Expo : Machu Picchu et les trésors du Pérou - Cité de l'architecture et du patrimoine - Jusqu'au 4 septembre 2022

 

L’exposition « Machu Picchu et les trésors du Pérou » à la Cité de l’architecture et du patrimoine conte trois-mille ans d’histoire à travers les artefacts, objets artisanaux et œuvres artistiques, produites par les sociétés précolombiennes disparues. L’empire Inca (1438-1533), l’une des plus célèbres civilisations andines, n’aura duré que quatre-vingt-quinze années. La cité du Machu Picchu, édifiée vers 1450, incarne l’apogée de cette culture. Perdue, oubliée après l’effondrement de l’empire Inca à partir de 1533, date de la prise de Cuzco par Francisco Pizarro et les conquistadors espagnols, la citadelle n’a été redécouverte que près de cinq-cents ans plus tard, en 1911, par un explorateur américain, Hiram Bingham (1875-1956). Sa beauté, son état de conservation remarquable en ont fait une nouvelle merveille du monde distinguée par l’Unesco et classée au patrimoine mondial. Si le règne de l’empire Inca fut bref, il a marqué les esprits par son haut niveau de compétence, fruit d’un syncrétisme technologique unique. Il a intégré les savoir-faire techniques, agraires, administratifs, militaires, artistiques des civilisations antérieures préhispaniques. « Machu Picchu et les trésors du Pérou » éclaire sous un jour nouveau la richesse culturelle des sociétés précolombiennes du groupe andin qui ont précédé, Chavin (1250 / 200 avant J-C), Nasca (300 avant J-C / 650 après J-C), Mochica (100-800 après J-C), Huari (600 / 1300 après J-C), Chimu (900/1470 après J-C), et dont les Incas ont été les héritiers. La Cité de l’architecture et du patrimoine expose un ensemble rare de cent-quatre-vingt-douze artefacts, issus des sites archéologiques et des musées péruviens les plus prestigieux. Céramiques, objets rituels, vaisselle, parures, bijoux variés, prêts exceptionnels de pièces proviennent du Musée Larco de Lima et du Musée de Sitio Manuel Chàvez Ballòn d’Agua Calientes. De nombreuses pièces, trésors rares, sont exposées pour la première fois hors du Pérou. 











L’exposition itinérante « Machu Picchu et les trésors du Pérou », coproduite par la société World Heritage Exhibitions, organisateur en 2019 de l’évènement « Toutankhamon, le trésor du pharaon », et la société singapourienne Cityneon Holding marque sa première escale européenne à Paris après avoir fait étape en Floride.  La mise en scène immersive, ambiance sonore et jeux de lumière, crée une atmosphère particulière propice à l’évasion. Des solutions technologiques innovantes permettent de valoriser un patrimoine unique. Aux cartels classiques, images et textes, s’ajoutent des modules de réalité augmentée, des animations 3D, des écrans, des vidéos pour une expérience sensorielle dépaysante.

Conçu sous la direction scientifique de la commissaire Carole Fraresso, archéologue, chercheuse associée au Musée Larco de Lima et d’Ulla Holmquist Pachas, co-commissaire, directrice du Musée Larco, l’évènement réunit des pièces archéologiques remarquables. Les représentations sacrées, êtres divins, récits légendaires offrent la possibilité d’aborder les concepts culturels fondateurs de ces civilisations, mythologie, philosophie, façon d’appréhender le monde. 

Au principe de dualité, masculin et féminin, soleil et lune, animal et humain, naissance et mort, jour et nuit s’ajoute une conception tripartite de l’univers. Le monde supérieur, céleste, domaine des dieux, des forces de la nature, est symbolisé par l’oiseau. Le monde souterrain royaume des ancêtres et des morts, est représenté par le serpent. Tandis que dans le monde intermédiaire, celui des vivants, lien entre les deux autres, le pouvoir séculier est incarné par le jaguar. 












Civilisations agricoles très ancrées dans les rythmes de la nature, des saisons, les sociétés andines précolombiennes ont pour point commune l’idée d’un renouvellement permanent, induit par le cycle de la vie. Les hommes confrontés aux phénomènes naturels, cyclones, inondations, sécheresse, tremblements de terre, se tournent vers le ciel, vers les astres pour établir des calendriers, agraires notamment. La religion et la nature sont alors indissociables. Les rituels et les cérémonies veillent à attirer protection et bienveillance des dieux, des ancêtres. Les transes chamaniques divinatoires induites par des substances hallucinogènes, décoctions de cactus de San Pedro, de liane ayahuasca, permettent de communiquer avec les différents niveaux, les trois mondes. 

Illustrant le foisonnement d’une cosmogonie andine, la légende d’Ai Apaec, héros mythologique du peuple Mochica, ou Moche, se déploie au gré des poteries et des masques précieux. Ce dieu créateur au visage anthropomorphe doté de crocs de félin, est considéré comme le protecteur des Mochicas. Fournisseur d'eau, de nourriture et de triomphe militaire, il évoque par sa légende les cycles de la nature, les transformations. Son culte est lié à des rituels de sacrifices humains par décapitation pratiqués sur la Huaca de la Luna.

Les cérémonies particulièrement sanglantes honorent les dieux et cherchent à apaiser leur colère. Les sacrifices humains assurent une bonne récolte, une météo clémente. Ils sont également l’occasion de rendre hommage à un seigneur défunt, de célébrer l’accession au pouvoir d’un nouveau roi ou la naissance d’un héritier. Des combats de guerriers sont organisés. Le perdant sera égorgé ou décapité. Des vierges sont enterrées vivantes après avoir été enivrées ou droguées. Les prêtres arrachent des cœurs de la poitrine des lamas ou bien des enfants. Au fil de l’exposition, un autel reconstitué est présenté avec les ustensiles employés lors des rituels.










Plus souriante, une remarquable idole de bois, découverte à Chan Chan capitale de l’empire Chimu, convoque les souvenirs d’enfance et l’une des aventures de Tintin signées Hergé, « L’oreille cassée ». La salle consacrée au travail des orfèvres évoque un savoir-faire exceptionnel dont il demeure peu de traces les conquistadors espagnols ayant fondu les métaux précieux. Parures pectorales, coiffes, colliers, scintillent d’or et d’argent dans une pénombre évocatrice.

Le dernier module de l’exposition est consacré à l’empire Inca (1438-1533) et au Machu Picchu. Ce royaume, alliance de populations hétérogènes dont l’ethnie dominante était celle des Quechuas, s’étend sur neuf-cent-mille kilomètres carrés, de l’Argentine actuelle jusqu’au Sud de la Colombie. En absence d’écriture, à la différence des Mayas et des Aztèques, le système administratif inca trouve d’autres moyens de recensement tels que les quipus, système de nœuds le long de cordelettes de couleurs variées. Architecture, astronomie, mathématiques omniprésentes dans l’art et les tissages, agriculture rationnalisée, la société déploie une haute technicité. 

La citadelle du Machu Picchu, nichée à deux-mille-quatre-cents mètres d’altitude, redécouverte en 1911 par l’explorateur américain Hiram Bingham, a été révélée au monde entier en 1913, à l’occasion d’un numéro entièrement dédié du National Geographic. L’exposition propose une expérience de réalité virtuelle afin de parcourir ce site unique classé au patrimoine mondial de l’Unesco. Un film a été réalisé par drone en 2020, à l’occasion de la fermeture du Machu Picchu à la suite de la pandémie. Les images fabuleuses du lieu rendu à la quiétude sans aucun touriste, ont permis de créer un court-métrage immersif. Assis dans un siège cocon mobile, casque VR fixé sur la tête, les visiteurs ont la possibilité de survoler le site avec le grand condor, pour une visite absolument inédite.

Machu Picchu et les trésors du Pérou
Jusqu’au 4 septembre 2022

Horaires d'ouverture de l'exposition : Tous les jours de 10h à 19h (dernière séance à 17h30)
Billets en vente sur le site expo-machupicchu.fr
Billetterie sur place tous les jours de 10h à 18h

Cité de l’architecture et du patrimoine
1 place du Trocadéro et du 11 novembre - Paris 16
Tél : +33 1 58 51 52 00



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.