Expo : Caricatures, Hugo à la une - Maison de Victor Hugo - Jusqu'au 6 janvier 2019



Art de la subversion, la caricature fait de nos jours intrinsèquement partie du langage politique. Au XIXème siècle, les progrès techniques de l’impression permettent le développement des périodiques illustrés. Illustrant l’histoire du siècle, les images satiriques et les dessins polémiques connaissent un âge d’or. Les ambitions et les engagements de Victor Hugo (1802-1885), homme de lettres peu consensuel, donnent rapidement prise aux caricaturistes de son époque. Il devient l’un de leur sujet de prédilection. Interrogeant l’image publique du grand homme, l’exposition Caricatures, Hugo à la Une retrace sa carrière de 1830 aux funérailles de mai 1885 auxquelles assistèrent 3 millions de personnes. En fil rouge, l’évènement met en valeur le dynamisme de la presse d’opinion au XIXème siècle, ses rapports difficiles avec le pouvoir et l’importance de la caricature dans la vie politique. De l’écrivain ambitieux au sage renommé, les 180 œuvres rassemblées par la Maison de Victor Hugo forment une galerie où le respect le dispute à la férocité, où la sévérité des jugements est à la hauteur de la bienveillance dont Hugo a été l’objet.










Dans la tradition de la satire, la caricature exagère, déforme pour accuser, ridiculiser un personnage public, dénoncer une situation. La raillerie, le portrait à charge devient sous le crayon des dessinateurs une arme du combat politique et de la propagande. La loi du 9 septembre 1835 qui rétablit la censure, impose également aux caricaturistes d’obtenir de leur sujet une autorisation préalable. En défenseur convaincu de la liberté de la presse et ravi de toute publicité qui lui serait faite, Victor Hugo ne cherchera jamais à faire interdire des dessins. 

Vaste front dégagé, cheveux longs en bataille, air renfrogné, son physique inspire Benjamin Roubaud, Honoré Daumier, André Gill, Nadar, Gustave Doré, Cham, Alfred Le Petit, J. Blass, Deloyoti, Henri Meyer. Tout au long de sa vie, Hugo donne matière aux journaux qu’ils soient républicains comme Le Charivari, La Lune, le Grelot ou bien monarchistes comme Le Caricaturiste ou Le Triboulet.








L’exposition Caricatures, Hugo à la Une suit un parcours chronologique divisé en quatre périodes distinctes. De 1830 à 1848, Victor Hugo est caricaturé en tant que chef de file des romantiques. Après la bataille d’Hernani en 1830, la publication de Notre Dame de Paris en 1831, c’est le poète, le romancier et le dramaturge, celui qui se présente sans succès par cinq fois à l’Académie française, qui intéresse les caricaturistes. Ceux-ci l’associent à son oeuvre au point de fondre sa figure aux emblèmes de ses livres, homme-cathédrale en 1831 et plus tard homme-océan avec Les Travailleurs de la mer en 1866.









La deuxième période qui court de 1848 à 1852 illustre l’entrée en politique de Victor Hugo alors monarchiste modéré, fortement soupçonné d’opportunisme et conspué pour son soutien à la Monarchie de Juillet puis à l’élection de Louis Napoléon Bonaparte comme président de la République. Alors que Victor Hugo bascule progressivement à gauche, en 1851 le coup d’état qui marque l’avènement du Second Empire va précipiter son destin. La violente répression des opposants à Napoléon pousse Hugo à l’exil à Guernesey où de 1852 à 1870, troisième période de l’exposition, il devient une véritable figure morale.

Jusqu’à la fin des années 1850, la censure du Second Empire interdit de citer son nom ou de le représenter. Hugo refuse l’amnistie de 1859, fait publier Les Châtiments. Il demeure très présent sur le devant de la scène française à travers ses oeuvres La Légende des Siècles, Les Misérables, Les Travailleurs de la Mer, L’homme qui rit.











En 1870, débute la quatrième Victor Hugo rentre d’exil en grand homme de lettres, justicier célébré. Seul son soutien aux Communards en 1871 va soulever une forte critique à son égard, vite dissipée dans une sorte de culte rendu à la figure du patriarche, le Père Hugo devenu icône bien avant sa disparition en 1885.

Caricatures, Hugo à la Une
Jusqu’au 6 janvier 2019

Maison de Victor Hugo
6 place des Vosges - Paris 4
Téléphone : 01 42 72 10 16
Horaires : Du mardi au dimanche de 10h à 18h - Fermé le lundi



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.