Ailleurs : Château de Villemonteix, joyau architectural médiéval, réinvention du XVIIIème siècle et restauration contemporaine - Saint-Pardoux-les-Cards



Le Château de Villemonteix, fleuron de l’architecture médiévale, a retrouvé un état de conservation exceptionnel grâce à la ferveur enthousiaste de ses propriétaires, Pierre Lajoix et Guy Branger. Depuis 1982, ils oeuvrent à la restauration de cette demeure patrimoniale. Le domaine de Villemonteix, très ancienne seigneurie dépendante du Comté de la Marche, s’est déployé autour d’une ancienne place forte, point de surveillance à l’Est du « grand chemin de Guéret à Clermont », depuis laquelle était contrôlée les accès à la ville d’Ahun, l'antique Acitadunum gallo-romaine. Au croisement de routes commerciales, à la frontière entre le Comté de la Marche et le Vicomté d’Aubusson, Villemonteix tire très tôt son revenu principal d’un droit de péage perçu sur les transits de marchandises. Le château actuel, situé sur la commune de Saint-Pardoux-les-Cards, illustre dans ses pierres même les transformations alors que s’achève le Moyen-Âge des robustes forteresses défensives en élégantes résidences Renaissance. Les mutations du donjon de Villemonteix à la fin de la Guerre de Cent Ans - en 1453 avec la bataille de Castillon - annoncent le retour de la paix du XVIème siècle avant les Guerres de Religion. Les parties hautes de ce château, uniques pour la région, la richesse des programmes décoratifs ainsi son intégrité préservée confère à l’ensemble un caractère remarquable qui justifie son inscription aux Monuments historiques. Inspirés par cette dimension sensible, les propriétaires se sont investis afin de faire vivre le lieu qu’ils ont pensé comme un espace artistique. Tapisseries d'Aubusson, des Flandres, du XVIe siècle au XVIIIe siècle, peintures, mobilier d’art et précieuses porcelaines du XVIIIe siècle, à travers une douzaine de salles ouvertes au public à l’occasion de visites guidées, ils exposent de magnifiques collections.










La « Villa Montis », exploitation agricole de l’époque gallo-romaine, a donné par glissement son nom au riche domaine de Villemonteix. Lieu entouré d’étangs sur source et de pâturages, le fief s’épanouit au cours du Haut Moyen-Âge dans un bocage verdoyant où paissent toujours quelques siècles plus tard les belles limousines de la région. La seigneurie qui relève des comtes de la Marche depuis 1425, est la propriété de François du Bois, entré dans les grâces royales après un remarqué service rendu à Louis XI, dit le Prudent (1423-1483) roi de France de 1461 à 1483. Le sieur de Villemonteix entreprend après la guerre de Cent ans la construction d’un château en exploitant un ensemble défensif antérieur. La place forte perchée sur la crête de la vallée de la Creuse est dotée de tours, fossés, mâchicoulis, tourelles, créneaux, archères et boulevards. Les éléments du donjon du XIIIe siècle sont intégrés à la structure du nouveau château. Le haut logis rectangulaire à étages desservi par un escalier à vis s’articule sur les élévations d’étages habitables chauffés de cheminées en pierre taillée sculptées. 

En 1588, un document administratif désigne Jacques de Burges, écuyer, seigneur de Villemonteix et la Vallazelle. En 1634, la famille Esmoing paie 8000 livres tournois à Gabriel Foucault de Saint-Germain-Beaupré, comte du Dognon, pour acquérir l'indépendance de la seigneurie dont ce château aurait été celui du fief. Les frères Audoin et Etienne Esmoing, héritent, le premier les domaines de Villemonteix et de Saint-Martin et le second ceux de Janaillac et de Lavaublanche. 

Dans les archives administratives de la Creuse, en 1669, sont notifiées des criées de la moitié des terres et seigneuries de Villemonteix et de Gouzouniat saisies sur Jean Desrierges, écuyer, capitaine d’une compagnie de cavalerie pour le service du Roi, conformément à la sentence obtenue en Parlement, par demoiselle Honorée de Vexière, pour le payement d’une somme de 20,000 livres en principal. En 1682, la famille Rièges se voit confirmer un droit de péage, ressource essentielle de la seigneurie depuis sa création. « La déclaration rendue au Roi par Alexandre Seiglière, seigneur de Cressat et du Terret, premier président en l’élection de la Marche, comme propriétaire d’un quartier de dîme de la paroisse de Cressat appelé de Villemonteix. » 











Au cours du XVIIIème, le château devient pleinement une résidence à laquelle ses propriétaires désirent apporter le confort moderne et un certain raffinement. Les extérieurs sont aménagés, les murailles de la cour arasées. Le rez-de-chaussée rendu habitable voit l’apparition des pièces lambrissées et des cheminées à trumeaux. Une nouvelle aile est édifiée à l’angle sud-est du principal corps de bâtiment. La construction des dépendances boulangerie, remise, grenier, grange, écurie et porcherie donne dans un même élan la création des portails séparent les espaces autour des logis. Les jardins du nord deviennent verger et potager. Un pigeonnier est installé dans l’ancienne tour d’enceinte.

En 1779, « un arrêt du Conseil d’État ordonne à Guillaume Desrierges de justifier de la possession continue, depuis 1569, d’un droit de péage sur le bétail et les marchandises passant dans son fief de Villemonteix, paroisse de Saint-Pardoux, près Montluçon ». La famille Rièges afin d’attester de l’ancienneté de la seigneurie aurait peut-être à cette occasion fait falsifier un document conservé dans les archives de Guéret. 

A la Révolution, le domaine de Villemonteix appartient au marquis de Biencourt qui y fomente un complot monarchiste voué à l’échec. En 1803, le nouvel acquéreur, Charles de la Barre, vicomte de Bridiers n'entretient pas son bien qui se dégrade. Madame Aubert veuve du notaire de Boussac achète l’ancien fief en 1888. Le château est inscrit à l’inventaire supplémentaire des Monuments historiques la même année. Il passe ensuite dans la famille de Sallendrouze, propriétaire d’une manufacture d'Aubusson. Les façades ne seront définitivement classées "Monument Historique" qu’en 1946. Pourtant le château est laissé à l’abandon et un agriculteur transforme une partie du rez-de-chaussée en étable, l’autre en grange où il stocke du fourrage.











En 1982, Pierre Lajoix et Guy Branger font l’acquisition du château de Villemonteix et redonnent vie à cette remarquable construction. La restauration menée grâce au fruit des visites guidés ainsi que certaines dispositions et accords avec les services de l’Etat, du Ministère la Culture. Le chantier débute par la remise en état de la tourelle fortifiée du XVème siècle devenue pigeonnier puis progressivement s’étend aux étages en travaux depuis vingt ans. L’acquisition lors d’une vente aux enchères des archives du château ouvre des perspectives et confère au projet une solide base de documentation. Parmi les éléments les plus intrigants, les nombreuses fresques murales, décors peints du XVème siècle, retrouvent peu à peu leurs étonnantes couleurs vives grâce à l’intervention des spécialistes des Monuments historiques. En 2006, la restauration des charpentes est menée par Philippe Villeneuve, architecte en chef des Monuments historiques. La création d’un escalier en pierre sur l’aile XVIIIème du château afin de pouvoir descendre vers le jardin et le cours d’eau est à l’étude.

Elégante construction médiévale dont le style annonce le tournant de la Renaissance, le château de Villemonteix s’inscrit comme exemple remarquable avec ses étonnantes proportions, son chemin de ronde, ses fenêtres particulières. La formation autour d’un donjon central et corps de logis rectangulaire, flanqué de deux tours rondrs aux angles de la façade ouest et sur la façade opposée une tour d’escalier carrée, incarne un certain archétype du Haut Moyen-Âge. Le chemin de ronde domine les murailles et relie les tours en poivrières. Le décor sculpté des extérieurs marque par son originalité, système de gouttière et gargouilles, deux angles couronnés d'échauguettes en encorbellement. Côté sud, le donjon est accessible par une porte latérale à fronton timbré sculptée de candélabres.

Le sentiment de puissance et d’élégance est souligné par les discrets aménagements extérieurs du XVIIIe siècle qui adoucissent le caractère martial originel. Une courtine tient lieu de mur à un bâtiment de cet époque. Une partie de l'enceinte primitive de la cour a été remplacée par un muret qui en suit le périmètre originel. Le puits hexagonal à panneaux assemblés décoré de quadrilobes a été l’un des premiers éléments classés aux Monuments historiques.











A l’intérieur, sur les quatre niveaux du château, une douzaine de pièces se visitent. Souvent derrière les lambris XVIIIème se trouvent dissimulés au regard les vestiges des décors peints à même la pierre du XVème. La chapelle gothique dire chapelle des pèlerins recèle quelques secrets en attendant d’être restaurée. Afin de faire vivre le bâtiment, les propriétaires ont réuni une riche collection de tapisseries des XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles, d'Aubusson, Felletin, Flandres, Beauvais et Gobelins. L’accrochage contextualisé, grâce aux effets de décoration et au choix du mobilier évoque l’époque de tissage de chacune des pièces. Au premier étage, sont exposés quatre tapisseries de la tenture « Jeux d’enfants » d'après les cartons du peintre Jacques Stella. Au deuxième, trois tapisseries d’Isaac Moillon, d'après l'histoire d'Achille, tissées entre 1670 et 1680, sont classées aux Monuments historiques. Les archives privées du château sur lesquelles figurent le terrier de 1481 les accompagnent.

De superbes tapisseries d’Oudry complètent un vaste panel. Une tapisserie de Beauvais issue de la tenture « Les ports de mer » d’après les cartons d’Adrien Campion et de J. Van Kerchove, oeuvre rare tissée sous la direction de Philippe Behagle vers 1695, rappelle la dimension européenne de cet art textile inscrivant Aubusson et Felletin dans un ensemble plus large. Toute une salle est consacrée à Jacques Barraband et son bestiaire ainsi qu’au Premier Empire. Les meubles estampillés parmi lesquels dans le petit salon Louis XIV, une bibliothèque vitrine Boulle exceptionnelle, apportent un caractère très vivant à la visite ainsi que les nombreuses peintures tel que cet intéressant portrait du roi Soleil par Hyacinthe Rigaud ou encore les remarquables porcelaines de Sèvres, du Berry, de Limoges.                                

Dans l’annexe, dépendance devant laquelle se trouve un spectaculaire tilleul tricentenaire, est présenté l’exceptionnel piano Pleyel double ayant appartenu à Béatrice de Camondo, fille de Moïse et sœur de Nissim. Un tapis exposé au pavillon des Arts décoratifs à l’Exposition Universelle de 1900 à Paris réchauffe l’atmosphère.

Château de Villemonteix 
Hameau de Saint-Pardoux-les-Cards
23130 Chénérailles
Tél : 05 55 62 33 92

Horaires : 
- du week-end de Pâques au 30 juin et du 1er septembre à la Toussaint : de 14h à 19h
- du 1er juillet au 31 août de 10h à 12h et de 14h à 19h
- Tarifs Adultes 7 euros / 8-15 ans 3 euros / Gratuit pour les mois de 8 ans - Passeports "Intersites" & "Route de la Tapisserie"

Éléments protégés MH : 
- Le puits dans la cour : inscription par arrêté du 21 octobre 1932
- Les façades et les toitures : classement par arrêté du 14 juin 1946
- La tour-pigeonnier en totalité ; les façades et les toitures de l'aile du logis XVIIIe siècle, de la tour sud-est de l'enceinte, des dépendances, à l'exclusion de la grange rehaussée en parpaings située au sud de l'ensemble et de la terrasse construite en 2005-2009, l’enceinte, les portails, les jardins et leur mur de clôture ainsi que le sol des parcelles d'implantation : inscription par arrêté du 6 octobre 2010

Sites référents

Office du Tourisme Creuse



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.