Ailleurs : Château d'Auvers, riche histoire d'un site patrimonial, source d'inspiration des artistes et institution muséale innovante - Auvers-sur-Oise


 

Le Château d’Auvers, institution muséale inspirante, est le fruit d’un projet culturel innovant. Le site patrimonial s’inscrit au cœur d’un village singulier, berceau des avant-gardes artistiques du XXème siècle. Auvers-sur-Oise, dernière résidence de Vincent Van Gogh en 1890, est connu dans le monde entier pour avoir inspiré les impressionnistes et leurs héritiers, fauves, cubistes, abstraits, parmi lesquels Charles François Daubigny, Camille Pissarro, Paul Cézanne. Du XVIIème au XXème siècle, l’histoire du Château d’Auvers, ancien château de Léry, s’ancre dans celle d’un territoire. Pierres blondes d’Ile de France, toitures d’ardoise, jardins en terrasse, il conserve dans son architecture même l’empreinte de ces nombreux propriétaires illustres ou plus anonymes. La vue sur la ville, la vallée de l’Oise jusqu’à la forêt de l’Isle-Adam demeure l’un des plus beaux panoramas de la région. Acquis par le Conseil général du Val d’Oise en 1987, il a ouvert ses portes aux visiteurs en 1994. Depuis 2017, le château réaménagé à la pointe de la technologie propose un parcours immersif multimédia « Vision impressionniste, naissance et descendance ». Présenté à la suite, un ensemble d’œuvres de la moitié du XIXème siècle dévoile une partie des collections départementales. Les expositions temporaires au sein de l’Orangerie, les ateliers d’art floral, les événements annuels comme les Irisiades, la fête des fleurs, des plantes et des arts de la région parisienne complètent le propos. 












Vers 1635, Zanobi Lioni, riche financier italien, proche de Marie de Médicis, fait édifier un pavillon à proximité d’Auvers dans le style des villas italiennes de la Renaissance. Le domaine se caractérise par un aménagement en terrasse qui ouvre de larges perspectives sur la vallée de l’Oise, un paysage à la beauté célébrée par les artistes. Les jardins développés sur trois terrasses successives sont marqués par l’omniprésence de l’eau, sous la forme de fontaines, de bassins. Le Nymphée, grotte artificielle inspirée de l’Antiquité, sert un propos pratique, le rafraîchissement, et esthétique, agrément des vastes panneaux de mosaïques en coquillages. Deux orangeries au nord et au sud flanquent le pavillon italien originel.

La propriété est vendue en 1662 à Jean de Léry (de Leyrit), conseiller et maître d’hôtel de Louis XIV, président trésorier de France et général des finances. Le palazzio subit une métamorphose et mute en château à la française, de style classique. Le domaine érigé en fief se compose d’une grande maison, de plusieurs bâtiments attenants, une cour et une basse-cour, des jardins hauts et un jardin bas relié à la propriété par un pont et quelques dépendances.

En 1720, le château revient à la famille d’Espréménil. Le XVIIIème siècle lui accorde une nouvelle transformation radicale. Il est mis au goût du jour à partir de 1756. La façade nord de style Louis XIII est conservée mais au sud deux nouveaux pavillons sont ajoutés. Au décès du propriétaire, le prince Louis François de Bourbon-Conti, féru de chasses en forêt de l’Isle-Adam, s’en porte acquéreur. Il mène la restauration du Nymphée, où s’inscrivent désormais ses initiales en médaillon. Du fait de la fragilité des décors, il ne reste qu’une douzaine d’exemplaires de salle fraîche de ce type en France. 












Louis Claude Chéron de la Bruyère, député de l’Assemblée législative, devient le nouveau propriétaire du Château de Léry en 1779. Emprisonné à la Révolution, libéré, il devient maire d’Auvers puis préfet de la Vienne en 1805. Son fils Henri Chéron, maire à son tour d’Auvers en 1825 demeure toute sa vie dans ce village et veille à un entretien minutieux du domaine. Néanmoins, son héritier Alphonse Chéron vend le château à la famille Gosselin en 1882 qui le conserve jusqu’en 1939. En 1890, Vincent Van Gogh passe les soixante-dix jours de sa vie à Auvers-sur-Oise. Il signe un tableau intitulé « Le Château d’Auvers au coucher du soleil ».

Acquis par le Conseil Général du Val d’Oise en 1987, le Château de Léry fait l’objet d’une rénovation extensive afin de permettre l’accueil du public, la création d’un parcours de visite et l’organisation d’expositions temporaires. Le chantier débute en février 1989 sous la direction de Pierre-André Lablaude architecte en chef des Monuments historiques et Charles Maj architecte des Bâtiments de France. Ils s’inspirent des gravures du XVIIème et du XVIIIème siècles afin de redonner sa splendeur à ce lieu assoupi. 

La première étape initie la restauration du clos et de la toiture du château, restituée dans son état du XVIIIème siècle, ainsi que le dégagement des pavillons près des ailes Est et Ouest. La deuxième phase réaménage les dépendances, créé un parking et repense le parc. La dernière escale du programme en 1992 s’ouvre sur la restauration de l'orangerie, du nymphée et la restitution des jardins Sud ainsi que l'agencement des intérieurs du château. Le Château d’Auvers ouvre ses portes au public en mai 1994. 

Le Château d’Auvers fait l’objet d’une inscription partielle à l’inventaire supplémentaire des Monuments historiques, par arrêté du 23 juillet 1997. Cette mesure concerne les façades et toitures du château, ainsi que le vestibule d'entrée et la cage d'escalier avec son escalier et sa rampe ainsi que l’ensemble du parc, à savoir les sols et les constructions. 











Le domaine de neuf hectares aux fastes retrouvés se déploient en deux espaces verts distincts, le parc boisé de cinq hectares et les jardins, répartis en terrasse successives. La taille et la disposition des végétaux, rendent hommage à l’histoire du lieu. Les terrasses et les orangeries à l’italienne convoquent le souvenir du commanditaire au XVIIème siècle. Au pied du château, la terrasse sud déploie la vue panoramique prisée des artistes. Les compositions symétriques, géométriques des dix pièces de broderies plantées de buis sur la deuxième terrasse évoquent les jardins à la française du Grand Siècle. 

La troisième terrasse, ancien « Clos du château » peint par Van Gogh, bassin circulaire encadré de deux rangées de tilleuls, donne accès à l’Orangerie sud, lieu d’expositions temporaires. Au nord, la mise en scène, bosquets irréguliers, foisonnement libéré, courbes plutôt que lignes droites, s’inspire des jardins à l’anglaise en vogue au XIXème siècle. Belvédère et labyrinthe de charmilles soulignent l’engouement pour une nature propice à la flânerie. Le Château d’Auvers accueille une école d’art floral de renommée européenne et possède une remarquable collections d’iris anciennes, comprenant près de vingt-trois-mille spécimens. 

En 2017, un nouveau parcours multimédia déployé au sein du château est inauguré. La scénographie de « Vision impressionniste, naissance et descendance » bénéficie des dernières technologies en termes d’expériences immersives et d’équipement culturel.

Château d’Auvers
rue François Mitterrand - 95430 Auvers-sur-Oise
Tél : 01 34 48 48 48
Horaires : Du mardi au dimanche et les jours fériés de 10h à 18h



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.