Nos Adresses : Le Perchoir, bar-restaurant, prenez de la hauteur ! - Paris 11



A mille lieues du paysage culinaire classique des brasseries parisiennes, le Perchoir joue la carte de la discrétion et prend de la hauteur au dessus de Ménilmontant, donnant l’impression aux clients qu’ils font partie d’un club d’initiés. Site officiel réduit à sa plus simple expression, un logo, une adresse, un numéro de téléphone, ni page Facebook, ni compte Twitter, aucune publicité, c’est uniquement le bouche à oreille sur les réseaux sociaux et les blogs qui a provoqué cet engouement pour ce bar-restaurant hors des sentiers battus inspiré des rooftops à la new-yorkaise. Un endroit d’autant plus mystérieux que l’ouverture officielle n’aura lieu qu’en septembre.


Le bar sous une voile tendue - Le Perchoir
La terrasse rooftop - Le Perchoir
Jardinet d'aromates en devenir - Le Perchoir

Ambiance conviviale - Le Perchoir
Verre de rosé - Le Perchoir
Coucher de soleil - Le Perchoir


Fin juin dernier, Adrien Boissaye, Christophe Talon, Emmanuel Colignon à la tête du projet organisent sur la terrasse de 400m2 des événements pour la semaine de la mode. Les travaux ne sont pas tout à fait terminés et les finitions se poursuivent en journée. Forts du succès rencontré, ils décident d’accueillir les clients pendant l’été sans pour autant communiquer sur cette pré-ouverture. Le restaurant reçoit ses premiers dîneurs en août. Il y a trois ans, Adrien Boissaye travaille dans un bureau au rez-de-chaussée du 14, rue Crespin du Gast et fait des pauses cigarettes sur le toit de l’immeuble dont la vue panoramique l’inspire. L’idée d’exploiter ce lieu exceptionnel germe lentement. Il faut deux ans de préparation afin d'affiner le concept dont un an de travaux pour aménager le spectaculaire rooftop.

Pour prendre un verre au Perchoir, il faut d’abord se plier à une sorte de jeu de piste jusqu’à découvrir une façade d’immeuble anonyme sans aucun signe distinctif annonçant la présence du restaurant. Une jeune femme se tient devant, liste des réservations en main. La seule indication se trouve dans le hall avec une sobre plaque. Une cour sombre, un gigantesque escalier d’acier et au fond l’ascenseur qui conduit au 7ème étage. Un ascenseur qui s’ouvre directement sur une vue ébouriffante des toits de Paris avec au fond le Sacré Cœur et plus à droite la Tour Eiffel. Une vue panoramique qui justifie à elle seule l’engouement pour ce lieu lounge décontracté. Car le bar du Perchoir outre sa géographie de rêve est très différent des quelques rooftops de la Capitale, souvent sur le toit d’hôtels prestigieux avec l’atmosphère et les tarifs qui vont avec. Ici, ni maître d’hôtel ni physio scrutateur, tout le monde est le bienvenu, enfants compris.

Parmi la végétation qui s’épanouit à l’air libre, touffes de lavande, rosiers, jeunes hortensia, courent quelques vignes. Dans un coin de la terrasse, un jardin d’herbes aromatiques prend peu à peu ses aises. La déco bohème se compose d’un mobilier disparate de récupération, caisses en bois détournées en canapés garnis de profonds coussins blancs, palettes de chantier assemblées en tables basse façon DIY. Le maître mot : convivialité. Le comptoir du bar sous une grande voile tendue évoque les restaurants de plage et pour peu qu’il fasse beau, il est aisé de se croire encore en vacances. Séduisante façon de prolonger l’été.
 
Les barmans, charmants au demeurant, proposent le verre de vin à 5 euro, bouteille de rosé 27 euro et le cocktail du jour 12 euro. Snacks et finger food viennent compléter les réjouissances : sandwich au homard, mini burgers, tapas, verrines,  assiettes de pata negra, tartines à la mousse de saumon (10 euro l’assiette.) Cependant, le toit ne peut accueillir que 110 personnes pour des raisons de sécurité et il y a la queue dans la rue sept étages plus bas dès 18h. Pour accéder au septième ciel, il faut prendre son mal en patience. Je vous conseille soit venir très tôt vers 17h30/18h ou vers 22h quand les parisiens se décident à aller dîner. La solution la plus confortable étant de réserver une table au restaurant ce qui assure un accès prioritaire. Option validée.


Le Perchoir - Les entrées
Salade de poulpe - Le Perchoir
Salade de langoustine - Le Perchoir
Thon albacore snacké - Le Perchoir

Après ce charmant apéritif, il faut descendre un étage pour accéder à la petite salle située au sixième. L’architecte d’intérieur et décorateur Philippe Xeri a revisité le lieu en jouant sur le contraste industriel et moyen-oriental dont il a le secret. Large baie vitrée, dalles de ciment, banquette de cuir orangé, chaises dépareillées tapissées ou d’écolier, table tréteaux en bois carbonisé, une fois encore le charme de la touche récup’ agit.

Accueil toujours affable, le serveur nous présente la carte des vins mais suggère de préserver la surprise à propos du menu concocté par le chef Benoît Dumas. Menu unique qui varie en fonction de l’inspiration, du marché et des saisons - 42 à 48 euro selon les soirs et les ingrédients qui le composent. Au programme, trois entrées façon tapas, un plat cuisine française contemporaine, deux desserts, nous n’en sauront pas plus pour le moment.

C’est avec une certaine excitation que nous attendons les mises en bouche. Ludique. Et nous ne sommes pas déçues à l'arrivée trois jolies assiettes sur une planche de bois brut. La salade de poulpe fenouil, céleri, carotte ouvre la danse. Légumes croquants, chair du poulpe infiniment tendre parfumée au bouillon, équilibre des textures, saveurs nature inventives. La seconde assiette, thon albacore snacké et mayonnaise aux épices sur une tuile chips de pomme de terre, parsemé de fines lamelles de poireaux frits est particulièrement inspirée, le poireau apportant une subtilité intéressante. Last but not least, le tartare de langoustine, julienne de radis rose, citron vert, orange dont la fraîcheur gourmande est portée par l’association croquant moelleux, acidité et suavité. 


Epaule d'agneau - Le Perchoir
Epaule d'agneau - Le Perchoir

Dacquoise fruits rouges - Le Perchoir


Le plat principal évoque la cuisine traditionnelle à laquelle la réalisation épurée ajoute une touche de modernité. Epaule d’agneau, légumes juste poêlés artichauts, courgettes, carottes et purée maison à l’huile d’olive. Simplicité, lisibilité, gourmandise, beaux produits, c’est un régal. Après un tel festin les desserts nous faisaient un peu peur mais le chef connait ses gammes sur le bout des doigts. Il mise sur la légèreté et la fraîcheur : dacquoise de fruits rouges et pistaches grillées, glace au yaourt citron vert. Fruits épatants gorgés de soleil, glace délicieusement  évanescente.

Addition dans un bocal de verre, dernier petit tour sur la terrasse illuminée de guirlandes et Paris qui parfait sa réputation de ville lumière. Une soirée fort agréable, un cadre enchanteur, une cuisine savoureuse. Le Perchoir, l’adresse qui fait fureur et maintenant, je sais pourquoi. Je n’ai qu’une hâte y retourner.

Le Perchoir
14, rue Crespin du Gast - Paris 11
Tél : 01 48 06 18 48