Paris : Fresque de François Boisrond, Paris dans la tête, oeuvre monumentale dans la lignée figuration libre - Xème



Au 171 rue La Fayette, Paris dans la tête, une fresque monumentale de François Boisrond commandée en 1989 par la Ville de Paris tente avec tendresse de redonner une dimension esthétique à un décor urbain vétuste. Sur une hauteur de quatre étages, cette oeuvre pérenne, située derrière la gare du Nord, représente un petit monsieur à fine moustache qui soulève son chapeau comme pour saluer les passants. Couleurs pastel, trait naïf, bouille joviale d'ancienne réclame, dans sa tête se déploie un curieux plan de Paris qui reprend en l'inversant celui utilisé usuellement. La Tour Eiffel se retrouve en haut à droite au lieu d'en bas à gauche. François Boisrond a représenté les monuments et les lieux les plus emblématiques de Paris, outre la Tour Eiffel, Notre Dame, la place de la Concorde, l'Assemblée Nationale, le Louvre, les Invalides, la Tour Montparnasse, l'Arc de Triomphe, la Maison de la radio mais également l'aéroport d'Orly, le TGV de la gare du Nord. Les symboles de la ville ponctuent le tableau de détails cocasses. Le bateau des Nautes de Lutèce échappé du blason de Paris navigue sur des flots azur tandis que dans les cieux de la ville des arts et des lettres flottent un livre ouvert, une palette de peintre, une guitare, un appareil photo. Et puis une date inscrite sur le mur, 1992, certainement pour marquer la fin de ce que le peintre qualifiera lui-même "d'une expérience physique sur un échafaudage de vingt mètres".









Formé aux Art Déco où il rencontre Hervé Di Rosa puis Robert Combas, François Boisrond en peintre de la vie moderne évoque dans ses œuvres une mythologie personnelle du quotidien où autoportraits, portraits de ses proches et objets de tous les jours tiennent le devant de la scène.

Au début des années 1980, il fonde avec Robert Combas, Hervé Di Rosa, Rémi Blanchard, la figuration libre, un mouvement pictural s'inspirant des univers visuels de la bande dessiné, de la publicité, du graffiti, du cinéma. Peinture libre, débridée, franche, la production artistique de ce groupe apparaît comme une réaction consciente ou pas à l'épure aseptisé de l'art conceptuel en vogue à cette époque. Exploitant les images de la société de consommation dans une iconographique volontairement simplifiée se rapprochant de l'idée graphique, la figuration libre flirte avec l'esthétique de l'art brut. 

Admirateur du travail des affichistes Bernard Villemot, Raymond Savignac, François Boisrond interroge la ligne, son épure réveillée par une palette chromatique franche, presque industrielle. Ses toiles figuratives aux motifs élémentaires et aux grands aplats de couleurs reflètent une sorte de naïveté formelle proche de la culture des mass media. Mais dans le foisonnement des détails, François Boisrond révèle la poésie du monde qui nous entoure, touchant alors à la beauté du quotidien.











En 1988, l'exposition Paris si mon ami à la galerie Beaubourg marque un tournant important dans l'oeuvre de Boisrond. Première série ayant pour thème Paris, il présente une suite travaillée à partir de photographies de paysages urbains qui prolongent sa vision naturaliste. Croquis de la ville, scène intime du quotidien semblent saisir la rumeur du temps dans une chronique de l'époque. Sous des abords légers et candides, l'artiste se fait observateur de notre société.

Depuis 1999, François Boisrond est professeur aux Beaux-arts de Paris. Son oeuvre a suivi une importante évolution depuis les débuts de la figuration libre. A travers dessins et peintures, les observations se font de plus en plus complexes et son processus créatif s'inscrit dans l'époque avec l'utilisation de la technologie comme il était possible de l'observer lors sa dernière exposition parisienne à la galerie Louis Carré & Cie dont je vous parlais ici.

Paris dans la tête, une fresque de François Boisrond
Angle 171 rue La Fayette et 4 rue de l'Aqueduc - Paris 10



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.