Paris : Mosaïque de la station Cluny-la-Sorbonne, "Ailes et flammes" oeuvre de l'artiste Jean Bazaine au titre poétique - Vème



La voûte de la Station Cluny-la-Sorbonne s’orne d’une mosaïque monumentale signée Jean Bazaine (1904-2001), figure majeure de l’Ecole de Paris. Les deux oiseaux en tesselles scintillantes, ailes déployées, incarnent l’esprit du Quartier Latin, centre de la vie intellectuelle et de la formation depuis huit siècles. Les carreaux blancs parcourus de cinquante-quatre signatures, personnages illustres, écrivains, scientifiques, poètes, philosophes, historiens, artistes, hommes d’état, rois, associés à l’histoire de la Sorbonne et son quartier : Philippe Auguste, Louis XIV, Jean-François Champollion, Marie Curie, Pierre Abélard, Ignace de Loyola, Pierre de Ronsard, Denis Diderot, Voltaire, François Villon, Michel de Montaigne, Charles Baudelaire, Henri Bergson, Paul Verlaine, Arthur Rimbaud, Honoré de Balzac, Eugène Delacroix, Victor Hugo, George Sand, Louis Pasteur, Jean Racine, Molière, Jules Michelet. Oeuvre d’art public, cette fresque majestueuse, est le fruit d’une commande conjointe du Ministère de la Culture et de la RATP. Jean Bazaine en raconte ainsi la genèse.  « C'est une commande de Lang, cette station est vraiment une cathédrale souterraine, car elle a trois voies, Léotard se fait tirer l’oreille mais enfin ça a l’air de redémarrer. Il y a 400 m2 de mosaïques... ça coûte cher. J’ai mis un immense oiseau bleu de 20 mètres de long, et un autre oiseau rouge de 20 mètres de long. J'ai imaginé d'immenses graffitis représentant les signatures de tous les grands noms qui ont fréquenté cet endroit, Victor Hugo, des rois... ».











La station Cluny, construite par la Compagnie de Chemin de fer Métropolitain de Paris, la CMP voit le jour en 1930 au cœur du quartier historique de la vie estudiantine.  Peu fréquentée du fait de la proximité de nombreuses autres stations comme Saint Michel ou Odéon, elle est fermée en 1939 à la déclaration de la guerre, lorsque des économies d’énergie sont faites sur la circulation des trains. Elle demeure fermée au lendemain du conflit. Durant près de de cinquante ans, elle sera l’une de ces stations fantômes qui fascinent les amateurs d’incongruités parisiennes.

Dans les années 1980, le RER est lancé à travers la ville, ouvrant un nouveau genre de transport en commun. A l’occasion de l’inauguration de la station Saint Michel Notre Dame par laquelle passe le RER B, la station Cluny est à nouveau ouverte sous le nom de Cluny-la-Sorbonne. Elle est traversée par le RER C. Ainsi un couloir de correspondance entre les deux gares voisines peut être aménagé afin de faciliter les changements entre les trains et les lignes. A sa réouverture en 1988, la station abandonnée durant près de cinquante, a fait l’objet d’aménagements culturels somptueux. Les deux œuvres en mosaïque créés pour l’occasion éclairent la vocation artistique du quartier. 









La plus spectaculaire, des deux fresques, « Ailes et flammes » de Jean Bazaine s’étend sur les 400m2 du plafond de la station. Elle convoque les motifs et les préoccupations de cet artiste important des avant-gardes du XXème siècle. L’abstraction figurative dialogue avec la vibration poétique de la couleur disposée en grands aplats caractéristiques où l’épure traduit une forme de spiritualité. Jean Bazaine, fasciné par la lumière, a été l’un des acteurs du renouveau du vitrail au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale. A Paris, ses oeuvres monumentales ont intégré les lieux de prestige tel que le siège de l’Unesco, la Maison de la Radio, l’église Saint Séverin.

La fresque de la Station Cluny-la-Sorbonne se compose de 60 000 tesselles en lave émaillée de Volvic, fixées sur un tissu de fibre de verre avec un ciment à base de latex et de mortier. Le doux chatoiement des oiseaux embrasse une centaine de couleurs. L’un s’illustre dans des tons froids de bleus et de mauves, le second dans des tons chauds de jaune et d’orange. Réalisée sous la direction de l’artiste peintre et mosaïste Gino Silvestri da Bellun assisté de dix mosaïstes, la fresque a fait l’objet d’une attention particulière. L’éclairage très doux a été supervisé par Jean Bazaine lui-même.

Mosaïque de Jean Bazaine
Station de métro Cluny-la-Sorbonne - Paris 5



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.