Les talons hauts rapprochent les filles du ciel - Olivier Gay : De clubs à la mode en bars huppés, le Triangle d'or est le terrain de jeu de Fitz. Trentenaire gentiment paumé, dealer de coke à la petite semaine, son trafic sans envergure lui permet de vivre son rêve de nuits sans fin. Dans les boîtes des Champs-Elysées, les apparences font loi et Fitz maîtrise le jeu sur le bout des doigts. Un tueur en série se met alors à salement dézinguer des clubbeuses. Retrouvées chez elles atrocement mutilées, les victimes n'ont en commun que leur amour immodéré pour les soirées branchées. Jessica, une séduisante commissaire pas commode et accessoirement ex de Fitz, lui demande de partir à la chasse aux informations sous les stroboscopes. Outrepassant sa mission, un cocktail à la main, le jeune homme, plein de bonne volonté mais foncièrement maladroit, s'improvise enquêteur de pacotille avec la complicité de Déborah et Moussah, deux amis cocaïnomanes très introduits dans le milieu de la nuit.
Sexe, drogue, et boîtes à rythme, Les talons hauts rapprochent les filles du ciel est un polar décalé, volontiers facétieux, empreint d'une douce ironie. L'intrigue rondement menée est l'occasion pour Olivier Gay d'explorer le monde interlope des nuits parisiennes, un milieu qu'il croque malicieusement à travers des scènes d'atmosphère plus vraies que nature. Ambiance paillettes, alcool et poudre aux yeux voire dans le nez, les petits matins sont forcément blêmes. N'épargnant pas une faune des plus exotiques, il trousse avec esprit une satire plaisante, légère comme des bulles de champagne, dont l'humour ravageur fait mouche.
Anti-héros sympathique, loser paresseux, séducteur de 4 heures du mat', un peu niais mais pas dépourvu de lucidité et d'autodérision, revendeur de drogue certes mais sans ambition, bon gars qui déjeune chez ses parents tous les dimanches, Fitz est un personnage attachant. Secondé par Moussah, le colosse black, videur de boîte à défaut de trouver un poste de comptable, et Déborah, prof de ZEP survoltée, noctambule patentée, il parvient à démêler l'écheveau de ce cas crapuleux presque malgré lui.
Entre bévues et atermoiements, les aventures rocambolesques de ces pieds nickelés fêtards suivent la ligne d'une narration riche en coups de théâtre et rebondissements, très efficace dans sa simplicité. Tranchant dans le vif, toujours avec humour, Olivier Gay nous accroche en mode page-turner. Ce premier roman qui a donné des suites tout aussi réussies voire plus, a beaucoup de charme. Suspense aux petits oignons et dénouement pas piqué des hannetons, un polar rafraîchissant drôlement bien ficelé.
Les talons hauts rapprochent les filles du ciel - Olivier Gay - Editions Le Masque JC Lattès
Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.
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