Ailleurs : Chapelle de la Bâtiaz, Notre Dame de Compassion, sanctuaire marial embelli en 2014 par les sept vitraux oeuvres du Père Kim En Joong - Martigny - Suisse


 

A Martigny, en Suisse romande, la chapelle de la Bâtiaz est nichée au pied du promontoire où se dressent les vestiges du château médiéval de la Bâtiaz. Placé sous le patronage de Notre Dame de Compassion, le sanctuaire marial, dont les origines remontent au XVIème siècle, exaucerait les prières des femmes désirant donner naissance à une petite fille. La remarquable collection d’ex-voto du XVIIIème et XIXème siècles dont les plus anciens datent de 1719 témoignent des bienfaits attribués à Notre Dame des Sept Douleurs. Les scènes peintes de guérisons miraculeuses ont contribué à la renommée de ce lieu de pèlerinage local et régional. L’autel et son retable, caractéristiques du style baroque rococo du Valais, datent du XVIIIème siècle. En 2014, le délicat édifice a retrouvé un lustre perdu grâce à la générosité de Léonard Gianadda, ingénieur civil, promoteur immobilier et grand mécène de la ville de Martigny. Sept vitraux créés pour la chapelle par le père dominicain Kim En Joong, artiste de renommée internationale, baignent désormais le lieu dans une douce lumière chatoyante.









Dès 1177, l’église mère de la paroisse de Martigny s’établit sur les traces d’un ancien sanctuaire dédié à la Vierge. A partir de 1420, les chanoines augustins du Grand Saint Bernard desservent Notre Dame des Champs. Le 25 mai 1595, le bourg de Martigny est submergé par la violente débâcle du glacier Giétroz. L’inondation fait cent-quarante victimes et détruit des centaines de bâtiments à travers le val de Bagnes et la plaine. Un oratoire sous la protection de la Vierge voit le jour au pied de la saillie rocheuse depuis laquelle domine l’ancien château de la Bâtiaz. La chapelle Notre-Dame de Compassion est construite à l’emplacement de cet ancien sanctuaire entre 1625 et 1630 sous l’impulsion du prêtre Claude Semblanet. 

Les fréquents dommages causés à la chapelle de la Bâtiaz par les crues de la Dranse rendent indispensable une restauration à partir de 1736. Agrandie et rénovée, elle est dotée en 1738 d’un cadran solaire gravé et peint sur sa façade sud. Jean-Hildebrand Roten, évêque de Sion de 1752 à 1760, y fait placer l’autel baroque toujours présent de nos jours. Le site submergé le 16 juin 1818, lors d’une nouvelle débâcle du Giétroz qui inonde Martigny et La Bâtiaz, résiste aux flots. La chapelle Notre Dame de Compassion fait l’objet d’une importante rénovation en 1968 à la suite de laquelle elle est classée monument historique en 1973. 









En 2011, la chapelle protestante de Martigny entame une vaste transformation que Léonard Gianadda et son épouse Annette soutiennent financièrement. Le plasticien Hans Erni, ami de la famille, imagine une série de vitraux destinés à embellir cet édifice. Les paroissiens catholiques de la ville de Martigny attirent alors l’attention du généreux couple, sur le cas de la chapelle Notre Dame de Compassion de la Bâtiaz. En 2013, Léonard Gianadda sollicite le père dominicain Kim En Joong, artiste du vitrail, afin de réaliser sept vitraux susceptibles de remplacer les vitrages transparents installés en 1975. Le mécène décide de prendre en charge le financement de cet embellissement. Les vitraux sont réalisés avec le concours des Ateliers Loire. 

Né en Corée, en 1940, sous l’occupation japonaise, ordonné prêtre en 1974, le père Kim En Joong est assigné au couvent de l’Annonciation à Paris en 1975. Il embrasse un chemin de vie singulier dédié à Dieu et aux arts. Il prêche par l’entremise des vitraux qu’il imagine. Peintre de la lumière, il poursuit une quête mystique. Vivacité des tons, contrastes subtils, les vitraux qu’il imagine, détachés de toute figuration, sans légende, laissent libre-cours à l’interprétation. Selon le père Kim En Joong, le beau incarne la seule réponse aux malheurs du monde, l’art éclaire les ténèbres. L’irruption de la lumière diffuse le message contemplatif de l’évangile. Les sept vitraux créés pour la chapelle de la Bâtiaz illustrent sa réflexion sur la palette chromatique et les jeux de matières rendus possible grâce à l’utilisation du thermoformage. Les couleurs primaires incarnent la Trinité : le bleu, le Père, l’origine. Le rouge, le Fils, la rédemption et finalement le jaune, l’Esprit Saint. L’utilisation du blanc s’inspire de l’héritage de la culture coréenne 

Séduit par la beauté des oeuvres du père Kim En Joong, Léonard Gianadda décide de financer la rénovation entière du sanctuaire. La chapelle, ses vitraux offerts par le mécène et la Fondation Pierre Gianadda sont inaugurés le 15 septembre 2014. 

Chapelle Notre Dame de Compassion de la Bâtiaz
8 chemin de la Chapelle - 1920 Martigny - Suisse
Horaires : Ouvert tous les jours de 8h à 20h
Tél : +41 27 722 22 82
paroissemartigny.ch



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.