1977. Dans les rues de Los Angeles, un tandem de losers magnifiques cherche à retrouver la fille d'une ponte du Département de la Justice. La disparition d'Amelia Kutner, jeune activiste écolo, semble être liée à la mort suspecte de Misty Mountains, starlette d'une industrie pornographique en plein essor. Poursuivis par un tueur à gages, Holland March détective privé, escroc à la petite semaine et Jackson Healy collecteur de dettes, gros bras à louer se lancent dans un jeu de piste qui les mène d'un studio de film X clandestin, aux villas de la vallée où se déroulent des fêtes orgiaques. Violence, sexe, corruption et scandale politique, la seule à avoir assez de plomb dans la cervelle pour pouvoir démêler le fin mot de l'histoire pourrait bien être Holly, 13 ans, la gamine de Holland.
Drôle, enlevé, saignant, ce buddy movie jubilatoire, intrigue policière musclée mâtinée de parodie grinçante, enchaîne péripéties burlesques, cascades ébouriffantes, bagarres dantesques et punchlines efficaces. Sur fond de bande son disco, Shane Black - premier script en 1987 L'arme fatale, début de réalisateur avec Kiss Kiss Bang Bang en 2005 - nous entraîne à un train d'enfer sur les boulevards d'un Hollywood pas toujours reluisant, égratignant au passage les élites corrompues. Iconographie californienne au summum du cool, la reconstitution particulièrement soignée des années 70 - cols pelle à tartre, belles bagnoles et pépées sexy, drogue, liberté sexuelle, activistes perchés, sit-in improvisés - plonge ce film dans un univers nostalgique haut en couleurs sacrément piquant.
Humour noir corrosif, énergie débordante, le cinéaste signe un néo-polar aux allures de comédie de genre joyeusement foutraque dont les grosses ficelles se révèlent surtout divertissantes. Le trait forcé est compensé par la tendresse sincère que semble éprouver Shane Black pour ce duo de bras cassés irrésistibles aux méthodes douteuses.
Ryan Gosling et Russell Crowe, comédiens charismatiques qui en rajoutent dans l'extravagance de situations rocambolesques, sont épatants. La visible alchimie qui les lie donne tout son sel aux dialogues absurdes souvent franchement hilarants. Ryan Gosling sort de son personnage de taiseux morose pour éclater dans une veine comique qu'il exploitait déjà avec bonheur dans Crazy Stupid Love tandis que Russell Crowe en grosse brute plus fine qu'il n'y paraît est impeccable. Kim Basinger incarne une formidable méchante.
Spectaculaire, réjouissant, ultra-violent The Nice Guys est un divertissement pétaradant servi par des acteurs investis, une bombe aux parfums vintage comme pour s'accorder plus de liberté. J'adore !
The Nice Guys de Shane Black
Sortie le 15 mai 2016
Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.
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