Nos Adresses : Bistrot Benoît au Louvre, Ducasse Culture investit en mode brasserie le plus grand musée du monde



Au cœur du musée du Louvre, sous la Pyramide, les comptoirs de fast food qui squattent la mezzanine ont longtemps attristé les esthètes gastronomes, amateurs des beaux-arts. Pour les visiteurs de passage trouver à proximité un véritable bistrot parisien de qualité et aux prix raisonnables était devenu une gageure. Sur les chemins touristiques fleurissent, tel du chiendent, piètres enseignes et seigneurs de la malbouffe. Ducasse Culture, filière du groupe Alain Ducasse, spécialiste des services de restauration s'inscrivant dans des lieux culturels, a lancé au début du mois d'avril un tout nouvel établissement qui vient relever le challenge au sein même du plus grand musée du monde. Juste après la sécurité, juste avant la billetterie, le Bistrot Benoît joue la carte du charme parisien en un carrefour stratégique. Si cette nouvelle adresse revendique sa parenté avec l'esprit brasserie du Benoît, le restaurant étoilé installé dans le IVème depuis 1912 et dont les annexes à New York et Tokyo font rayonner la tradition bistrotière dans le monde entier, elle affirme néanmoins avec panache l'accessibilité de sa table. Le Bistrot Benoît s'impose comme une déclinaison abordable destinée à un public élargi. Le petit frère rend hommage aux lieux historiques où il a pris place en célébrant une cuisine bourgeoise aux prix serrés qui répond aux exigences de qualité Ducasse. Menus à 29,50 euros imparables et grands classiques de la brasserie vont épater le chaland ! 












Rumeur ronronnante d'une conviviale effervescence, le Bistrot Benoît à peine lancé connaît déjà le succès. Sa joyeuse atmosphère de brasserie parigote n'y est pas étrangère. Long comptoir en zinc, mobilier typique, boiseries, collection de cuivres et de céramiques rustiques appartenant au chef Alain Ducasse himself, le décor reconstitué de bistrot authentique a des allures toutes pimpantes. Les banquettes de velours rouge se ploient en arc de cercle, alcôves chaleureuses parées de laiton. Au sol un très beau carrelage aux motifs géométriques vintage converse gaillardement avec un parquet de chêne brut. Le personnel très souriant dans cette activité de ruche bourdonnante arbore tablier et nœud papillon à l'ancienne.

A la carte, les stars de la brasserie parisienne de tradition font leur cinéma dans une version modernisée, allégée à la sauce Ducasse. Produits frais, cuisine de saison, les saveurs assument leur belle simplicité. Les énoncés des plats ont des parfums d'antan : oeuf mayo, poireaux vinaigrette, escargots, foie gras, croque-monsieur, quenelles de grenouille, poulet basquaise, pièces de bœuf, blanquette de veau. Ca file droit dans la lignée bistrotière et les goûts apaisés ont été adaptés à une clientèle internationale. Dans les assiettes, le travail de composition met en valeur le produit, cuisson juste et assaisonnement subtil. Il y a une vraie bonhommie dans cette tradition aimable, une bienveillance que l'on croyait enfuie bien loin des lieux touristiques. La sélection des vins, serrée mais efficace, saura satisfaire les visiteurs qui, quoiqu'il arrive, n'ont probablement pas atterri au musée du Louvre dans l'idée de s'arsouiller.










En entrée, le Pâté en croûte de volaille au thym, céleri rémoulade - 13 euros - d'une sincérité exemplaire déboule sur la table, tradition portée en étendard, propos limpide, phrasé assuré. La Salade parisienne, haricots verts, champignon de Paris, jambon blanc, Emmental, croûtons - 13 euros - croque, craque et réjouit les papilles autant que l'œil. Le Foie gras de canard, compotée oignons / griottes, pain toasté - 16 euros - d'une assurance décomplexée sait créer l'excitation dans ses contrastes sucrés-salés cossus.  

L'oeuf dur mayonnaise, sucrine - 7 euros - la simplicité même, fait le job tranquillement, débonnaire tandis que le souriant Poireau vinaigrette - 9 euros - sauce hissée par ses variations acides, s'assume graphique, au carré, dans l'assiette noire. Les escargots du Bistrot Benoît au beurre persillé (6 pièces) - 8 euros - sont un peu timides mais sonnent comme la grande aventure pour les palais internationaux.








Les plats s'annoncent recta. La cuisine bourgeoise, sûre d’elle-même, ne finasse pas pour mieux déployer sa générosité de bonne fille. Le Filet de canette aux épices, polenta gratinée - 23 euros - subtilement parfumé, est néanmoins un peu canaille. Le Faux-filet de bœuf sauce au poivre, frites - 20 euros - se tient droit dans ses bottes, frites particulièrement réussies. 

La présentation du Croque-monsieur jambon, Emmental, salade romaine - 16 euros - est à elle seule un vrai bonheur, longue silhouette couture et rusticité de la planche de bois. La Blanquette de veau tradition, riz pilaf - 20 euros - délivrée en cocotte de fonte s'affiche d'une netteté réjouissante. Pas de vague dans cette mer de tranquillité. 









Nostalgie jolie, confiance des classiques, les desserts actualisés avec à-propos ne manquent pas de groove. Le Baba au rhum - 9 euros - interprète son impeccable partition. La fraîcheur gourmande de l'Ananas Melba - 9 euros - contraste avec la volupté régressive du Pot de chocolat onctueux, crème fouettée - 9 euros - tsunami chocolaté. La Tartelette aux pommes façon Tatin, crème vanillée - 9 euros - grimpe dans les sommets, joliment acidulée. La Crème brûlée vanille-tonka, tuiles aux amandes - 8 euros - est un must exécuté avec sentiment et le Riz au lait, sauce caramel - 8 euros - rondement mené. 

Bistrot Benoît au musée du Louvre
Pyramide du Louvre - Paris 1
Tél : 01 40 20 53 20
Horaires du lundi au dimanche de 9h à 17h
Menu entrée, plat et verre de vin ou plat, dessert et verre de vin 29,50 euros
Menu enfant 13 euros



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.