Paris : 16 rue d'Abbeville, un immeuble dans le style éclectique inspiré par l'Art Nouveau - Xème

 

L’immeuble du 16 rue d’Abbeville, plus sobre en couleurs que son voisin du numéro 14 richement paré de céramique n’en est pas moins opulent dans la prolifération des motifs. Son auteur, l’architecte Georges Dominique Massa (1862- ?), féru d’éclectisme, a mêlé des éléments empruntés à différents styles ou époques. Les lignes générales néo-classiques dialoguent avec les inflexions baroques du décor et les accents Art Nouveau que traduisent le foisonnement des détails sculptés et la fluidité souple des cariatides. Le bâtiment a été édifié entre 1897 et 1899, sur une parcelle libérée par le prolongement de la rue d’Abbeville vers la rue Poissonnière en 1894. Le permis de construire daté du 7 mai 1897 désigne comme commanditaire Gehrling, facteur de piano renommé, domicilié au 59 rue de l’Ourcq. 






Au 16 rue d’Abbeville, les deux groupes de figures monumentales entre les deux premiers étages sont l’oeuvre du sculpteur Alexandre Dupuy (1836-1879). Les grandes statues de facture Modern Style traduisent la fantaisie de l’Art Nouveau. Ces ensembles, l’un sur l’angle coupé de la façade entre la rue d’Abbeville et la rue du Faubourg Poissonnière, le second sur la rue d’Abbeville, représentent des figures féminines aux formes gracieuses, déhanchement alangui, nudité voilée par une étoffe légère. Elles s’inscrivent dans une esthétique bien éloignées des canons rigoristes de l’académisme plus classique. D’ordinaire les cariatides soutiennent des encorbellements tandis qu’ici, elles sont purement décoratives. Leurs corps encadrent les balcons et soulignent les fenêtres en loggias. 

Les deux travées verticales de bow windows s’élèvent jusqu’à un fronton luxuriant, à l’instar de l’ensemble de la façade. Les ornements sculptés consoles, frontons triangulaires, corniches, s’accumulent en une multitude de détails végétaux, de masques, de visages d’enfants et de femmes. L’avant dernier étage est scandé par des têtes de lion. Des demi-colonnes rejoignent les combles habités marquant l’intervalle entre les fenêtres. 








L’intérieur de l’immeuble a bénéficié d’une semblable attention. Dans le vestibule, six panneaux de mosaïque déploient des frises sur le thème des jeux d’enfants. Les vitres des escaliers sont peintes de motifs floraux typiquement Art Nouveau.

Immeuble 16 rue d’Abbeville - Paris 10



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie. 


Bibliographie
Paris secret et insolite - Rodolphe Trouilleux - Parigramme
Le guide du promeneur 10è arrondissement - Ariane Duclert - Parigramme
Dictionnaire des monuments historiques - Maryse Goldemberg, conservateur à la Bibliothèque historique de la ville de Paris - Editions Hervas
Paris - 300 Façades Pour Les Curieux - Hélène Hatte et Frédéric Tran - Editions Bonneton

Sites référents