Coup de Coeur : La Winerie Parisienne installe un chai éphémère au premier étage de la Tour Eiffel



Début octobre 2019, la Winerie Parisienne a vendangé pour la première fois son propre vignoble dans les Yvelines, une parcelle de trois hectares plantés en merlot. Afin de fêter cet événement, la jeune entreprise s’est lancée dans une expérience inédite, une aventure authentiquement parisienne, en installant un chai éphémère au cœur du monument le plus célèbre du monde, la Tour Eiffel. Jusqu’au mois d’avril, la Winerie Parisienne investit le premier étage de la Dame de fer afin d’y vinifier, perché à 57 mètres de hauteur et sous les yeux des 15 à 30 000 visiteurs qui arpentent l’impressionnante structure, son millésime exclusivement francilien. Pressage du raisin, mise en cuve puis en barrique, élevage, chaque étape de la création s’inscrit sur place dans la continuité d’un lieu riche d’histoire, symbole de l’excellence à la française.  Ce cru Tour Eiffel sera disponible au printemps 2020. 











Entreprise créée en 2015, par Adrien Pélissié, Julien Bengué, bientôt rejoints par Julien Brustis, la Winerie Parisienne déploie tout d’abord une activité de négoce. Dans des caves situées à Montreuil, aux portes de Paris, sont vinifiés des raisins sélectionnés de terroirs français, provenant d’une quinzaine de cuvées. Des partenariats durables avec les vignerons sont noués. Le savoir-faire traditionnel célébré. Les enjeux environnementaux, climatiques et sociétaux de la viticulture de demain se placent au centre des préoccupations. Assemblés et mis en bouteille en banlieue parisienne, les vins sont vendus sous l’appellation Vin de France.

Bientôt nos jeunes entrepreneurs décident de franchir un cap afin, rêve un peu fou, de « replacer Paris sur la carte des régions viticoles ». Ils forment le projet de réinventer le vignoble d’Ile de France et de révéler des terroirs oubliés. En 2017, la Winerie Parisienne se porte acquéreur d’un terrain de 27 hectares d’un seul tenant à Davron dans les Yvelines sur la plaine de Versailles. Les 3 premiers hectares cultivés en bio sont plantés en 2017, puis 7 nouveaux en 2018. Pinot noir, Merlot pour les rouges, Chardonnay et Chenin pour les blancs. A terme, il est question de vinifier des raisins vendangés en Ile de France afin de produire 150 000 bouteilles par an en plus des 150 000 déjà produites par des assemblages de régions diverses. 13 hectares supplémentaires de vignes vont être plantés courant 2020.


 








Le 4 octobre dernier, la production des trois premiers hectares de merlots est vendangée. C’est cette récolte originelle et symbolique qui est actuellement vinifiée au chai éphémère de la Tour Eiffel installé dans un espace mis à disposition par la SETE, société d’exploitation de la Tour Eiffel. Les marcs pressés début novembre, il reste quelques mois à attendre pour découvrir le résultat final. Le très jeune âge des vignes présume d’une grande simplicité du vin. L’équilibre entre le fruit et l’acidité demeure un enjeu du fait de l’ensoleillement particulier de la région. La révélation des caractéristiques du terroir se fera progressivement au fil des vendanges mais au printemps, la surprise sera totale. 

Vinifier au-dessus du Champs-de-Mars, récréer un véritable chai au premier étage de la Tour Eiffel s’est avéré une entreprise technique d’envergure. Il a fallu s’adapter aux lieux. Véritable défi, le matériel a été transporté par les ascenseurs peu prévu pour ce type d’exercice. La table de tri et la girafe ont dû être démontées à la dernière minute au pied de la Tour Eiffel afin d’entrer dans les cabines. Et parmi les diverses installations, cuves, barriques, pressoir ont nécessité une création sur-mesure rendue possibles grâce aux partenaires. 

Les cuves tronconiques en inox réalisées par Lasi une société italienne, ont été spécialement conçues à cette occasion. A double paroi, elles permettent de gérer précisément la température pendant la phase de fermentation et de macération. Leur forme particulière, résultat de contraintes matérielles, génère une fermentation douce et lente qui préserve le fruit. La tonnellerie Dempton et Halocation fournissent les barriques de chêne français et les fûts. L’entreprise Gerfran, verrerie et bouteilles.










Le chai de la Tour Eiffel, premier chai urbain installé dans Paris intramuros depuis les années 1960, a trouvé une place de choix après d’un café-restaurant, lui-même éphémère, la Bulle Parisienne. Sous dôme transparent façon jardin d’hiver, cette pause gourmande insolite déploie à 360° une vue spectaculaire sur Paris. La carte d’inspiration brasserie moderne propose les classiques bistrotiers, quiches, croques, lasagnes, planches de fromages de charcuterie, tartes et flans et des dégustations de vins en partenariat avec la Winerie Parisienne. 

Deux vins découverts ce jour-là. Le Grisant Blanc 2018, un assemblage de Sauvignon blanc, Sauvignon gris, Vermentino, est un vin à la robe jaune pâle, aux accents fruités prononcés, d’une fraîcheur intéressante. Le Jugement de Paris 2016, assemblage de Grenache, Merlot, Tannat et Syrah, porte un nom singulier qui fait référence à la dégustation à l’aveugle organisée en 1976 à Paris au cours de laquelle les vins californiens ont été préférés aux vins français. Robe grenat, nez élégant, notes boisées et arômes de fruits rouges, il développe en bouche des nuances de baies mûres, des accents de menthol, de cèdre et la chaleur des épices. 

Pour tous les acrophobes saisis de vertige à l’idée d’accompagner des proches jusqu’au troisième étage de la Tour Eiffel, le chai éphémère de la Winerie Parisienne est un excellent prétexte de désistement. Et une halte authentiquement pittoresque pour tous les autres.

Chai éphémère de la Winerie Parisienne
La Bulle Parisienne - 1er étage de la Tour Eiffel
Avenue Gustave Eiffel - Paris 7
Ouverte jusqu’au 31 mars 2020
Horaires : Tous les jours de 9h30 à 23h45
Tél : 01 83 77 70 58

Winerie Parisienne
310 boulevard de la Boissière - Montreuil
Tél : 01 82 30 35 75



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.