Paris : Mosaïques de Claude Maréchal, deux décors colorés sur les murs du couloir de correspondance entre les stations Cluny-la-Sorbonne et Saint-Michel-Notre-Dame - Vème


Deux fresques en mosaïque signées Claude Maréchal illuminent de leurs couleurs chatoyantes le long couloir de correspondance entre la station de métro Cluny-la-Sorbonne et la station RER Saint-Michel-Notre-Dame. Jaillissement de figures animales, coq et paon, de volutes végétales, il a imaginé un foisonnement de formes qui convoquent la nature, le plein air, une certaine douceur de vivre paradoxale et souriante dans un couloir de métro. Les délicates plantes grimpantes de l’artistes lancent leurs ramifications le long des murs où s’épanouissent des fleurs chamarrées. Le flot coloré accompagne celui des passagers, immersion joyeuse dans une exubérance lyrique. En 1988, la station de métro Cluny-la-Sorbonne, close depuis 1939, retrouve sa fonction initiale et ses usagers à l’occasion de l’ouverture des quais du RER B de la station Saint-Michel-Notre-Dame. L’oeuvre double de Claude Maréchal s’intègre dans le programme culturel mené par la RATP. Ces fresques distillent des notes de poésie sur le trajet quotidien de milliers d’usagers. Les mosaïques esthétisent de manière inattendue un lieu pratique, lui redonnant sens. Les réalisations de Claude Maréchal confèrent un relief particulier à ce couloir banal, une atmosphère unique d’harmonie sensible.








Les travaux du RER B menés de 1983 à 1988 dans la station Saint-Michel-Notre-Dame ont conduit à une réouverture de la station Cluny-la-Sorbonne afin de faciliter la connexion entre les lignes B et C du RER tout en multipliant les points de sortie pour fluidifier le flux des voyageurs. En 1984, la RATP et le Conseil régional d’Ile de France lancent conjointement un concours afin de choisir l’artiste qui sera chargé de rendre moins sinistre le long couloir de correspondance. La commande publique, création monumentale, est ambitieuse. 

Claude Maréchal (1925-2009), au lendemain d’une exposition rétrospective programmée par la Ville de Paris au Trianon de Bagatelle, se présente au concours. Chantre d’une abstraction figurative saturée de couleurs, il travaille sur la luminosité, fasciné par une palette chromatique toujours plus large. Son oeuvre abonde de motifs empruntés à la nature de son enfance, la générosité de la terre nourricière. Les voyages, de la Normandie au Bosphore jusqu’au Venezuela, l’inspirent. 

Il trouve dans l’aquarelle, sa lumière, sa fluidité, un mode d’expression privilégié. Mais tout au long de sa carrière, Claude Maréchal ne cesse d’expérimenter, le dripping avant l’heure avec des seringues dans les années 1950, la modernité et l’abstraction radicale dans les années 1970 avec ses papiers arrachés, le dynamisme de la peinture à l’huile et même la sérigraphie. Il applique à chaque technique son goût pour l’exubérance colorée et la poésie. En alternant, motifs abstraits et figuratifs, le plasticien navigue librement entre narration classique et appel à la sensorialité, exploration formelle par laquelle il tente de saisir la vibration de la couleur.









A l’occasion du concours lancé en 1984, la proposition de Claude Maréchal est distinguée par le jury réuni par la RATP et le Conseil régional d’Ile de France. Durant quatre années, il travaille en collaboration avec le maître mosaïste Maurice Bachet et ses équipiers afin de réaliser les deux fresques qui à terme recouvrent une surface globale de 620m2. Les deux fresques prennent forme dans le studio de Saint-Cloud de Claude Maréchal. 

Fasciné par le savoir-faire particulier des artisans du feu, il a sélectionné des émaux produits dans l’atelier vénitien d’Orsoni ainsi que l’atelier francilien d’Albertini. Matière miroitante, ils se déclinent à partir de trois couleurs principales jaune bleu rouge, celles de l’Ile de France en plus de trois mille riches nuances. Cette palette exceptionnelle propice à l’inspiration vibre sur le blanc des carreaux de faïence traditionnels du métro, blanc que Claude Maréchal considère comme une couleur à part. Le long du couloir de correspondance, ses talents de coloriste s’incarnent dans une symphonie chromatique, harmonie dynamique, vitalité singulière. Aujourd’hui encore, il s’agit de ses œuvres les plus connus du grand public.

Fresques Mosaïques de Claude Maréchal 
Couloir de correspondance entre la station de métro Cluny-la-Sorbonne et la station RER Saint-Michel-Notre-Dame



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.