Ailleurs : Maison Landry, patrimoine bâti villageois, exemple émouvant de l'expression artistique populaire - Martigny - Suisse


 

La Bâtiaz, ancien village réuni à Martigny-Ville en 1957, puis rejoint dès 1965 par Martigny-Bourg pour former l’actuelle commune suisse de Martigny, s’illustre par la richesse de son patrimoine bâti. Ce quartier pittoresque au pied du pic rocheux où se tiennent les vestiges du château médiéval se caractérise par le charme de ses vieilles bâtisses villageoises. Le pont couvert carrossable, dernier exemplaire de ce genre dans le canton du Valais, y donne accès en enjambant la rivière Dranse. La chapelle baroque, Notre Dame de Compassion, remarquable pour ses ex-voto et ses vitraux imaginés par le Père Kim En Joong, attire visiteurs et fidèles en nombre. La maison Landry, à la sortie nord du village côté Vernayaz, s’inscrit dans ce paysage urbain, construction typique embellie par la présence d’une peinture murale d’inspiration religieuse. Longtemps négligée, la Maison Landry vient de retrouver tout son lustre grâce au généreux mécénat de Léonard Gianadda, ingénieur civil amoureux des arts, créateur de la Fondation Pierre Gianadda, et figure majeure de la ville de Martigny.





Selon les premières conclusions des architectes des monuments du Bas-Valais, la maison Landry daterait de la fin du XVIIIème siècle. De dimensions intéressantes, sa conception suggère un commanditaire plutôt cossu. La façade principale s’orne d’une peinture murale originale, expression artistique populaire, oeuvre d’un artiste anonyme. L’image religieuse encadrée d’un portique en trompe-l’œil d’inspiration Renaissance représente une scène classique du Nouveau Testament, Jésus en croix, la Vierge Marie et Marie-Madeleine.

En mars 2021, la présence de cette oeuvre au caractère sacré sur un bâtiment profane intrigue Léonard Gianadda, grand mécène de la ville de Martigny. L’état de délabrement de la Maison Landry attire son attention. La dernière restauration de cette peinture date de 1975. La fresque et la façade pourtant toutes deux classées se trouvent alors dans un état regrettable. La restauration de l’une n’est pas envisageable sans l’autre.

Généreux, Léonard Gianadda envisage très rapidement et sans aucune contrepartie une campagne de valorisation de ce patrimoine oublié. Ida et Julien Landry, les copropriétaires de la maison se montrent tout d’abord rétifs aux travaux nécessaires. A force de bonne volonté, Léonard Gianadda parvient à les convaincre. Les artisans adéquats, menuisier, peintre, étancheur, électricien sont convoqués au frais du mécène. Eric-J. Favre-Bulle de l’Atelier Saint-Dismas, spécialiste des restaurations de peintures murales, prodigue ses conseils avisés. 





La rénovation parallèle des façades vient souligner sur l’une des faces de la maison une ancienne réclame, probablement du milieu du XXème siècle, pour un « hôtel Grand Saint Bernard, quartier de la gare, A la Coupante restaurant, bains et garage ». Avec l’assistance de Laurent Grichting, architecte des monuments du Bas-Valais, la rénovation de l’oeuvre et de la façade s’achève en deux mois. En juin 2021 la Maison Landry affiche désormais un charme retrouvé.

Les prochaines recherches à venir devraient pouvoir élucider les derniers mystères qui l’entourent, sa date exacte de construction, sa vocation originelle, son commanditaire, ses propriétaires successifs et les possibles transformations.

Maison Landry - Patrimoine bâti et culturel 
29 rue de la Bâtiaz - 1920 Martigny - Suisse



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.