Expo : Shaka (Marchal Mithouard) - Anatomie du mouvement - Galerie Lazarew - Jusqu'au 22 avril 2017



Figure du street art depuis vingt ans, il est l'un des fondateurs de l'emblématique crew DKP, Marchal Mithouard aka Shaka privilégie depuis 2007 son travail en atelier. De ses interventions dans la rue, terreau des cultures urbaines, il a conservé le goût de l'expérimentation. Les influences du graffiti, lettrage, palette chromatique franche, sens de l'espace et de la composition trouvent une nouvelle expression dans un univers graphique entre peinture et sculpture. Explorant les supports et les techniques, sculpture, photographie, vidéo, sérigraphie, peinture à l'huile, bas-relief, Marchal Mithouard mêle recherche plastique et signifié dans des pièces qui révèlent un rapport singulier à la matière. Ses dernières œuvres sont présentées à la galerie Lazarew dans le cadre de l'exposition Shaka - Anatomie du mouvement qui se tiendra jusqu'au 22 avril.










A travers ce nouvel événement parisien, Marchal Mithouard illustre l'évolution de son langage plastique. Les couleurs éclatantes des débuts ont fait place à des teintes plus neutres, presque assourdies dans la subtilité des camaïeux de gris. S'il puise son inspiration dans le quotidien, il est aisé de reconnaître les influences des maîtres, Van Gogh, Vermeer, Le Caravage ou encore celle de l'école expressionniste allemande et plus particulièrement Egon Schiele, Ernst Ludwig Kirchner. 

Orchestration graphique, ballet géométrique des courbes, le tumulte de la toile apporte une réponse formelle où la figuration glisse vers l'abstraction. Travail de perspectives, profondeurs en trompe-l'œil, contradictions entre espaces négatifs et positifs ou hybridation des techniques avec l'intégration de structures sculptées en volume, les personnages de Marchal Mithouard s'échappent de la toile à la rencontre du visiteur. Sa quête d'expressivité se traduit par la décomposition des corps en ondes vibratoires, lignes sinueuses évoquant le mouvement. Le geste est précis, souple, contrôlé. L'exécution rapide, la dynamique évidente. Shaka s'affranchit aussi bien des techniques académiques que de la frontière entre abstraction et figuration. 








Les sujets décharnés, rêves hantés d'écorchés de Fragonard, sont habités par un mouvement qui nait de la fragmentation des chairs, l'exploration des lignes ligamentaires acérées. La structure nerveuse en faisceau suggère l'idée du corps dynamique dans toute sa complexité. L'architecture anatomique disséquée évoque la puissance musculaire et la fragilité de la chair en délitement. Riche figuration où l'abstraction se fait latente, les œuvres de Shaka résonnent comme des invitations à se perdre dans les méandres de la forme, les sinuosités du trait. La vie qui est déséquilibre entre en écho avec l'urgence de la création, le mouvement pur.









Les corps modelés par des forces extérieures, figés dans l'instant, sont animés par une certaine violence. Marchal Mithouard décompose la silhouette dans l'équilibre des volumes et la saillie des formes. L'expression crue de la déconstruction est mise en valeur par la maîtrise d'une composition classique réfléchie. Les pleins et les déliés s'enchevêtrent en lignes de rupture puissantes, vision oppressante, presque angoissante, d'une réalité stylisée qui fait place à une expressivité exacerbée. 









La force émotionnelle des portraits se fait reflet de la nature humaine. L'artiste délivre un message sensible, interrogeant les anxiétés induites par les sociétés contemporaines. La charge sociale de la critique questionne les comportements humains, les rapports entre les êtres.

Shaka (Marchal Mithouard) - Anatomie du mouvement - Jusqu'au 22 avril 2017
Galerie Lazarew
14 rue du Perche - Paris 3
Horaires : du mardi au vendredi de 14h à 19h - samedi de 11h à 19h



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.