Cinéma : Janis, un documentaire réalisé par Amy J. Berg



Grandeurs et misères d'une étoile de la musique, Janis, documentaire riche d'images d'archives et de témoignages de proches, retrace le parcours mouvementé de la première femme à être devenue une star du rock. Janis Joplin, la bête de scène, l'artiste éblouissante à la sublime voix rauque, à la rage sensuelle. Derrière le mythe, les excès et la jeunesse éternelle des disparus du Club des 27, Amy J. berg la réalisatrice s'attache à dresser un portrait intime centrée sur la vie personnelle turbulente de la chanteuse. Née dans une petite ville du Texas, Janis Joplin grandit rejetée par ceux de son âge, marginale, vilain petit canard mais déjà rebelle lorsqu'elle est renvoyée de la chorale pour sa forte personnalité. Au début des années 60, fuyant sa famille, elle quitte son bled natal où elle étouffe pour San Francisco. Dès 1967, elle est la révélation du festival de Monterey. Le début du succès. Derrière l'image de la rock star, la célébrité, les paradis artificiels jusqu'à la perdition, Janis révèle les fulgurances et les failles d'une jeune femme vulnérable en conflit avec elle-même.







Si la légende retient le succès, les concerts exceptionnels d'une interprète entièrement vouée à son art, l'adulation des fans et la mort prématurée tragique, le documentaire explore la face intime, les échecs sentimentaux, les doutes d'un symbole féministe, une militante engagée dans la lutte contre la ségrégation, une musicienne d'exception au caractère indépendant mais accablée par les doutes, les sentiments de solitude et d'exclusion. Poussée par une soif inextinguible d'amour qu'elle n'arrive à satisfaire qu'en communion avec son public sur scène, Janis Joplin s'enlise peu à peu dans la dépression, les excès, l'alcool, les drogues et plus particulièrement l'addiction à l'héroïne.





Le formalisme de la réalisation, péchant par son académisme, réduit le sujet par son manque d'énergie et d'envergure. Très documenté, ce film demeure assez plat, trop sage lorsque Janis Joplin ne vivait que dans l'ampleur, le panache, bigger than life. A la succession classique de témoignages de proches face caméra s'oppose l'émotion pure des images d'archives, la puissance intacte des performances scéniques. La narration balisée aligne les faits chronologiquement sans surprise malgré la belle idée de documents inédits, des lettres personnelles de Janis Joplin à sa famille, lues par Chan Marshall (la chanteuse Cat Power) qui rythment les chapitres. Au delà de la mythologie, un portrait intime émouvant mais un peu étriqué dans sa forme.

Janis documentaire réalisé par Amy J. berg
Sortie le 6 janvier 2016



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.