Théâtre : Souliers rouges, de Aurélie Namur d'après Andersen - Avec Aurélie Namur, Claire Engel, Yannick Guégan - Théâtre Paris-Villette



Une orpheline adoptée par une marâtre autoritaire ne parvient pas à faire le deuil de « sa maman chérie adorée ». La femme qui l’a recueillie a des idées bien précises sur l’éducation et multiplie les interdits, interdiction de marcher pieds nus, de danser ou de porter du rouge. Elle lui impose une nouvelle garde-robe de petite fille sage et des brodequins blancs tout neufs qui la font souffrir. Elle cache les anciens, cadeaux de la mère défunte. La petite fille les retrouve, les chausse à nouveau malgré les menaces de la marâtre. Celle-ci ne pouvant se faire obéir se résout à brûler les vieux godillots rouges. Dévastée la fillette est abordée par un étrange camelot qui lui offre une paire de souliers rouges. Elle ne résiste pas à ce mystérieux présent qui révèle bientôt son pouvoir.






Adaptation moderne du conte de Hans Christian Andersen, publié en 1880, les Souliers rouges réinventés par Aurélie Namur proposent une lecture contemporaine au dénouement plus heureux. Détournant la signification philosophique, elle ajoute un contrepoint drolatique à la noirceur originelle. Ici l’humour déjoue l’issue cruelle. Si Aurélie Namur a choisi de prendre de nombreuses libertés avec le texte, elle a néanmoins conservé la trame initiale du conte, les relations difficiles entre une petite orpheline et sa mère adoptive. 

Le pouvoir des souliers rouges qu’elle a doté de parole, leur présence surnaturelle et la danse maléfique demeurent au centre de l’histoire. Elle a créé un nouveau personnage, Tristan Dersen, clin d’œil à l’auteur du conte qu’elle transforme en maître de cérémonie, sorte de manipulateur des existences qui semble tirer les ficelles du conte. Bonimenteur, présentateur de music-hall, il annonce le programme, grave dans le marbre la destinée de la fillette et sa belle-mère. 

Mais dans la version signée Aurélie Namur, de victime, la petite fille devient actrice de son destin. La modernité est là. L’orpheline se défend du malheur et de la fatalité, se rebelle et affirme son libre-arbitre. Les péripéties du conte sont développées du point de vue de l’enfant. Les moments comiques évacuent les tensions tragiques. Les trois comédiens sont magnifiques dans une mise en scène intelligente de Félicie Artaud.




La danse devient pulsion de vie. Cette gigue endiablée, épreuve initiatique pour l’orpheline, fait entrer le chaos dans le décor bourgeois du salon de la belle-mère qui sous les lumières rouges se transforme en scène de music-hall. Salvatrice, burlesque, elle tourne en dérision la marâtre, désamorçant le côté négatif du personnage et met en échec les prévisions de Tristan Dersen. 

Histoire de filiation et de compassion, cette tragi-comédie évoque avec sensibilité la difficulté du deuil, la guérison des blessures. La morale du conte fait triompher l’amour et les forces de vie.

Souliers rouges, d’après Hans Christian Andersen
Adaptation : Aurélie Namur
Mise en scène : Félicie Artaud
Avec Félicie Artaud, Claire Engel, Yannick Guégan, Aurélie Namur, Julien Testard, Clémence Viandier
Chorégraphie : Sophie Leso
Scénographie et costumes : Claire Farah
Lumières : Nathalie Lerat
Son : Antoine Blanquart

Dates et horaires : 
- vendredi 14 décembre à 19h
- dimanche 16 décembre à 15h30
- samedi 22 décembre à 17h
- dimanche 23 décembre à 15h30
- vendredi 28 décembre à 19h
- samedi 29 décembre à 17h
- dimanche 30 décembre à 15h30
- mercredi 2 janvier à 14h30
- jeudi 3 janvier à 14h30
- dimanche 6 janvier à 15h30
Séances scolaires : jeudi 20 décembre à 14h30, vendredi 21 décembre à 10h

Théâtre Paris-Villette
211 avenue Jean Jaurès – Paris 19
Réservations : 01 40 03 72 23
www.theatre-paris-villette.fr
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Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.