Cinéma : L’âme du vin, un documentaire de Marie-Ange Gorbanevsky



Vision idyllique de carte postale, L’âme du vin qui emprunte son titre à un poème de Baudelaire, invite au voyage à travers les plus beaux vignobles de Bourgogne, Romanée-Conti, Gevrey-Chambertin, Chambolle-Musigny, Meursault, Volnay, où sont créés les très grands crus souvent inaccessibles. Marie-Ange Gorbanevsky, la réalisatrice qui assume un émerveillement sincère, une candeur de boétienne avec grâce met en lumière un terroir, une passion partagée, des familles. L’expérience de la splendeur des terroirs, la beauté des petits matins dans les vignes se prolonge auprès des artisans comme le tonnelier aux gestes millénaires. La lenteur de cette initiation poétique, au rythme du labour des chevaux, évoque le temps nécessaire à la maturation d’un vin comme à la dégustation d’un grand cru, une certaine nostalgie face à un monde immuable qui fait figure d’exception.







Au fil des saisons, ce documentaire contemplatif célèbre les richesses de la nature, les paysages et les gestes des hommes qu’il s’attache à décrire. Vignerons, sommeliers, œnologues partagent leur expérience dans un périple au cœur des savoir-faire, ode aux méthodes traditionnelles. Au cœur de ces domaines viticoles exceptionnels, il est question de respect de la nature, de faire les bons choix alors que l’essentiel procède des heureux hasards. Le processus du vin est le champ de tous les possibles.  

Les témoignages éclairés et savants de Jacques Puisais, Olivier Poussier, Aubert de Villaine, Caroline Furstoss, pour ne citer qu’eux, racontent le vin, les métiers, les choix, les erreurs parfois aussi. La théâtralité du cérémonial a la saveur des héritages lointains. Questionnant ce qui fait un grand vin, la richesse du vocabulaire confère une dimension lyrique à l’art de parler du produit de la vigne.




Marie-Ange Gorbanevsky nous parle de préservation du patrimoine, les terroirs uniques de Bourgogne, les Climats classés au patrimoine mondial de l’Unesco. Elle déploie des histoires de famille, de transmission, où les anciens se sentent responsables vis-à-vis des générations futures. Le travail de la vigne, la maturation en cave, les chais, jusqu’aux salles de dégustation, élever le vin se révèle tâche d’humilité et de passion. Le documentaire nous offre une délicieuse scène de dégustation par deux Japonais, un restaurateur et son chef, qui vivent un grand moment en goûtant un Chambolle-Musigny « les Amoureuses » domaine Roumier 1945. 

Cette exploration des grands vignobles où le vin est une culture et un art évite les sujets polémiques,  tels que les intrants, les vins naturels, la production industrielle, la spéculation à outrance pour ne se pencher que sur l'excellence de la tradition. Marie-Ange Gorbanevsky réalise un documentaire humain et émouvant, une parenthèse hors du temps.

L’âme du vin, un documentaire de Marie-Ange Gorbanevsky
Sortie le 13 novembre 2019



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.