Les Heures solaires - Caroline Caugant : Billie, artiste parisienne tourmentée, prépare sa nouvelle exposition dans la douleur. Elle est confrontée aux limites qu’elle s’est toujours imposée. Tourmentée, elle ne trouve pas l’épanouissement et la relation qu’elle entretient avec Paul, un homme marié, est une source de frustration supplémentaire. Billie apprend la mort soudaine de sa mère, Louise. Cette dernière atteinte d’Alzheimer s’est enfuie de la maison de repos où elle séjournait et s’est noyée dans la rivière voisine. Accident, suicide, le doute flotte. La nouvelle brutale fait remonter les souvenirs d’un passé que Billie pensait avoir définitivement éloigné. Vingt ans après avoir quitté précipitamment son village natal, dans le Sud de la France, elle est contrainte d’y retourner afin de prendre des décisions au sujet de la maison de Louise. A V., Billie cherche à éviter tous ceux qui l’ont connue, ceux qui la rattachent à un passé douloureux, au drame de la disparition de Lila, sa seule amie d’enfance, sa sœur de cœur. Mais peu à peu, ses découvertes et ses rencontres vont éclairer d’un jour nouveau l’histoire familiale, l’origine de son mal-être aussi peut-être. Qui était vraiment l’oncle Henri, cet homme roux qui venait les voir tous les étés ? Quel terrible secret, Adèle sa grand-mère a-t-elle révélé dans son journal soigneusement dissimulé ? Qu’est-il arrivé à Lila ?
Elles sont trois femmes, trois générations d’une même famille, hantées par le choix qu’elles ont fait à un moment de leur vie. Adèle, Louise et Billie tourmentées par le passé, ont bravé les interdits des hommes, de la société, de la morale. Dans un récit où les fautes des parents rejaillissent sur les enfants et les mènent sur des chemins semblables, Caroline Caugant questionne l’idée de déterminisme, de reproduction des erreurs et le poids de l’héritage.
La romancière tisse un récit où l’angoisse sourde se diffuse au fil de courants souterrains glaçants. L’écriture imagée y reflète un véritable plaisir du verbe délié, de la description chantournée. Caroline Caugant maîtrise l’art délicat des atmosphères. Sous sa plume sensuelle qui rend un hommage vibrant à la nature du Sud, la splendeur des paysages écrasés de chaleur et de lumière, la rivière aux eaux fraîches où les enfants s’ébrouent l’été, évoquent le temps de l’innocence irrévocablement perdue, la langueur des beaux jours. L’élément liquide omniprésent y représente à la fois l’insouciance et la tragédie glacée.
Très différentes l’une de l’autre, les histoires poignantes de ces héroïnes entrent pourtant en échos. Les drames semblent se répéter à défaut d’avoir été exorcisé par la parole. Le silence étouffe et l’écheveau se démêle peu à peu alors que les secrets refont surface. Les motifs récurrents s’enchevêtrent intimement lançant des liens entre ces destins. Au fil des évolutions de la société, alors que le poids du regard des autres, l’importance du qu’en dira-t-on s’amenuise, les double-vies, les hontes, les douleurs peu à peu sortent au grand jour. La faute originelle de la grand-mère Adèle, celle de Louise mère-fille célibataire puis celle de Billie trouvent à se dire, à se révéler, catharsis pour contrer l’impossible oubli, les rêves brisés et le souvenir obsédant des disparus.
Les Heures solaires - Caroline Caugant - Editions Stock Collection Arpège
Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.
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