Nightlife : Le Dirty Dick, un aller-simple pour Honolulu - Paris 9

Préparation du cocktail Zombie - © Dirty Dick


Pigalle, quartier rouge, c’est fini. Une évolution radicale est en marche avec la progression du phénomène South Pigalle, So-Pi, cher aux expats anglo-saxons. Bars à bouchon et lieux louches font peu à peu place à des établissements farouchement tendance, des commerces de bouche - sans jeu de mot, n’est-ce pas - raffinés version bobo-bio.  Les clubs de strip bas de gamme et les sex shops qui persévèrent font figure d’attrape-touristes rutilants de mauvais goût, un folklore désuet qui ne satisfait plus que les visiteurs débarquant des cars affrétés par les tour-opérateurs. Aujourd’hui, Pigalle est furieusement trendy tout en bénéficiant encore d’une réputation vaguement sulfureuse qui donne l’impression de s’encanailler à bon compte.


Dirty Dick - 10, rue Frochot - Paris 9
Dirty Dick
Ambiance coucher de soleil - Dirty Dick

Fresque de David Gonzalez
Ambiance bleu lagon - Dirty Dick
Luminaire poisson-lune - Dirty Dick

Ce jour-là, j’avais rendez-vous avec un jeune écrivain plein d’avenir - je vous en reparlerai très prochainement, j’ai reçu ce matin son premier roman - dont le penchant certain pour le rhum devait faire sortir de mon chapeau une adresse improbable et pour le moins singulière. Un bar remède imparable à la morosité de l’hiver parisien, le Dirty Dick. Pas de grivoiserie cependant, le gérant Scott Schuder a conservé, clin d’œil à l’histoire du lieu, le nom plus que suggestif de l’ancien bar à hôtesses dont il a pris la place. Dépaysement garanti avec ce bar d’ambiance dit Tiki spécialité tout droit venue des Etat-Unis, remix entre la culture polynésienne, californienne et hawaïenne. Un aller-simple pour Honolulu garanti sans jet-lag. La sympathique équipe rodée au Kremlin, à l’UFO et au Rock’n Roll Circus opère dans une ambiance insulaire, exotisme de carte postale très ludique.

La décoration kitsch survoltée du Dirty Dick évoque les bars de plage hawaïens, une forme de culture pop joyeuse et débridée qui connait depuis les années 90 un fort revival. Papier peint exotique, chaises de bar en bambou, luminaires façon torches ou poisson-lune, feuilles de palme, fauteuils en rotin très Emmanuelle, artefacts polynésiens, masques Maori, totems Tiki. Une fresque de David « Gonzo » Gonzalez représentant une pin-up alanguie fleur tropicale dans les cheveux et pagne sur les hanches vient compléter le décor. L’ambiance lumineuse bleue lagon d’un côté, orange façon coucher de soleil coruscant de l’autre, rouge comme la lave des volcans au bar apporte la touche finale. Le fumoir, avenant, bien ventilé, orné de têtes de fauves empaillées, taxidermie décalée, n’est pas en reste.

Le bar - Dirty Dick
Mai Tai - Dirty Dick
Mula Mexicana - Tequila - Dirty Dick


Les barmen experts en mixologie arborent chemises hawaïennes et tatouages tribaux. L’accueil fort sympathique - ai-je besoin d’expliquer la rareté de ce phénomène à Paris ? - malgré un service mené tambour battant - la rançon du succès - est des plus agréables. La carte en anglais laisse planer le doute sur la composition des 17 cocktails qui font la part belle au rhum, le Dirty Dick propose pas moins de 55 références, mais laisse d’autres options pour les réfractaires vodka, tequila, whisky. Elle fait références aux premiers Tiki bars mythiques fondés par Ernest Gantt, le Don the Beachcomber en 1933 puis le Waikiki Bar dans les années 40 où le célèbre cocktail Zombie est inventé, ainsi qu’au Trader Vic qui date de 1944 où Victor Bergeron crée le fameux Mai Tai.

Au Dirty Dick, points communs de tous les cocktails, ils sont généreusement dosés en alcool, les jus de fruits frais, les sirops maison. C’est drôlement bon, surprenant, équilibré et il faut bien l’avouer un chouilla traître surtout quand on n’est pas très raisonnable. Certains sont servis dans des tiki mugs, des grands verres en céramique colorée en forme de statuette tiki, d’autres dans des mini-seaux en métal ou encore des verres à cocktails plus classiques mais pas moins réjouissants. Tranches de fruits frais et petits parasols au sommet parachèvent l’impression de vacances. Au programme des festivités, un certains nombres de cocktails, testés et approuvés.

- Mai Tai : This classic Trader Vic’s creation mixes roasted almond with the subtle flavor of orange peel and full bodied rhum 12 euro
- Pain killer : This cyclone of rhum, coconut, pineapple and orange will help ease any lingering pain 12 euro 12 euro
- Calm before the storm : Stranded on a tropical island, this mélange of passion fruit and rhum will keep you in the eye of the storm right to the next drop 15 euro
- Dirty Julep : Here’s a twist one, one of our favorite classics. This drink eschews the Kentucky derby in favor of thewarm beaches of the Carribbean. It’s a combination of coriander, mint and a lot of fucking rhum. 12 euro
- Zombie : Our twist of the legendary hangover cure created by Don the Beachcomber. It combines a lethal bouquet of various rhums, citrus, herbs and tropical fruits. After a few of these you’ll want to eat some brains.  15 euro

Nous en avons goûté d’autres mais la mémoire me fait défaut. Blogueuse plus qu’une vocation un sacerdoce. Je rappelle que l’abus d’alcool est dangereux pour la santé. Hip. J’ai vu passer d’impressionnant bowls à partager, notamment  l’Amazombie  ou le Scorpion Bowl en forme de volcan enflammé en son centre ou le Punch du Dirty Dick servi dans des conques géantes. La clientèle cosmopolite et l’équipe tout à fait charmante assurent une ambiance très festive. Quelque soit le jour, le bar est bondé. Un succès largement mérité pour un interlude sous les tropiques qui  ne manque pas de chien. Je suis convaincue que le Dirty Dick saura séduire les plus sceptiques. Totalement cool, absolument déjanté, la prochaine fois je m'équipe d'un ukulélé. J’adore !

Dirty Dick
10 rue Frochot - Paris 9
Tél : 01 48 78 74 58
Horaires : du lundi au dimanche 18h - 02h