Après la perte d'un gros client, le cabinet d'architecte de Stéphanie a fait faillite. Compte bloqué, appartement vendu pour rembourser les dettes, sans indemnités et sans perspectives d'emploi immédiates, à quarante ans passés, elle trouve refuge chez sa mère Jacqueline. Celle-ci, une veuve qui rêve de refaire sa vie mais n'ose encore l'avouer à ses enfants, l'accueille à bras ouverts. Ce retour au bercail ne se fait pas sans quelques difficultés. D'autant que Nicolas et Carole, le frère et la sœur de Stéphanie, ne voient pas d'un très bon œil ce squat inopiné du domicile parental.
Comédie de mœurs sur la génération boomerang, ces adultes victimes de la crise contraints de retourner vivre chez leurs parents, Retour chez ma mère évoque avec tendresse la vie de famille et la difficulté de cohabitation entre deux générations. Cette réalité sociale, cuisant constat d'échec pour les uns et source d'inquiétude pour les heureux retraités, donne lieu à une satire discrète un peu trop lisse. La réalisation classique d'Eric Lavaine verse dans un classicisme pas désagréable qui rappellerait presque le théâtre avec une quasi unité de lieu.
Francis Cabrel en boucle, appartement surchauffé, parties de Scrabble enflammées, la mère aimante mais envahissante impose sans s'en rendre compte ses diktats de vie à sa progéniture redevenu gamine sous le regard bienveillant mais inquiet de sa maman. Le dîner de famille, rendez-vous de toutes les rancœurs donne lieu à un grand déballage entre frères et sœurs, règlements de compte acide où s'expriment les jalousies au sein de la fratrie, les crispations.
Josiane Balasko en Jacqueline, fée du logis permanentée campe un personnage tout en émotion, senior joyeuse épanouie. La belle complicité avec Alexandra Lamy donne au film toute son énergie tandis que Mathilde Seigner est épatante en sœur peau de vache.
Sans verser dans la caricature loufoque, qui aurait pu être un genre, le réalisateur se laisse tenter par la veine réaliste croquée à gros traits, pas très subtile. Amusant bien que souvent prévisible, scènes d'infantilisation découlant de la situation, incompréhension entre les générations, Retour chez ma mère peine à décoller, les vannes s'essoufflent vite et la fin est décevante. Un film plus tendre que vraiment drôle.
Retour chez ma mère de Etienne Lavaine
Avec Alexandra Lamy, Josiane Balasko, Mathilde Seigner, Jérôme Commandeur
Sortie le 1er juin 2016
Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.
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