Théâtre : Le rêve d'un homme ridicule de Fiodor Dostoïevski - Adapté et interprété par Jean-Paul Sermadiras - Mise en scène Olivier Ythier - Théâtre de Poche Montparnasse



Moqué par ses paires qui le trouvent ridicule, un idéaliste désabusé décide de se suicider. Alors qu'il rentre chez lui pour mettre à exécution ses funestes desseins, il est interpellé par une petite fille apeurée qui implore son aide. Obnubilé par ses projets, il la repousse avec force. Mais une fois sa modeste chambre regagnée, la culpabilité de ne pas l'avoir secourue le trouble au point de suspendre ses intentions. Il sombre alors dans un profond sommeil. Dans son rêve, l'homme est transporté à travers l'espace vers une planète lointaine peuplée d'indigènes innocents et heureux qui vivent en harmonie avec la nature. Un monde parallèle, reflet fidèle du paradis avant le péché originel que sa seule présence va très vite corrompre.





La nouvelle de Fiodor Dostoïevski publiée en 1877 dans le Journal d'un écrivain est un texte d'une troublante modernité. Histoire d'utopie, ce conte philosophique, retranscrit au Théâtre de Poche Montparnasse sous forme de monologue, interroge la nature humaine qui est comme marquée par une malédiction intrinsèque, synonyme de déchéance. Le récit fantastique interroge le sens de la vie à travers l'expérience initiatique, presque chamanique d'un voyage onirique. Souffrances et doutes, questionnement sur le bien, le mal, le bonheur, le songe révèle les tourments intimes dans un mouvement instinctif que Freud étudiera dans son interprétation des rêves.

Sur le plateau, un banc pour tout décor. Ce dépouillement souligné par des jeux de lumière et de pénombre amplifie le sentiment de proximité et d'étrangeté que traduit la mise en scène d'Olivier Ythier. Explorant les frontières entre rêve et réalité, la quête de sens passe par l'émotion maîtrisée, la subtilité sensible de l'interprétation. L'état second du dormeur renvoie le spectateur à ses propres sensations de fascination hypnotique. Jean-Paul Sermadiras, belle voix, regard profond, élégance d'une présence magnétique met ses talents de conteur à profit pour incarner toute l'ambivalence du personnage, le vertige dissociatif d'une narration surprenante.




Troublant, songeur, exigeant, ce beau spectacle donnant l'impression de ne pas tout comprendre sur le moment. Cette expérience intense comme une cérémonie lumineuse ne nous demande que de nous laisser emporter sur l'instant pour y repenser longuement ensuite. 

Mise en scène Olivier Ythier
Collaboration artistique Gilles David sociétaire de la Comédie Française 
Adapté et interprété par Jean-Paul Sermadiras
D'après la traduction d'André Markowicz

Du 08 janvier au 27 février 2017 - Le lundi à 19h et le dimanche à 15h

Théâtre de Poche Montparnasse
75 boulevard du Montparnasse - Paris 6
Réservations : 01 45 44 50 21



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.