Habité par l’esprit du poète Bachô, figure tutélaire, dans la traduction de Nicolas Bouvier, deux voyageurs au long cours, le narrateur pérégrine immobile dans sa baignoire. Dany Laferrière, ironie fine, douce désillusion et grande tendresse, porte un regard lucide sur le monde. Le récit intimiste tout d’atmosphère, brouille les pistes, la frontière entre réalité et fiction. Le véritable propos pourrait bien être la construction d’une oeuvre narrative, fruit des instants captés, de la poésie fugitive. L’auteur revient longuement sur l’importance du titre et les subtilités de la création.
Dany Laferrière poursuit sa réflexion sur l’identité de l’artiste, et plus particulièrement de l’écrivain très souvent défini voire même réduit à sa seule origine. Il revendique l’universalité de la littérature. L’auteur est un caméléon, il explore la matière de la création, glaise qu’il façonne selon sa propre formulation esthétique. Il puise aux sources de l’imaginaire. Le lecteur se projette ailleurs, différent à chaque fois le temps d’un livre.
En filigrane, Dany Laferrière aborde des sujets sociétaux, identité, nationalisme, racisme, violences policières. « Je suis un écrivain japonais » collecte ses réflexions au fil de la pensée, recueil de digressions, hasards réunis sur le fil d’une fine trame, prétexte poétique ou politique, coïncidences heureuses. Il donne à voir son monde sensible, retranscrit son goût du bonheur dans la sensorialité des images qu’il convoque, exercice sensuel.
Je suis un écrivain japonais - Dany Laferrière - Editions Grasset - Poche Le Livre de Poche
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