Cinéma : Les Petits Maîtres du Grand Hôtel, une comédie documentaire et musicale de Jacques Descamps



A Grenoble dans le cadre d’un projet totalement différent, le réalisateur Jacques Deschamps s’installe à l’hôtel Lesdiguières à Grenoble. Très vite, la jeunesse du personnel l’intrigue ainsi que leur maladresse adolescente supervisée par de sévères majordomes eux-mêmes impeccables. Il découvre alors que le lieu est un peu particulier. Il s’agit d’une école hôtelière très réputée. Façade rose chantournée, très Grand Budapest Hotel de Wes Andersen, et vue imprenable sur le Mont Ventoux ainsi que sur le massif de Belledonne, cet établissement de haut standing forme l’élite des métiers de l’hôtellerie. Ici, sous le regard avisé d’impeccables maîtres d’hôtel devenu professeur, de jeunes élèves, entre 16 et 17 ans, découvrent les différentes facettes d’un rituel immuable, celui des palaces et restaurants étoilés. Six ans après le documentaire au sujet du dernier cirque tzigane en France, le cirque Romanès, Jacques Descamps choisit de poser sa caméra au cœur de l’hôtel Lesdiguières afin de suivre durant une année, la formation les étudiants du lycée d’application hôtelière de Grenoble.  A peine sortie de l’adolescence, ceux-ci doivent apprendre le b.a.-ba des grands hôtels, la rigueur mais à exécuter des ordres sans broncher, à grandir en somme.







Le réalisateur a choisi d’évoquer le quotidien de l’école en suivant la chronologie des journées impeccablement rythmées. Service, nettoyage, cuisine. La petite armée s’échine à dresser des tables au cordeau, nettoyer impeccablement les salles de bain, faire parfaitement un lit. Les mêmes gestes sont répétés jusqu’à la perfection afin d’acquérir les automatismes de l’excellence qui permettront l’embauche dans un véritable palace. A l’image, c’est tout le travail de transmission et la passion des instructeurs qui est traduite. 

Si la réalisation semble un peu trop classique, le charme des intervenants parvient sans peine à redynamiser le film. Le sourire immuable, la rigueur de la posture ne peuvent faire oublier les adolescents dont la personnalité, le rire viennent détendre ces atmosphères rigoristes, ces rythme imposés. Les confidences en coulisses, les boulettes hilarantes, les bourdes grandioses rappellent la jeunesse des protagonistes. Et sous la surveillance permanente des professeurs, la sévérité qui peu à peu se fait moins sèche tandis que les maîtres se prennent d’affection pour leurs protégés et expriment leur fierté face à leurs progrès. Le reportage souligne l’exigence d’un apprentissage difficile où le travail bien fait est toujours valorisé.






Coquetterie de cinéaste, idée cocasse, sortie de cadre gentillette, les séquences classiques sont parfois ponctuées de numéros de chants interprétés par les élèves et leurs enseignants. L’ensemble plein de bonne humeur ne manque jamais d’une générosité sincère auxquelles les imperfections apportent une humanité pétillante. Le spectateur se lasse volontiers happer par le dispositif malgré son artificialité apparente. Et l’on se prend de tendresse pour ses jeunesses toutes fraîches qui s’échinent dans ce vieux bâtiment à faire perdurer une certaine idée de l’art de vivre appartenant à un autre siècle. 

Les Petits Maîtres du Grand Hôtel
Un documentaire de Jacques Deschamps 
Musique originale de Marie-Jeanne Séréro
Sortie le 25 septembre 2019



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.