Ailleurs : Parcours sonores immersifs au château de Vaux-le-Vicomte, une expérience sensorielle enthousiasmante



Chef-d’œuvre architectural et paysager du XVIIème siècle, joyau créé par l’architecte Louis le Vau, du peintre Charles le Brun et du paysagiste André le Nôtre, Vaux-le-Vicomte est le plus grand château privé classé au titre des Monuments historiques. A la pointe de l’innovation, le château propose chaque année des nouveautés afin de renouveler l’expérience de la visite. Depuis le 6 mai dernier, deux nouveaux parcours sonores immersifs dont un destiné aux enfants ont été mis en place. Ce projet novateur et pédagogique a été rendu possible grâce au partenariat avec la société Focal qui fournit les casques audio, l’aide de la région ainsi que le mécénat. Les parcours sont inclus dans le prix du billet d’entrée. Complétés par la technologie novatrice du son binaural spatialisé dit son 3D qui reproduit à 360° l’expérience de l’ouïe humaine, les audioguides nouvelle génération offrent au visiteur une véritable plongée dans le Grand Siècle. Au rythme des déambulations dans le château, sur les traces de la création originale L’Affaire Fouquet, chacun découvre l’histoire d’une disgrâce, celle du trop riche, trop puissant et trop ambitieux surintendant des Finance du roi Louis XIV, Nicolas Fouquet, à l’origine du domaine de Vaux-le-Vicomte. Le 17 août 1661, Fouquet donne une fête grandiose au cours de laquelle il cherche à éblouir le roi par la splendeur du château et la beauté de l’événement. Il ne s’attire que les ires du souverain. Louis XIV, humilié par la magnificence de Vaux-le-Vicomte, à une époque où ses propres caisses irrévocablement vides l’ont conduit à faire fondre la vaisselle d’apparat en métaux précieux, est si piqué au vif qu’il songe à le faire arrêter le soir même. Il remet son projet à plus tard. Suspectant des indélicatesses de la part de son ministre, il fomente un complot avec Jean-Baptiste Colbert afin de le faire tomber. Arrêté le 5 septembre 1661 par d’Artagnan alors commandant en chef des mousquetaires, Fouquet sera condamné à la réclusion à perpétuité. 











Propriété de la famille de Vogüe, le château de Vaux-le-Vicomte qui est ouvert au public depuis 1968, reçoit près de 300 000 visiteurs par an. Château, jardins, musée des Equipages, expositions ponctuelles, lieu de manifestations culturelles mais aussi d’évènements privés, la découverte se veut multiple. Afin de séduire un plus vaste public, de nouveaux projets sont régulièrement initiés. Cherchant une alternative plus poétique plus originale aux tablettes et à la réalité virtuelle, Jean-Charles, Alexandre et Ascanio de Vogüé, les trois frères à la tête du domaine, ont été séduits par l’idée d’une visite immersive sonore. L’ouïe qui est un sens hautement suggestif, laisse toute sa place à l’imagination à l’oeuvre. Riche d’un premier essai réussi en 2015, à l’occasion d’une création pour l’Abbaye aux Dames de Saintes, la start-up Narrative a orchestré les deux parcours proposés comme des spectacles audio.

Le son binaural dit son 3D reproduit à 360° un son spatialisé pour un effet naturel et une expérience sensorielle très réussie. On se surprend à chercher du regard l’origine de ce claquement de porte, à se retourner sur le bruissement d’une robe de soie, le crépitement du feu dans une cheminée. Un bruit de pas et le craquement du parquet interpellent, le chuchotement des figurants attise la curiosité. Le parcours sonore animé par des comédiens et écrit par Xavier Maurel est proposé en trois langues différentes, le français, l’anglais, l’allemand. Le parcours jeunesse est l’oeuvre de Timothée de Fombelle. Il entraîne ses petits visiteurs dans une exploration ludique en compagnie de Jean de la Fontaine et de Panache, petit écureuil symbole de la famille Fouquet.











Bruitages et scènes ont été enregistrés en haute définition et en situation, dans les conditions réelles du château, afin de reproduire exactement les ambiances et particulièrement l’acoustique. Ainsi cette bande-son très fine reste fidèle au rendu sonore des matières, le bois, les étoffes... 

La mise en scène a fait appel à quinze figurants en costumes et à trente acteurs de nationalités différentes pour les rôles principaux. En version française, trois sociétaires de la Comédie Française se sont glissés dans la distribution, Michel Vuillermoz dans le rôle de Molière, Benjamin Lavernhe dans celui de Louis XIV, Laurent Stocker en Jean de la Fontaine.









Immersion dans le XVIIème siècle, la reconstitution des évènements qui ont mené à la perte de Nicolas Fouquet nous porte au cœur de l’intrigue, au plus près de l’histoire. La narration qui débute par la mort de Mazarin se déploie en chapitres. Il y a le récit de la fête du 17 août 1661, mise en oeuvre par François Vatel le grand ordonnateur des menus plaisirs, chef du protocole et maître d’hôtel, sur la musique de Lully tandis que Molière donne la comédie-ballet Le Fâcheux.

On assiste à la colère du roi blessé dans son orgueil par ce luxe ostentatoire et qui veut faire arrêter Fouquet sur le champ. Puis l’on découvre la conspiration menée par Louis XIV et Colbert afin de le faire tomber pour malversations et rendre suspecte l’origine de pareille fortune. On suit l’arrestation par d’Artagnan à Nantes lors d’un conseil et la condamnation à la détention perpétuelle à la forteresse de Pignerol. 











A son propre rythme, le visiteur suit les 25 étapes réparties dans tout le château. Les balises situées sur le parcours déclenchent la lecture des saynètes qui sont répertoriées dans chaque pièce par des cartels. Le nom de la scène ainsi que celui des différents personnages intervenant sont référencés sur ceux-ci. Entre chaque intervention théâtrale se jouent des interludes de musique baroque du XVIIème et XVIIIème siècle, Lully, Couperin, Forqueray interprétés par l’ensemble Les Talens Lyriques.

Avec cette proposition prenante, façon originale de découvrir le château qui a inspiré Versailles, Vaux-le-Vicomte prolonge sa vocation de transmission en s’adressant à tous les publics et renouvelle les offres par des initiatives variées et une proposition culturelle attractive. Une belle réussite. 

Château de Vaux-le-Vicomte
Route départementale 215
77950 Maincy 
Horaires : Ouvert tous les jours de 10h à 19h
Tarifs : de 11 euros à 16,90 euros, parcours sonore immersif inclus

Comment s'y rendre ? 
- En train : Paris Gare de l'Est direction Provins, arrêt Verneuil l'Etang puis navettes jusqu'au château (20mn)
Attention : travaux sur la ligne certains weekends (20, 21 & 22 avril, 27 & 28 avril, 13 & 14 juillet, du 15 au 18 août). Verneuil l’étang ne sera donc pas desservi durant ces 4 weekends. Dans ce cas, il faut prendre le RER jusqu'à Melun, et une navette sera mise en place entre Melun et le Château. (départ devant le Café de la Gare, Avenue Galliéni). Horaires navettes : 10h25, 11h25, 12h25, 14h25, 15h25. Uniquement le soir des soirées aux chandelles, navettes à 16h25, 18h25, 19h25



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.