Expo : Breathing Flower, une oeuvre de l'artiste coréen Choi Jeong Hwa - Festival Les Extatiques, parcours d'art contemporain à la Défense - Jusqu'au 6 octobre 2019



Breathing Flower, fleur de lotus monumentale de 7 mètres de diamètre, déploie délicatement ses pétales cannelés au rythme d’un souffle presque vivant. Cette œuvre cinétique motorisée de l’artiste coréen Choi Jeong Hwa, lente éclosion veloutée d'une floraison aussi joyeusement pop qu’inquiétante, donne l’illusion d’une respiration. La fleur s’ouvre et se ferme, sans jamais se faner. Troublante artificialité. La délicate animation suspend le temps dans un moment hors de la frénésie du monde. En insufflant la vie à une fleur artificielle, Choi Jeong Hwa évoque la fragilité de la nature dévastée par l’homme. Les écosystèmes naturels ne pourront jamais trouver de remplaçants synthétiques aussi beaux soient-ils. Sous des abords candides et colorées, la Breathing Flower révèle l’ampleur de l’angoisse de mort et soulève des interrogations sociales, écologiques, existentielles.









Né en 1961 à Séoul, Choi Jeong Hwa a activement contribué à l’expansion de la scène artistique coréenne dans les années 1990. Design industriel, mobilier, graphisme, architecture, ce plasticien touche à tout fait œuvre de figure de proue de l’art contemporain en Corée. Il se consacre désormais à la création artistique, multipliant les médias, installations, vidéos, sculptures. 

Ses compositions réalisées partir d’éléments de consommation courante, objets en plastique fabriqués en série, matériaux bon marché, participent d’un processus d’emprunt et de détournement. Choi puise son inspiration dans l’iconographie de la culture populaire, l’imaginaire collectif. Il détourne, réinvente et redonne à penser l’imagerie de masse. Ce vocabulaire plastique volontiers léger assume ses ambiguïtés.

Par le biais d’œuvres colorées, très pop, l’artiste revendique une célébration faussement naïve de la beauté singulière des matériaux synthétiques qui convoque en réalité une préoccupation majeure, l’écologie. Son travail questionne en sous-texte le fonctionnement de la société de consommation de masse, soulignant notamment les préoccupations relatives au traitement des déchets d’une économie mondialisée.









Les structures gonflables monumentales de Choi, emblématiques oeuvres surdimensionnées destinées aux extérieurs, aux lieux publics, parcourent le monde depuis plus de 20 ans. Le plasticien s’est approprié le motif de la fleur de lotus en lui donnant un caractère d’artefact. La représentation de cette fleur sacrée du bouddhisme, symbole de pureté et de grâce, convoque l’idée de mysticisme, d’élévation spirituelle. De sa première sculpture florale gonflable la Super Flower en 1995, à la Dragon Flower présentée à la Biennale de Venise en 2005, Choi Jeong Hwa a volontairement cultivé une esthétique kitsch, désacralisant ainsi des symboles traditionnels. Il soulève alors la question de la modernité fossoyeuse de la spiritualité. 

Avec le développement économique de la Corée, l’urbanisation galopante, les éléments naturels se sont raréfiés dans le quotidien même des Coréens. L’impact de nos modes de vie sur l’environnement est dramatique. Bientôt, il n’y aura plus de fleurs naturelles. Il ne reste plus qu’à créer des floraisons synthétiques aussi monstrueuses que majestueuses. Choi choisit de styliser une artificialité immarcescible. La Breathing Flower, curieuse créature, se gonfle, éclôt, fleurit jusqu’à la plénitude puis se rétracte progressivement. Cycle perpétuel sans drame de la mort. A côté, la véritable fleur de lotus dans sa sublime fugacité, fragile, vulnérable va faner, pourrir, entrer dans autre cycle. Est-ce la fin de la vie organique ?

Breathing Flower de l'artiste Choi Jeong Hwa à la Défense
Festival Les Extatiques Saison 2 
Jusqu'au 6 octobre 2019



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.