevard Berthier. Entre 1880 et 1895, elle attire les artistes en vogue, les peintres mondains, les musiciens ou les comédiennes entretenues par de riches protecteurs.

La rue Eugène Flachat devient le terrain d’expression des modes de la fin du XIXème siècle, éclectique, néo-gothique, néo-Louis XIII, prémices de l’Art Nouveau, échantillon éclectique des tendances architecturales contrastées. Préservé de l’appétit des promoteurs, le côté pair de la rue Eugène Flachat nous est parvenu quasiment intact.







En 1882 et 1884, deux premiers décrets, bientôt suivis d’un troisième décisif en 1902, assouplissent le règlement d’urbanisme à Paris. Les architectes s’émancipent des contraintes normatives haussmanniennes. La couleur se manifeste à nouveau sur les façades parisiennes. L’association pierre et brique moins coûteuse que la pierre de taille est alors jugée plus cossue que les compositions de pierre et de métal. En effet, elle évoque l’esthétique de deux places royales, la place Dauphine et la place des Vosges.

Hôtel particulier 
34 rue Eugène Flachat - 51 boulevard Berthier - Paris 17



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie. 


Bibliographie
Dictionnaire historique des rues de Paris - Jacques Hillairet - Editions de Minuit
Le guide du promeneur 17è arrondissement - Rodolphe Trouilleux - Parigramme

Sites référents