"Mildred Pierce" est la mini-série HBO de la rentrée dernière diffusée actuellement en France, nommée 7 fois aux Emmy Awards. Kate Winslet son interprète principale s’est vu attribuer, le 18 septembre 2011, le prix de la meilleure actrice. Les cinq épisodes racontent neuf années de la vie d’une mère courage, femme d’affaires ambitieuse dans l’Amérique de la Grande Dépression. Un symbole des classes moyennes américaines, de leur obsession pour l’argent et le statut social. Cette nouvelle adaptation télévisée aux allures de superproduction du roman de James M. Cane a beaucoup fait parler d’elle. Le souvenir du film noir de Michael Curtiz avec l’inoubliable Joan Crawford qui remporta un Oscar en 1945 pour sa performance, est bien présent mais cette mouture porte un regard neuf sur l'oeuvre du romancier. Todd Haynes le réalisateur ("I’m not there", "Loin du paradis") a conservé la nostalgie du classicisme de la grande époque hollywoodienne. Il apporte sa touche de modernité par le choix de la lumière naturelle, par petites touches dans le jeu des acteurs. Il peint au travers de ce mélodrame féministe une société passée écho de notre temps. A la différence du film de 1945, la série est fidèle à la trame du roman d’origine.
C’est l’histoire de la vie tumultueuse de Mildred Pierce femme au foyer dont le mari a déserté le domicile conjugal et qui se retrouve sans revenus, sans formation avec ses deux jeunes filles à charge. Elle doit trouver un moyen de subsistance malgré la crise économique dans la Californie des années 30. Elle devient alors serveuse dans un restaurant. Poussée par son ambition, forte de sa nouvelle expérience, elle parvient à monter sa propre affaire et connait rapidement le succès. Portrait d’une pionnière qui se moque des convenances sociales et rêve d’émancipation, bousculant les préjugés vis-à-vis des femmes.
L’interprétation de Kate Winslet donne une profondeur et une complexité au personnage. Son évolution psychologique tout au long des épisodes la rend tour à tour sympathique, odieuse, pathétique et tragique. Elle prouve une fois de plus son immense talent.
L’intrigue repose sur la relation complexe et vénéneuse qui lie Mildred et sa fille aînée, Vera. Cette dernière traitée comme une princesse, élevée dans l’opulence que donne l’argent cristallise le constant complexe d’infériorité sociale du personnage central. Soumise aux désirs de grandeur et aux pulsions consuméristes de son enfant, Mildred trouve sa perte dans ce conflit intime. Eva Rachel Wood fascinante, tel le serpent, interprète le rôle de Vera adulte.
La série aborde également le thème de la libération des mœurs, une approche moderne de la sexualité féminine. Les longueurs du scénario sont largement palliées par la qualité de l’interprétation et la brillante réalisation. La dramaturgie subtile nous entraîne au fil de l’histoire jusqu’au dénouement tragique.
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