Ailleurs : Musée des Beaux-Arts de Dijon, entrée dans le XXIème siècle de l'un des plus anciens et des plus beaux musées de France



Le 17 mai 2019, le musée des Beaux-Arts de Dijon entièrement rénové a été inauguré après quinze années de travaux durant lesquels il n’avait pas fermé. A Dijon, maisons à colombages, tuiles vernissées des toits bourguignons, anciens palais, transportent le visiteur à travers les siècles dans une promenade hors du temps. Etabli dans l’ancien palais des Ducs de Bourgogne, exceptionnel écrin de pierre érigé au fil des siècles et des attributions, le musée est l’un des plus anciens et des plus beaux de France. Sa nouvelle métamorphose annonce une entrée dans le XXIème siècle dans le respect d’un patrimoine architectural unique. Ce monument historique, épicentre de la ville, s’affirme à nouveau comme l’étape culturelle incontournable au sein d’un secteur préservé. 











Créé en 1787 à l’initiative de François Devosge (1732-1871) directeur de la non moins célèbre école de dessin fondée en 1766 qui eut entre autres pour élèves Pierre-Paul Prud’hon et François Rude, le musée des Beaux-Arts de Dijon, occupe l’ancien palais ducal siège au XVème siècle de l’Etat bourguignon. L’édifice actuel conserve quelques vestiges du XIVème et XVème siècle, époque glorieuse des Ducs de Valois-Bourgogne. Lorsque le duché est rattaché au royaume de France, le palais est profondément remanié pour accéder à la fonction de logis du roi. Au XVIIème siècle sur un projet de l’architecte Jules Ardouin-Mansart, il est à nouveau transformé et devient palais des Etats de Bourgogne. 

Cette hétérogénéité stylistique et technique des éléments constituant le bâtiment historique a accru les difficultés de rénovation. La réalisation des objectifs, une mise en valeur des collections, de meilleures conditions d’accueil et l’optimisation des infrastructures, devaient permettre d’entamer un dialogue entre tradition et modernité. Le projet lancé en 2001, a bénéficié du plan « musées en région ». Le budget de 60 millions d’euros a été financé à hauteur de 16,6 millions par l’Etat, 25,7 millions par la Ville, 8,3 millions par la Métropole, 8,4 millions la Région et 0,8 via Suez et le mécénat. 










Le chantier a débuté en 2006 sous la houlette de l’architecte Yves Lion Ateliers Lion Architectes urbanistes qui a signé le récent musée Citéco à Paris, et d’Eric Pallot, architecte en chef des monuments historiques. Quelques audaces élégantes ont été approuvées comme le toit doré de la nouvelle extension en verre sur la cour du Bar qui accueille les expositions temporaire ou l’extension montée au-dessus du bâtiment du XIXème siècle de l’ancienne école de dessin de Dijon ou bien les dalles de béton pourpre à l’accueil. Néanmoins, les salles historiques entièrement rénovées ont conservé leurs boiseries d’origine afin de préserver l’atmosphère particulière d’un musée du XIXème siècle. En tout 6 300 m2 sont désormais ouverts au public dont 4 200 m2 d’espace d’exposition contre 3 500 m2 avant rénovation.

De nombreux outils interactifs aident à la visite. Tables numériques et tablettes multimédia individuelles prêtées par le musée pour une expérience immersive jouent les cicérones à travers les cinquante salles réparties sur quatre niveaux et deux espaces d’exposition temporaire en extension. La direction du musée a pris le parti de tenter de faire coïncider les époques entre les éléments des collections et les bâtiments où ils sont présentés.










Les riches collections du musée des Beaux-Arts de Dijon sont le fruit d’importants dons successifs. Gardienne de 130 000 œuvres qui dorment dans les réserves, l’institution culturelle présente dans son nouvel espace d’exposition 1 530 pièces dont plus d’un tiers ont été rénovées. La muséographie du parcours permanent entièrement repensé se déploie à la fois chronologique et thématique. Du rez-de-chaussée au fil des collections dédiées à l’Antiquité et ses délicieux portraits de Fayoum, jusqu’au troisième étage avec la collection privée de la donation Granville couvrant l’Ecole de Paris des années 1950, il faudrait plusieurs journées pour visiter l’intégralité du musée avec attention. 

La très belle collection médiévale du musée des Beaux-Arts de Dijon fait référence dans le monde entier. Les célèbres cénotaphes des ducs Philippe le Hardi, Jean Sans Peur et son épouse Marguerite de Bavière, avec leurs pleurants en sont les joyaux incontestés. A moins de ne leur préférer l’exceptionnel panneau à double face de Konrad Wit. De nombreux chefs-d’œuvre à travers les époques ponctuent la visite, œuvres de Philippe de Champaigne, Georges de la Tour, Rubens, Véronèse, Le Titien, le romantisme et l'orientalisme, l'impressionnisme Manet, Boudin, Monet, le symbolisme et les nabis, Courbet, Delacroix, Géricault, Henner, Rodin, Rude, Bonnat, Pompon, Staël…. 









Parmi les œuvres restaurées, La Dame à sa toilette, datant de la fin XVIe siècle, tableau anonyme de l’Ecole de Fontainebleau, a livré quelques secrets lors de ses ablutions. Sous les couches de vernis successives et la poussière, des détails et éléments symboliques sont apparus suggérant que la célèbre beauté s’apprêtait à convoler. 

Echappé des réserves où il dormait depuis des lustres, entièrement rénové, Le Lit des Heures réalisé par l’ébéniste bourguignon Jean Dampt en 1896, illustre la richesse symboliste du mouvement art nouveau. Au quatrième étage, sous les combles, dans une salle aux cimaises immaculées amovibles, la donation Granville met en regard cubisme et art africain. En 1974, 1976 et 1986, Pierre et Kathleen Granville confie à la ville de Dijon une partie de leur impressionnante collection qui regroupe des artistes majeurs du XXe siècle, notamment plusieurs toiles de Nicolas de Staël. 









Elément clé de l’attractivité culturelle de la région, le musée des Beaux-Arts de Dijon est porteur d’une longue tradition historique, artistique et architecturale. Cette institution à vocation encyclopédique dont l’entrée est gratuite réaffirme son lien avec la création. 

L'art contemporain se mêle au patrimoine vivant des siècles passés, propageant la vitalité d’un nouvel élan. Les oeuvres de Yan Pei-Ming, dijonnais d’adoption, sont présentées à l’occasion d’une exposition hors les murs inaugurale dans l’extension donnant sur la cour des Bar, devenue véritable place urbaine. Deux toiles de cet artiste ont intégré les collections permanentes grâce au programme des acquisitions. 









Le musée des Beaux-Arts de Dijon a désormais pour objectif d’attirer de nouveaux publics et d’atteindre 300 000 visiteurs par an à l’instar du Louvre-Lens ou du Centre-Pompidou-Metz. Une convention signée avec le musée du Louvre laisse présager de belles futures collaborations. 

Palais des ducs et des Etats de Bourgogne - Dijon
Tél : 03 80 74 52 09

Horaires : Ouvert du mercredi au lundi - Fermé le mardi
Du 1er octobre au 31 mai, ouvert de 9h30 à 18h
Du 1er juin au 30 septembre, ouvert de 10h à 18h30
Fermé les 1er janvier, 1er mai, 8 mai, 14 juillet, 1er et 11 novembre, 25 décembre
Tarif : gratuit



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.