Dos au mur - Nicolas Rey : Nicolas, 44 ans, ancien chouchou de Saint-Germain-des-Prés n’est plus que l’ombre de lui-même. Malgré un physique ravagé par vingt ans d’excès, de drogues, d’alcool, de médicaments, le personnage fragile, incertain, affable a conservé la grâce et la désinvolture du jeune homme fougueux dont l’insolence avait tant séduit. Il accumule les problèmes de santé liés à une hygiène de vie déplorable, pancréatite aiguë, taux de triglycérides stratosphérique, et les déconvenues personnelles. Contraint de vendre son appartement pour régler dettes et impôts en retard, Nicolas est incapable de verser une pension alimentaire à son ex compagne, la mère de son fils de 12 ans. Il vit aux crochets de ses parents. Il en est même réduit à demander de l’argent de poche à son père toutes les semaines pour être en mesure d’inviter sa nouvelle amoureuse au restaurant. Les éditions de la Férinière lui ont commandé un recueil de nouvelles. Mais l’échéance approchant, il n’arrive plus à écrire, il n’arrive pas à conclure l’ouvrage. Un soir d’angoisse et de drogue, un ami lui propose de lui venir en aide en lui offrant l’une de ses productions. Mais cette main tendue s’avère cadeau empoisonné. A la parution du volume, le copain lui réclame 100 000 euros de dommages et intérêts. Le bruit court. Le tout Paris littéraire s’excite à l’idée du plagiat. Nicolas est soutenu dans cette épreuve par sa sœur Emilie et Mathieu, ancien lauréat de la Nouvelle Star, avec qui il donne des lectures musicales.
"Dos au mur" fait voler en éclats la mythologie de l’écrivain. Nicolas Rey se met à nu avec panache, sans fausse pudeur. Dans ce geste littéraire, l’auteur, enfin sobre, recherche la sincérité d’une confession cathartique. L’humour et l’autodérision lui permettent d’échapper aux affres du désespoir. Le menteur infidèle promet d’avouer toute la vérité afin de soulager sa conscience, d’obtenir peut-être le pardon public.
Rédemption d’un affabulateur, il raconte cette monomanie de la tricherie systématique, au bac, au permis de conduire, son goût immodéré du mensonge, à propos des ventes de livres, de la profession de ses parents, pour rien, par jeu. Il livre avec sincérité l’envers du décor, la lâcheté, l’amour, les pannes, les remords, les trahisons, ses relations avec les éditeurs, avec ses amis, sa famille. Il dit le corps en souffrance, la déchéance d’un jeune homme excessif qui n’a pas supporté la notoriété immédiate, vingt années ponctuées de frasques et de cures de désintox, de promesses non tenues.
Nicolas Rey explore l’idée du récit littéraire en se prenant pour sujet dans un double jeu de la fiction et du réel. Brouillant les pistes, il fait sien l’aphorisme de Jean Cocteau « Le roman est un mensonge qui dit toujours la vérité ». Ce récit à la première personne exalte le rôle du romancier grand illusionniste. Texte à vif, écriture acérée, sens de la formule, Nicolas Rey explore son désastre personnel dans une satire intime drôle et désespérée. Renonçant aux vertus mortifères du mensonge, revenu de toutes ses addictions, l’éternel amoureux cherche la consolation dans la justesse des émotions, la densité du propos.
Dos au mur - Nicolas Rey - Editions Au Diable Vauvert
Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.
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