Série : The Wire / Sur écoute - Saisons 1 à 5, à retrouver en intégralité sur OCS



Dans les quartiers les plus défavorisés de Baltimore le trafic de drogue et la rivalité entre les gangs nourrissent une économie souterraine qui innerve toute la société, de la rue jusqu’aux plus hautes sphères politiques. Les brigades anti-drogue et anti-criminalité de la police joignent leurs troupes pour créer une unité spéciale afin de démanteler le clan Barksdale. Avon Barksdale (Wood Harris) chef de gang à l’ancienne règne par la violence tandis que son associé Stringer Bell (Idris Elba) businessman dans l’âme, qui suit des cours du soir et multiplie les investissements immobiliers, tente d’orienter leurs affaires vers des sphères plus légales. D’Angelo Barksdale (Lawrence Gilliard Jr), neveu d’Avon, vient d’échapper de justesse à une condamnation à la suite de la disparition des témoins. Sur le terrain en bas des tours, il organise le trafic avec les plus jeunes de la bande. La nouvelle unité de police, soutenue par la procureur Rhonda Pearlman (Deirdre Lovejoy) est dirigée par le Lieutenant Cedric Daniels (Lance Reddick). Les détectives Jimmy Mc Nulty (Dominic West), Shakima Greggs (Sonja Sohn), Ellis Carver (Seth Gilliam), Thomas Hauk (Domenik Lombardozzi), Lester Freamon (Clarke Peters), monte une surveillance étroite du gang Barksdale. Bubbles (Andre Royo), indic toxicomane roi de la débrouille leur file un coup de main à l’occasion. Omar Little (Michael K. Williams) braqueur de dealers, franc-tireur, sorte de Robin des bois gay, leur donne à l’occasion un soutien inattendu. Mais bientôt, Marlo Stanfield qui s’est fait un nom à la tête d’une nouvelle bande de jeunes ultra-violents, part à la conquête des territoires du clan Barksdale.

Série HBO emblématique, diffusée de 2002 à 2008, cette production ambitieuse offre un portrait au vitriol de la ville de Baltimore en cité violente et profondément dysfonctionnelle. « The Wire », « Sur écoute » en français, se fait allégorie en mouvement, grand roman américain moderne. Chaque saison aborde une thématique différente sous l’angle d’un pan nouveau de la ville, renouvelant le propos et conservant les mêmes personnages. David Simon, ancien journaliste, créateur de la série, a travaillé durant des années en collaboration avec la brigade anti-criminalité de Baltimore. Il a co-écrit cette fiction réaliste avec Ed Burns, un ancien policier et une équipe de quatorze scénaristes de renom parmi lesquels de grands noms du roman noir américain comme Dennis Lehane, auteur de « Shutter Island » ou Georges Pelecanos. 

Porté par une réalisation de grande qualité, le récit articulé autour du trafic de drogue se développe de saison en saison depuis la cellule originelle de la série policière classique vers des thèmes plus étendus, médias, éducation, politique. « The Wire » raconte les Etats-Unis aujourd’hui à travers un constat sociologique ancré au cœur du territoire urbain porteur d’identités multiples. Le propos ultra-documenté confère aux intrigues une densité réaliste unique. La construction du récit se permet une lenteur narrative afin d’approfondir les descriptions minutieuses et rendre avec précision le quotidien des flics et des vendeurs de drogue, mais aussi celui des travailleurs sociaux, des enseignants, des marginaux et des citoyens.

Drogue, ghetto, précarité et criminalité, exclusion et conflits raciaux, la série offre différents niveaux de lecture. Pour raconter la ville, les enjeux économiques et sociaux, les scénaristes prennent un soin constant de la qualité des histoires individuelles. Ils disent l’impuissance de la police face aux trafics, le manque de moyens et les coupes budgétaires imposées par une hiérarchie en quête d’avancement, la politique du chiffre, les magouilles et les arrangements entre amis tout en assumant la diversité des trames, leur richesse.

« The Wire » propose une étude sans concession de la société américaine, vision globale dépourvue de tout manichéisme, Cette chronique incarnée est peuplée de personnages attachants, à la psychologie complexe, qu’ils soient flics ou voyous, politiciens ou travailleurs sociaux. La distribution remarquable met en valeur un éventail d’acteurs charismatiques qui prêtent leurs visages à des individualités aiguës. 




La puissance romanesque de l’écriture offre à la série une dimension shakespearienne, où chacun connaît la chute. Les êtres sont broyés et les tentatives individuelles d’améliorer la situation sont vouées à l’échec à cause d’un système corrompu, fruit d’institutions en plein déliquescence. Le profond pessimisme du récit est néanmoins allégé par un certain humour et des dialogues ciselés savoureux.

Véritable fresque sociale, cette série hors norme séduit par l’acuité d’une vision, l’intelligence du propos, et des acteurs inoubliables.

The Wire / Sur écoute
Disponible en intégralité de la saison 1 à a saison 5 sur OCS



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.