Ailleurs : Château de la Bâtiaz, les beaux vestiges d'une forteresse médiévale - Martigny - Suisse


Le château de la Bâtiaz, dont le nom dérive de l’italien "bastida", veille sur Martigny depuis les hauteurs de son promontoire rocheux. La bastide médiévale du XIIIème siècle, édifiée à l’instigation de l’évêque de Sion, Landry de Mont, et du Comte Pierre II de Savoie, partiellement démolie au XVIème siècle, conserve quelques beaux vestiges. Ils ont inspiré des eaux-fortes à William Turner, et des clichés émouvants au XIXème siècle, lors des prémices de la photographie. La promenade prisée des touristes promet une vue imprenable sur la vallée du Rhône, la vallée des Dranses et le col de la Forclaz. Au sommet, hors saison d’hiver, des animations à thèmes et des visites guidées sur demande attendent les visiteurs. Chasses au trésor, ateliers variés et week-ends grillades sont organisés au printemps et en été. Une taverne médiévale permet de se restaurer. La présentation des six machines de guerre présentes sur le site donne lieu à des démonstrations de tir par ces machines de siège, machines de jet et engins d’attaque.





La construction du château de la Bâtiaz, dont le projet est attribué à l’évêque de Sion, Landrit de Mont, débute au XIIIème siècle. La bastide vient alors remplacer la forteresse de la Crête établie à Martigny-Bourg pour établir un point d’observation stratégique sur la vallée du Rhône et le débouché du Val d'Entremont. Bastion avancé des terres épiscopales du Valais, la forteresse régule les routes du Bas-Valais et le col du Grand-Saint-Bernard qui assure alors une partie des échanges entre le nord et le sud des Alpes, passage menant vers l'Italie du Nord et la Méditerranée.

La Maison de Savoie voit la situation d’un mauvais œil.  En 1259, le château de la Bâtiaz est assiégé par le Comte Pierre II de Savoie qui s’en rend propriétaire jusqu’en 1268. Il en poursuite les fortifications avec la construction de l'enceinte et entre 1260 et 1268 de l’imposante tour centrale, qui perdure de nos jours. Le traité de paix conclu en 1268 entre la Maison de Savoie et l'Evêché de Sion rétrocède la forteresse à la principauté épiscopale. Pierre d'Oron, évêque de Sion charge le châtelain Rodolphe Mistralis de poursuivre l’expansion du château. La construction du donjon haut de vingt-sept mètres lui est attribué. Le château de la Bâtiaz demeure le poste avancé de l’épiscopat et le centre féodal de Martigny jusqu’au XIVème siècle. Les Comtes de Savoie s’approprient à nouveau la forteresse en 1384. 

De 1474 à 1477, les guerres de Bourgogne opposent l’État bourguignon, déjà en guerre avec le royaume de France, à la Confédération suisse et au duché de Lorraine, alliés de Louis XI. Les conflits incessants entre les Valaisans et les Savoyards mènent à la grande bataille de la Planta le 13 novembre 1475. La principauté épiscopale de Sion et ses alliés combattent la Maison de Savoie allié du duché de Bourgogne. La victoire de la ville de Sion face aux troupes savoyardes entraîne la mise à sac de dix-sept châteaux-forts du Bas-Valaisan. Incendiée puis démantelée, la forteresse de la Bâtiaz, sera restaurée à la demande de l’évêque de Sion, Jost de Silenen (1435 ou 1445 - 1498) très concerné par l’atout militaire qu’elle représente.



Les luttes d’influence et les conflits politiques entre personnalités de la région instillent un climat de guerre civile. Georges Supersaxo (1450-1529) fils du prince-évêque Walter Supersaxo s’oppose à Jost de Silenen puis à Matthieu Schiner (1465-1522) le « cardinal de Sion » dont Supersaxo fut le mentor, homme politique, prince-évêque de Sion, puis de Novare en Italie. En 1514, Matthieu Schiner fait établir une loi favorable à l'évêché en instaurant un droit régalien de l'église. En contrepartie, Supersaxo obtient la signature en 1517 de « la Paix des patriotes » stipulant le remplacement du prince-évêque en cas d’absence prolongée de plus six mois. En 1518, Matthieu Schiner hors des frontières valaisannes, Supersaxo attaque Sion et incendie le château de la Bâtiaz placé sous le contrôle du frère de l'évêque, Pierre Schiner. Selon la coutume valaisane de la Mazze, Matthieu Schiner est interdit de territoire. Il est contraint de s’installer à Zurich. 

A la suite de ces événements, le château de la Bâtiaz n’est pas reconstruit. Les ruines en revanche font l’objet d’une restauration soigneuse en en 1980. A Martigny, Léonard Gianadda, ingénieur civil et promoteur immobilier, mécène et philanthrope, souhaite que cette bastide, symbole du patrimoine historique et architectural de la cité octodurienne, soit mieux valorisée. Les projets de funiculaire qu’il a initié récemment pourraient peut-être permettre bientôt de rejoindre le sommet du pic rocheux et l’esplanade du château depuis les rives de la Dranse.

Château de la Bâtiaz
batiaz.ch
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Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.