Expo : Parfums de Chine, la culture de l'encens au temps des empereurs - Musée Cernuschi - Jusqu'au 26 août 2018



Exposition déployant un florilège d'objets raffinés, reflet de la grande diversité d'une production artistique liée à une pratique cultuelle qui devint art de vivre, Parfums de Chine au musée Cernuschi propose d'explorer la civilisation chinoise du IIIème siècle avant JC jusqu'au début du XXème siècle par le prisme de l'encens et du parfum. Sont présentés cent-dix objets d'art, céramiques, bronzes, mobilier, peintures signées de grands noms tels que Chan Hongshou ou Qiu Yin, estampages exécutés d'après des bas-reliefs en pierre datant des Wei du Nord (286-534 avant JC), rouleaux datant de la dynastie Ming, dessins à l'encre représentant des scènes de la vie quotidienne. Cet ensemble exceptionnel, complété par des pièces des collections du musée Cernuschi, a été réuni grâce au prêt du musée de Shanghai. Source d'inspiration pour les artistes et les artisans, l'utilisation du parfum en Chine, des dévotions privées à l'art de vivre des lettrés jusqu'à la toilette des élites, illustre avec force la sophistication d'une culture brillante. L'exposition créée en partenariat avec Christian Dior Parfums est ponctuée de bornes olfactives qui diffusent des senteurs reconstituées par François Demachy, nez de la grande maison française, d'après les recettes ancestrales. Parcours muséal chronologique et sensoriel, cet événement unique entraîne le visiteur dans un voyage olfactive à travers 3000 ans d'histoire, sur le fil des six grandes dynasties, Han, Tang, Song, Yuan, Ming et Qing.












Dans l'Empire du Milieu, le parfum a épousé trois vocations principales. A l'origine, il participe de la sphère sacrée, puis prend place dans la pharmacopée traditionnelle avec notamment l'ambre gris, le clou de girofle, le santal blanc dont les propriétés prophylactiques sont célébrées par les médecins impériaux, pour ensuite intégrer un art de vivre se rapprochant rapidement de la cosmétique. Utilisés pour la toilette des femmes comme des hommes, les parfums sont néanmoins réservés aux élites et cette dernière dimension va disparaître avec l'avènement du communisme car considérée comme faisant partie de l'idéologie bourgeoise. Depuis les années 1990, avec les changements sociétaux survenus en Chine, un retour de la parfumerie plaisir est constaté.










Des Han au Tang (IIIème siècle avant JC- IXème siècle après JC), l'encens participe des pratiques rituelles liées au culte des ancêtres. Brûler des matières odoriférantes permet de communiquer avec l'au-delà dans un contexte sacré, avec notamment les fragrances de bois de santal des premiers empereurs Han (206-86 avant JC). Avec la diffusion des croyances bouddhistes et taoïstes, apparaissent de nouvelles pratiques cultuelles. La pratique liturgique justifie la création de nouveaux brûle-parfums. A cette époque apparaît le boshan lu dont la forme évoque une montagne mythique. La fonction rituelle et symbolique du parfum est largement évoquée dans les œuvres d'art qui expriment la place majeure des encens au cœur des cérémonies, des peintures jusqu'aux poèmes taoïstes.

Avec l'unification de l'Empire du milieu en 221 avant JC, le parfum évolue. Du sacré au profane, il est érigé en art de vivre. Sous les Song et les Yuan (Xème siècle et XIVème siècle), l'encens est considéré comme un vecteur de méditation et les fragrances se lient intimement à la culture des lettrés. Les œuvres illustrant les activités littéraires et artistiques, peinture, calligraphie, musique, jeu de go, représentent avec force détails cet attachement. Une véritable littérature d'experts sur les composants et la fabrication des parfums se développe. 












La pratique des lettrés se diffuse dans le quotidien des élites et devient un art de vivre, dont les usages sont codifiés sous les Ming (XIVème et XVIIème siècle). Les artistes et artisans des manufactures impériales rivalisent d'inventivité et de sophistication dans la création de brûle-parfums, boîtes, vase, tables à encens. Bronze, grès, céladon, laque sculptée, porcelaine au décor peint, orfèvrerie, mobilier, ces objets symboles de leur maestria relèvent des techniques du bronze, de la laque, de la céramique ou encore de la sculpture sur bambou. La production de porcelaine de Jingdezhen est en plein essor. 

Sous les Qing (XVIIème - début du XXème siècle), l'évolution des goûts influe sur la diversité des décors floraux, animaliers. Le parfum est au cœur de la toilette et trouve des formes singulièrement modernes, lotions pour le corps, sachets pour parfumer les étoffes, le linge de maison, shampoings aux racines de pivoine.











Afin de parfaire ce voyage des sens, François Demachy de la maison Christian Dior Parfums a reconstitué cinq parfums d'après les recettes historiques qui ont été transmises par le musée de Shanghai. Placées tout au long du parcours, des bornes olfactives diffuses ses senteurs venues des temps lointaines. Chaque formule représente une période, illustrant l'évolution de la complexité des formules, des mélanges très bruts, très animaux des origines aux nuances de résines, de bois jusqu'aux notes florales plus modernes, apparues sous la dynastie Qing. Ambre gris, avoine odorante, livèche, bois d'aigle, un oud d'autrefois, clou de girofle, jasmin sambac, camphre de Bornéo, styrax, copalme d'Orient, composent ces fragrances singulières qui frappent nos nez contemporains. Le parfum aux six ingrédients pour fumer les vêtements (222-589 après JC), la fleur de jade période Ming, la poudre pour parfumer les cheveux au magnolia, bois de santal et réglisse de 1644 et son interprétation plus actuelle ponctuent un parcours à travers les âges et les arts.

Parfums de Chine, la culture de l'encens au temps des empereurs
Du 9 mars au 26 août 2018

En partenariat avec la maison Christian Dior Parfums

7 avenue Velasquez - Paris 8
Tél : 01 53 96 21 50
Horaires : du mardi au dimanche de 10h à 18h, fermé le lundi et les jours fériés
Tarifs : plein tarif 9 euros, tarif réduit 7 euros 



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.