Le Musée national de la Céramique créé en 1824, émanation de la Manufacture de Sèvres fondée en 1740, a, depuis les origines, affirmé une vocation encyclopédique. Réunies depuis 2010 sous l’appellation Cité de la Céramique, les deux entités ont été rejointes en 2012 par le Musée national Adrien Dubouché de Limoges afin de réaliser un pôle international de la céramique et des arts du feu. Le Musée national de la Céramique œuvre à la recherche et la conservation d’objets uniques ainsi qu’à la valorisation les arts de la céramique du monde entier et à travers les âges. La collection exceptionnelle, véritable référence mondiale, rassemble près de 50 000 pièces parmi lesquels 5 000 porcelaines de Sèvres et 600 éléments en verre certains très rares. Au musée, 10 000 objets sont exposés de façon permanente. Céramiques du Moyen-Orient, porcelaines de Chine, de Saxe, de Limoges, porcelaines dures ou tendres, terres cuites amérindiennes, faïences stannifères, poteries en grès ou en silice, vitraux, émaux peints, verrerie composent un vaste panorama des arts du feu et des civilisations. Le parcours muséal établi sur dix-huit salles, elles-mêmes réparties sur deux étages, propose une lecture plurielle des collections, à la fois esthétique, pédagogique et technique.
En 1800, Alexandre Brongniart (1770-1847) est nommé directeur de la Manufacture de porcelaine de Sèvres par Claude Berthollet, à la suite de la publication de son Mémoire sur l’art de l’émailleur. Il conservera cette fonction jusqu'à sa mort en 1847. Dès ses premiers pas à la tête de la Manufacture, il manifeste l’envie de créer un musée- laboratoire dédié aux techniques de la céramique inspirés par deux importantes collections conservées dans les réserves de la Manufacture. Il y a d’une part les séries de modèles en terre cuite pour la fabrication des biscuits de porcelaine et d’autre part l’ensemble des vases antiques, grecs, étrusques, romains provenant de la collection de Dominique Vivant-Denon, achetée par Louis XVI et déposée à la Manufacture en 1786. En 1824, l’institution culturelle voit enfin le jour sous le nom de Musée Céramique et Vitrique
Alexandre Brongniart nomme conservateur du Musée de la Céramique de Sèvres, Désiré Riocreux (1791-1872), ancien peintre sur porcelaine à la Manufacture, privé de son art à cause d’une vue défaillante. Le musée présente l’histoire des techniques de la céramique et des matières vitreuses en déployant son champ d’investigation à travers les époques et les civilisations. En 1844, Brongniart publie un ouvrage de référence Traité des arts céramiques ou des poteries considérés dans leur histoire, leur pratique et leur théorie. Il confirme ainsi son statut de fondateur de la céramique moderne et établit une classification des objets céramiques déterminée par deux grandes catégories en fonction de la nature de la pâte cuite, tendre c’est à dire poreuse, ou dure, imperméable.
Un an plus tard, Brogniart et Riocreux font paraître conjointement le premier catalogue raisonné des collections du Musée de la Céramique. Cet ouvrage aux descriptions méthodiques présente les objets conservés en s’inspirant du classement établi par Brongniart à la fois chronologique et technique. A la mort d’Alexandre Brongniart en 1847, Désiré Riocreux conserve sa fonction de conservateur du musée et poursuit l’oeuvre du directeur de la Manufacture. Avec peu de moyens, il parvient à enrichir considérablement les collections. Il rassemble près de 20 000 objets, le critère technique prévalant toujours.
En 1876, la Manufacture de Sèvres déménage et prend ses quartiers au bord du parc de Saint Cloud dans de nouveaux bâtiments plus adaptés. L’un d’eux édifié par l’architecte Alexandre Laudin, est dédié au musée qui cohabite avec quelques ateliers de finition et la boutique. Jules-François-Félix Husson-Fleury dit Champfleury ((1821-1889) qui a pris la succession de Riocreux aménage le nouveau lieu en portant l’accent sur le musée des techniques.
De 1900 à 1937, les grandes expositions universelles et internationales font les riches heures de la Manufacture de Sèvres qui rivalise d’inventivité, créant des pièces toujours plus techniques, toujours plus impressionnantes. Directeur de 1920 à 1938, Georges Lechevallier-Chevignard, obtient en 1927 l'autonomie financière de la Manufacture. En 1934, le Musée est rattaché à la conservation du Musée du Louvre. Le 3 mars 1942, la Royal Air France bombarde l’usine Renault sur l’île Seguin voisine de la Manufacture de Sèvres. Sept bombes au moins touchent le musée, dommage collatéral regrettable. 8 000 objets sont détruits ou abîmés.
Henry-Pierre Fourest (1911-1994) conservateur du Musée national de la céramique à partir de 1963 marque le renouveau de l’établissement. Il organise de nombreuses expositions prestigieuses et fait ouvrir de nombreuses salles. Il prolonge son action en investissant dans la publication des Cahiers de la céramique.
Les collections du Musée de la Céramique rassemblent désormais les pièces les plus prestigieuses réalisées par de nombreux artistes invités, artistes qui depuis le début de la Manufacture ont contribué par leur engagement créatif à l’identité et au rayonnement de la Manufacture de Sèvres. Parmi eux, au XVIIIème siècle, il y a les peintres François Boucher (1703-1770), Joseph Siffred Duplessis (1725-1802), Pierre-Etienne Falconet (1741-1791), au XIXème siècle, les sculpteurs Albert-Ernest Carrier-Belleuse (1824-1887), Auguste Rodin (1840-1917).
Dans les années 1930, les rejoignent le décorateur Jacques-Emile Ruhlmann (1879-1933), dans les années 1950-60, le sculpteur Alexander Calder (1898-1976), le peintre Serge Poliakoff (1900-1969). A la suite de la création en 2011 d’un espace dédié à la création contemporaine, Johan Creten, Claude Champy, Pierre Alechinsky, Zao Wou-Ki, Jean-Luc Vilmouth, Louise Bourgeois, Fabrice Hyber, Yayoi Kusama, Ettore Sottsass, Pierre Soulages, Pierre Charpin, Barthélémy Toguo, Andrea Branzi, Christian Biecher, Myriam Mechita ont enrichi le répertoire de formes et de décors de la Manufacture de Sèvres.
Au Musée de la Céramique, la galerie des savoir-faire inaugurée en 2019 décrypte les étapes techniques de la création, célébrant le savoir-faire séculaire et le patrimoine vivant des métiers. Des visites guidées des collections permanentes et des ateliers de production sont régulièrement organisées ainsi que des conférences, ateliers de modelage, pastillage ou encore peinture sur porcelaine. Le programme détaillé se trouve sur le site de la Cité de la Céramique.
Musée national de la Céramique
Cité de la Céramique
2 place de la Manufacture - Sèvres
Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.
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