Paris : Station Varenne, Rodin dans le métro, la vocation artistique de la ligne 13 - VIIème


La Station Varenne du métro parisien introduit joliment le Musée Rodin voisin. Sur le quai de la ligne 13 direction Châtillon-Montrouge. Les répliques de l’emblématique « Monument à Balzac » et du célébrissime « Penseur » accueillent les usagers. Sombres silhouettes de simili-bronze sous les néons modernes. Installées depuis 1979, ces reproductions nous invitent à une visite autrement plus agréable, celle du Musée Rodin créé en 1916 à l’initiative de l’artiste et inauguré en 1919. La station Varenne mise en service le 30 décembre 1923, fermée durant la Seconde Guerre Mondiale et réinventée en 1976 pour accueillir la ligne 13, a fait l’objet d’un aménagement particulier dans le cadre du programme des stations culturelles. Le projet, soutenu par André Malraux alors ministre de la Culture, a pris son essor en 1968 avec la station Louvre-Rivoli. Cette banale halte du métro est devenue par la grâce de son décor, la beauté des reproductions exposées, une véritable antichambre du musée du Louvre. Le succès de cette initiative auprès du public a essaimé dans de nombreuses stations, Concorde et la Déclaration des droits de l’Homme et du Citoyen, Pont Neuf et la Monnaie de Paris, Arts et Métiers et le musée éponyme, Bastille et la Révolution française, Parmentier et l’histoire de la pomme de terre. La station Varenne et son accès au Musée Rodin se devaient de rendre hommage à cet artiste majeur de la seconde moitié du XIXème siècle. L’aménagement originel aurait dû se déployer autour de vitrines dans lesquelles exposer dessins et photographies ainsi que des répliques de sculptures iconiques susceptibles de former un ensemble représentatif et attractif. Mais les vitrines ont été déposées et seules deux statues demeurent.








Héritier des mouvements romantiques et impressionnistes, Auguste Rodin (1840-1917) est considéré comme l’un des pères de la sculpture moderne. Son oeuvre hors norme, émancipée des carcans académiques, reflète une liberté plastique inédite. La recherche du mouvement, l’incarnation du corps dans toute sa sensualité et sa capacité de souffrance, Rodin privilégie l’expressivité et la puissance d’émotion sur tout autre chose.

Le modelage originel en plâtre du « Penseur » réalisé en 1880 ne donnera lieu à un premier moulage en bronze qu’en 1902. Afin que la Ville de Paris puisse acquérir cet exemplaire, les soutiens enthousiastes de Rodin ont lancé une souscription publique. Le bronze, installé place du Panthéon, est déplacé en 1922 dans les jardins de l’hôtel Biron, devenu Musée Rodin. 

La figure du « Penseur » est l’un des éléments clés de l’oeuvre qui occupera Rodin jusqu’à la fin de sa vie, « La Porte de l’Enfer ». Ce portail monumental destiné au Musée des arts décoratifs s’inspire de l’iconographie empruntée à « La Divine Comédie » de Dante Alighieri (1265-1321). Rodin baptise tout d’abord son oeuvre « Le Poète ». Par la suite, elle devient « Le Penseur ». La sculpture qui représente Dante en pleine méditation devait être placée au tympan de « La Porte de l’Enfer », en surplomb. Mais Rodin ne verra jamais sa création pleinement achevée, la fonte des différents éléments s’avérant bien trop onéreuse. « La Porte de l’Enfer » ne sera finalisée qu’en 1928, plus de dix ans après le décès de l’artiste. Elle a rejoint le jardin du musée Rodin. 






A la station Varenne, l’auteur de la Comédie humaine tourne le dos à celui de la Divine Comédie. « Le Monument à Balzac » dont le modèle a été réalisé entre 1891 et 1897, représente l’homme de lettres drapé dans sa robe de chambre. Au lendemain du décès de Balzac disparu en 1850, Alexandre Dumas père formule l’idée d’un monument hommage. Mais le projet n’aboutit pas. Il est relancé en 1885 à l’initiative de la Société des Gens de Lettres dont Emile Zola est le président. La commande est passé auprès du sculpteur Henri Chapu. Il décède en 1891 et n’aura pas le temps de finaliser son œuvre. Zola fait alors appel à Auguste Rodin, enthousiaste. Mais la représentation qu’imagine le sculpteur est si novatrice qu’elle provoque un petit scandale dans les milieux introduits.

Station de métro Varenne
Ligne 13 - quai direction Châtillon-Montrouge




Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.