Cinéma : Lourdes, un documentaire de Thierry Demaizière et Alban Teurlai



Thierry Demaizière, Alban Teurlai, duo de documentaristes qui dernièrement avaient réalisé un film sur la danse Relève : histoire d’une création et Rocco portrait de l’ancienne star du porno Rocco Siffredi, ont posé leur caméra à Lourdes pendant dix mois. Trois millions de personnes se rendent sur le site où en 1858 Bernadette Soubirous affirme avoir assisté à plusieurs apparitions de la Vierge. Ce haut lieu de pèlerinage catholique fascine malgré une image de carte postale, le rocher de la grotte, les gourdes en plastique pour récolter l’eau miraculeuse, le kitsch des échoppes et l’aspect marchand de la ville dont les réalisateurs ne rendent pas compte. Ils ont centré leur propos sur la dimension humaine de la cité mariale en suivant le voyage entrepris par les pèlerins et leurs accompagnateurs. 







Le documentaire dépourvu de commentaires en voix off, laisse entièrement place à la parole des intervenants, ceux qui sont trop souvent invisibilisés. Une dizaine de personnes d’horizons et d’âges différents s’ouvrent à la caméra, confessions courageuses pour dire les rêves, les fragilités, les attentes et l’espoir. Raconté par le biais de ces histoires de destins brisés, ses intimités marquées par les tragédies personnelles, le sanctuaire apparaît comme un refuge aux souffrances humaines, un remède pour sortir de la solitude de la maladie. A leurs côtés, les bénévoles au dévouement remarquable prennent soin d’eux au quotidien, belle leçon d’humanité, évidence de la solidarité et de la fraternité entre les croyants.

Sens de l’observation, don pour l’écoute, Thierry Demaizière et Alban Teurlai posent un regard sensible sur ces moments saisis sur le vif. Ils filment au plus près les réactions, les doutes, les craintes avec pudeur et délicatesse. Les très belles images des lieux, des liturgies et des processions apportent une dimension artistique au projet. Néanmoins, la précision du propos est ancrée dans l’attention portée aux personnes. Les réalisateurs donnent à voir ceux dont la société a détourné le regard. Au-delà du sujet de la religion, de la foi - Thierry Demaizière et Alban Teurlai sont athées - le film interroge sur le rapport à la souffrance, à la maladie, à la mort. Et puis il y a le fol espoir du miracle, le besoin d’espérer cheviller aux corps souffrants.




La succession d’instantanés permet de mieux comprendre ce que les gens viennent chercher à Lourdes, être regardé comme des personnes et non plus comme des malades. Pas besoin d’être croyant pour être touché, ému. Concentré d’humanité, ce documentaire empathique porte des valeurs universelles, à commencer par celle du vivre-ensemble

Lourdes, un documentaire de Thierry Demaizière, Alban Teurlai
Sortie le 8 mai 2019 



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.