Expo : Oracles - Jean-Michel Othoniel - Galerie Perrotin - Jusqu'au 8 juin 2019



Récemment élu à l’Académie des Beaux-Arts, Jean-Michel Othoniel présente sous l’intitulé Oracles un nouveau corpus à la galerie Perrotin. L’élément sériel répétitif au cœur de cet ensemble se fait brique après avoir longtemps été bulle. Briques de verre à l’iridescence de scarabée, au feu couvant d’ambre, au chatoiement soufré, briques d’acier à la matité glacée d’inox, au miroitement de métal poli, ces modules alimentent le propos architectural de son oeuvre. Par le biais de sculptures minimalistes, propositions ancrées dans une forme d’abstraction figurative, l’artiste explore l’espace, de l’intime au monumental. En lien avec le monde tel qu’il va, avec l’actualité, ses réalisations, résultats de cette imprégnation naturelle, procèdent d’une narration évocatrice puissante. Les idées prennent forme, intuition et révélation, s’incarnent dans la matière de la création. Inscrit dans son temps, Jean-Michel Othoniel questionne le politique, les grands enjeux de notre époque, la crise écologique et climatique, les conflits contemporains.











Le motif des briques qui composent les bandeaux de verre monochromes des nouvelles œuvres de Jean-Michel Othoniel lui a été inspiré par l’expérience d’un voyage sur la piste des plus grands maîtres verriers. En 2009, en Inde, il est saisi par le spectacle des accumulations de briques le long de la route de Delhi à Firozabad, ville gardienne de la tradition ancestrale du travail du verre. Ces murets éparses, fondations de maisons dont il reste tout à construire, évoquent tous les espoirs des familles propriétaires qui ajoutent des éléments à mesure qu’elles trouvent les moyens.

Les autels, également en briques, couverts d’offrandes et de colliers multicolores attirent aussi l’attention de Jean-Michel Othoniel. Le petit parallélépipède s’affirme dans son esprit comme ce motif universel d'architecture qui connecte les hommes. L’artiste fait alors appel au savoir-faire des maîtres verriers indiens afin de souffler des briques en couleurs. Bleu azur, ambre chaud, jaune soufre, noir moiré, lorsqu’elles sont en verre, il les fait décliner en acier inox d’un gris mat ou brillantes comme des miroirs.

En explorant les possibilités du verre, Jean-Michel Othoniel prolonge une réflexion sur le mouvement. Sa vaste "Rivière bleue" évoque aussi le flux liquide qu’un pavement chatoyant. L’illusion de la naissance d’une vague convoque l’idée de surgissement de disparition dans un temps suspendu poétique et inquiétant.

La série des "Icebergs", reliefs d’inox, volumes pixellisés au propos écologique, reprend cette même supercherie optique qui trouble l’œil jusqu’à lui faire percevoir de mouvantes cartographie. Sensible aux causes environnementales, Jean-Michel Othoniel rappelle par le biais de ces pièces l’urgence climatique, la disparition des glaces polaires, la fragilité de la nature











L’esthétique des oeuvres évolue autour d’une géométrie laissant place à l’émotion. Le travail sur les dimensions rapproche, progressivement alors que se développent les volumes, les sculptures d’une architecture de verre et de métal. Chemin de briques la série des "Oracles" prophétisent cette vision. "L’Autel ou Le Parloir", muret jaune au bout de la route se déploie tel un espace de dévotion, d’espoir. Mais ici les constructions nouvelles côtoient les ruines à venir.

Les réalisations à grande échelle, murs, routes, grottes, agoras, d’une délicatesse de joaillerie permettent au visiteur d’expérimenter l’espace mental de l’oeuvre, invitation à venir habiter le monde onirique de l’artiste. Sculpture grotte, lieu protecteur, Agora, tumulus de 2700 briques, offre un banc où s’arrêter un instant devenant ainsi un lieu de rencontre, de dialogues, d’expression et de liberté. La poésie de Jean-Michel Othoniel réenchante la réalité.

Oracles - Jean-Michel Othoniel 
Jusqu’au 8 juin 2019

Galerie Perrotin
76 rue de Turenne - Paris 3
Horaires : Du mardi au samedi de 11h à 19h - Fermé lundi et dimanche
Entrée libre



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.