Art : Drawing Factory, une résidence d'artistes dédiée au dessin contemporain

Shuo Hao

 
La Drawing Factory, pépinière de jeunes talents, a pris ses quartiers dans un ancien hôtel promis à une restructuration radicale. Durant six mois, trente-deux artistes en résidence, sélectionnés sur dossier, investissent les lieux afin d’explorer les diverses pratiques du dessin contemporain. Cet espace de création éphémère a vu le jour à l’initiative de Christine Phal, fondatrice du Drawing Lab Paris, de Carine Tissot, directrice de Drawing Now Art Fair et du Drawing Hotel, avec le soutien du Centre national des arts plastiques (Cnap) et en partenariat avec SOFERIM, promoteur immobilier. Le projet a reçu près de quatre-cent candidatures pour une trentaine d’ateliers à pourvoir. Le Cnap prend en charge le loyer de 180 euros, et verse une bourse mensuelle de 500 euros aux trente-deux artistes invités. Jusqu’en septembre 2021, la Drawing Factory accompagne ces dessinateurs dans leur démarche plastique en leur offrant un espace personnel dédié à la création, un atelier où élaborer de nouveaux projets. L’hôtel réinventé se veut également lieu de rencontres propice au développement de leur réseau. Le projet a pour vocation d’établir des relations nouvelles entre les créateurs et les professionnels du monde l’art. 


Vanina Langer

Vanina Langer

Vanina Langer

Vanina Langer

Maxime Verdier

Maxime Verdier

Fabrice Cazenave

Fabrice Cazenave


La Drawing Factory s’est donnée pour mission de valoriser la pratique du dessin et d’aider les artistes dans la promotion et la diffusion de leur travail. La résidence se déploie sur cinq niveaux représentant 1500m2. Le vaste foyer de 250m2 a été converti en espace de vie commune, centre d’échange, d’entraide, de dialogue où naissent les initiatives communes. Longs couloirs étroits, décoration datée, couleurs passées, tapis élimés, l’hôtel qui manquait singulièrement de glamour reprend des couleurs grâce au déferlement libertaire des dessinateurs inspirés. La Drawing Factory rassemble sous son toit des destins contrastés, des situations alternatives. Les jeunes artistes tout juste diplômés des écoles d’art et les autodidactes pas encore repérés côtoient les créateurs plus aguerris déjà représentés par des galeries ou distingués par des prix à l’occasion de salons ainsi que les artistes établis. Pour certains c’est un tout premier atelier pour d’autre une annexe à l’écart de leur quotidien.

Chaque chambre reconvertie ouvre les portes d’un univers, opportunité d’une rencontre avec des images, des motifs, comme autant de microcosmes qui se croisent et dialoguent. L’effervescence esthétique de la Drawing Factory engendre une prolifération de formes, du foisonnement organique à la rigueur géométrique, de l’énergie du réel aux incartades de la fiction. Ensemble, les résidents expérimentent de nouvelles pratiques dans un grand bouillonnement d’hybridation technique. Dessin, design, sculpture, installation, performance révèlent des imaginaires.

Dans ces ateliers d’un genre nouveau, les artistes s’approprient l’espace, disposent autour d’eux les éléments de leur inspiration. Chez l’un, la tapisserie est arrachée, chez l’autre maintenue dans son esthétique improbable d’un autre temps, potentiel support. Plus loin les murs repeints en blanc pur deviennent canevas vierge. Ailleurs des formes accrochées, des cadres disposés, des feuilles volantes épinglées évoquent déjà des œuvres en devenir. Le dessin abordé sous ses formes les plus variées dépasse le cadre de la feuille de papier. Au fusain, à la mine graphite, aux pastels, à l’aérosol, les lignes s’échappent sur les murs, colonisent les surfaces disponibles. D’une chambre à l’autre, les liens se nouent, des correspondances s’établissent.  Des ponts sont lancées entre les propos. Thématiques contemporaines et engagements politiques s’expriment avec fougue, force, plasticité. L’écologie, la disparition des écosystèmes, l’inquiétude environnementale, la destruction de la nature, la cause féministe, LGBTQI+, l’ambivalence des êtres, les rapports de domination. Florilège en sept rencontres.


Juliette Green

Juliette Green

Juliette Green

Shuo Hao

Shuo Hao

Shuo Hao

Shuo Hao


Vanina Langer, la femme-liane, agrégée d'arts plastiques, formée à l’Université de Strasbourg, explore les principes du mythe et des infinis créatifs. Elle recrée ses propres légendes, les développe en cycles qui se déploient exempts de hiérarchisation. Cléopâtre la femme-soleil, Marguerite l’infante peinte par Velasquez acquièrent de nouvelles dimensions. Dans un processus qui fait coïncider la forme et le fond, art total, Vanina langer interroge les dissonances actuelles entre nature et culture. Jusqu’au 25 mai, elle présente « Faire l’autruche » une installation rétrospective au Garage Amelot ici.

Vanina Langer

Maxime Verdier, diplômé des Beaux-Arts de Rouen, travaille depuis cinq ans à Paris où il est représenté par la galerie Anne Sarah Bénichou. Son atelier de Gennevilliers est principalement dédié à la sculpture. A la Drawing Factory, l’espace alloué lui donne l’occasion de revenir sur sa pratique du dessin et d’expérimenter de nouvelles techniques, des formats inédits. Pastels gras, crayons de couleur, aquarelle, Maxime Verdier raconte des histoires dont la narration se diffracte sur plusieurs niveaux. Entre souvenirs d’enfance bucoliques, mémoire poétique de son adolescence et référence pop des slashers américains, il nous invite pour une promenade en forêt tout en jouant sur les codes du genre. 

Maxime Verdier

Fabrice Cazenave a poursuivi une carrière de danseur au sein de la compagnie de théâtre dansé PMA de Claude Bardouil tout en poursuivant ses études aux Beaux-Arts de Toulouse. Le corps est devenu l’élément clé pour interroger le réel. Depuis 2006, le dessin s’est placé au cœur de sa démarche artistique mêlant numérique, propriété des multimédias. Multipliant les expositions personnelles et collectives, il vient d’achever une résidence au Musée Picasso d’Antibes.

Fabrice Cazenave


Juliette Green, formée aux Beaux-Arts de Paris et à la Willem de Kooning Academy de Rotterdam, inscrit sa pratique du dessin dans un paradoxe savoureux. Elle exprime la fantaisie la plus délicieuse sous la forme rigoureuse de diagrammes, de plans, de maquettes architecturales. Conteuse à la manière de Georges Perec, elle emprunte des éléments esthétiques aussi bien à l’enluminure qu’à la bande-dessinée. A la Drawing Factory, elle trace sur les murs une oeuvre éphémère, véritable roman du lieu. Juliette Green nous raconte l’histoire fantasmée de l’hôtel, projection spontanée d’un imaginaire foisonnant. L’une de ses œuvres est actuellement présentée dans le cadre de l’exposition « Napoléon ? Encore ! Regards d’artistes contemporain », du 7 mai 2021 au 13 février 2022, au Musée de l’Armée.

Juliette Green

Shuo Hao, née à Baoding en Chine, a suivi sa formation aux Beaux-Arts de Beijing et en France à Strasbourg au sein de la Haute école des arts du Rhin. Son travail s’est tout d’abord orienté vers l’édition. Elle en gardé un goût certain pour les détournements de livres. L’atelier qu’elle a investi à la Drawing Factory est son premier espace personnel entièrement dédié à sa pratique artistique. Elle y expérimente des formats plus importants. Peinture à l’huile sur bois et pastels sur papier, Shuo Hao trace des volutes fluides, plaçant celui qui regarde dans un espace de distanciation onirique. Elle explore les intersections, le flou des frontières par un dessin charnel. Son bestiaire en pleine métamorphose assume la sensualité trouble des formes modelées dans des songes. Les accents surréalistes de ses projections vaporeuses embrassent l’étrangeté de chimères troublantes.

Shuo Hao


Audrey Matt-Aubert

Audrey Matt-Aubert

Audrey Matt-Aubert

Odonchimeg Davaadorj

Odonchimeg Davaadorj

Odonchimeg Davaadorj

Odonchimeg Davaadorj

Audrey Matt-Aubert, diplômée des Beaux-Arts de Paris, est représentée par la Galerie Isabelle Gounod. Elle a participé au Prix international de peinture de novembre à Vitry, ainsi qu’à une exposition collective à l’espace Emerige-Voltaire. Elle a obtenu une bourse Pacte de la Maréchalerie Centre d’art de Versailles. A la suite de résidences artistiques à l’étranger, PLOP Residency à Londre, Nissi 18 sur l’île de Spetses en Grèce, la Résidence au Lac Lugu en Chine, elle intègre la Drawing Factory à Paris pour de nouvelles rencontres humaines et artistiques. Sa pratique du dessin s’inscrit dans le prolongement d’une réflexion sur la sculpture et l’architecture. Les formes du land art de Walter De Maria ou « L’Oiseau dans l’espace » de Brancusi nourrissent ses méditations introspectives. Audrey Matt-Aubert noue des liens entre la littérature et les arts plastiques, comme à l’occasion d’un cadavre exquis, inspiré par « Les villes invisibles » d’Italo Calvino. 

Audrey Matt-Aubert
audreymattaubert.com
Galerie Instagram

Odonchimeg Davaadorj, née à Darkhan en Mongolie, vit et travaille à Vincennes. Formée aux Ateliers Beaux-Arts de Glacière à Paris, puis l’ENSAPC (Ecole Nationale Supérieure d’Art Paris-Cergy), elle est représentée par la Backlash Gallerie. Prix ADAGP, Révélation Arts plastiques 2018, participante au 63ème Salon de Montrouge en 2018, Prix Verdaguer, 2020, elle est nommée au Prix Drawing Now en 2021. Dessin, performance, vidéo, installation, photographie, écriture, sa pratique pluridisciplinaire illustre une hybridation des techniques et des cultures. L’épure de sa ligne se met au service d’une poétique engagée, propos politique sous-jacent. La vie, la mort, le souvenir, le corps, l’animal, la relation à la nature, elle scrute dans ces motifs le jaillissement de l’inquiétante étrangeté. Les états transitoires de la métempsychose, le flottement des incarnations successives lui inspirent la fulgurance du beau bizarre. A la Drawing Factory, Odonchimeg Davaadorj expérimente les petits formats dans un moment de réflexion solitaire hors du cadre familier. 

Odonchimeg Davaadorj
odonchimegdavaadorj.com
Galerie Instagram

Drawing Factory
11 avenue Mac Mahon - Paris 17
drawinglab.com
Galerie Instagram Drawing Factory
Galerie Instagram Drawing Lab

Portes ouvertes - Open Studio sur réservation
Le 29 mai, le 3 juillet, le 11 septembre 2021



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.