Les violettes de l'avenue Foch - Simon Liberati : Les violettes de l’avenue Foch rassemble une quarantaine de textes signés Simon Liberati, publiés dans la presse entre 2013 et 2017. Portraits, entretiens, rencontres, nouvelles ont fait les riches heures des journaux et revues les plus dignes d'intérêt, Le Monde, Libération, Vogue, Lui, Transfuge, Madame Figaro, Vogue, L’Observateur, Les Inrocks, Vanity Fair, Purple, Numéro, L’Officiel, la NRF, Psychologies. La photo de couverture Cuki au BB gun (pistolet à air comprimé reproduction du Magnum 357), un Polaroid d’Edo Bertoglio pris en juillet 1979 à New York, donne le ton du recueil, reflet des dispositions particulières de l’auteur. Au cœur de ces chroniques à l’érudition éclectique, se manifeste un singulier autoportrait en creux. Simon Liberati y exprime un goût prononcé pour le rare, l’incongru, le décrépit. Hormis les articles directement autobiographiques tels que Le Journal de Wulfran écrit pour le supplément de Libération et les commandes à la sortie du livre Eva, il expose sa collection de mythologies modernes, véritable cabinet de curiosités aux reliques comme autant de résurgences surannées.
Fétichisme, déliquescence lyrique des décadents, héritier de Rémy de Gourmont, d’Henri de Régnier, de Huysmans, Simon Liberati, porté par le souvenir des abus divers, a développé une forme de pessimisme morbide où l’humour et la provocation répondent aux audaces du style, l’art du fragment et de la distorsion. Sa vivacité, son esprit narquois servent un symbolisme chantourné, un raffinement de la prose. Simon Liberati célèbre ses affinités électives, ses obsessions et autres préoccupations très personnelles. Ses complices, ses amis, Pierre Le Tan, Jean-Jacques Schuhl, Nicolas Hidiroglou, traversent souvent sa prose dont l’âme est tout entière dominée par la figure omniprésente d’Eva Ionesco, serment d’amour sans cesse renouvelé.
Simon Liberati saisit l’âme des temps, leur électricité particulière et ne renie pas une certaine affinité avec le sordide, notamment dans sa fascination pour les accidents célèbres, ceux de Lady Diana, Jayne Mansfield ou Grace de Monaco. Il puise son inspiration dans l’odeur des vieux papiers jalousement conservés, dans les secrets d’alcôves, au bar des grands hôtels, dans les bibliothèques anciennes et les rapports de police. Du New York des années 1990 sur les traces d’Edwige, ancienne icône du Palace, ancien amour, à Natalie Clifford Barney (1876-1972) salonnière parisienne, l’Amazone du Paris des arts et des lettres, il convoque les époques, les poètes foudroyés, les créatures d’un temps révolu et les cultes des anciens dieux. Les boîtes de nuit des années 1980, le Palace, les Bains Douches, Kenneth Anger et les potins hollywoodiens, Colette et la poétesse Renée Vivien, sont autant de morceaux épars, de souvenirs qui ont formé ce qu’est l’auteur aujourd’hui.
Les femmes fées, personnages électriques, sulfureux, hante ses écrits par leur raffinement, leur intelligence, leur folie. "J'aime les monstres. Un être humain ne compte jamais tant que lorsqu'il est monstrueux, c'est-à-dire spectaculaire, drôle et dénué de principes moraux. Je pardonne tous les travers à une femme, un homme ou un animal si la créature en question me charme par son aplomb, sa mauvaise foi ou ses excentricités." Longue interview de Jean-Pierre Léaud publiée dans le magazine Purple, portrait de Marisa Berenson pour Vogue, les rencontres nous parle de notre temps. Carla Bruni, Naomi Campbell, Patty Hearst croisent Liberace, Pierre Molinier, Oscar Wilde, Françoise Sagan, Paul Léautaud, Davé Cheung.
Nonchalance de façade, volupté des mots, Simon Liberati évoque ses errances, ses démons, une religiosité ritualisée, le culte de la Vierge Marie, le satanisme, le vadou, les paradis artificiels. " La drogue n'est pas suffisante à la grâce, mais elle y contribue. Affaiblissant les défenses, elle rapproche du gouffre. C'est dans les fins de nuit, les premières heures de l'aube, l'heure de fermeture des dealers et des épiceries arabes que les conversations se font plus légères, plus enflammées. Se tiennent à ces instants les assises de la grâce, le lit de justice du savoir-mourir. " Les chambres d’hôtels, la suite Overdose rue de Beaune, le Ritz, le Meurice, le Coste, prennent des dimensions mystiques.
Souvenirs, histoires vraies, faits divers, Simon Liberati distille sa mélancolie crépusculaire, son désenchantement, dans des chroniques rêveuses où l’amour et la mort demeurent inextricables.
Les violettes de l’avenue Foch - Simon Liberati - Editions Stock
Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.
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