Nos Adresses : Le Baratin, bistrot gastronomique à Belleville - Paris 20



Sur les hauteurs de Belleville, le Baratin est un restaurant assez isolé, plutôt insolite pour le coin qui donne volontiers dans le fast-food et le kebab. Ce bistrot gastronomique s’épanouit rue Jouy Rouve, une tranquille ruelle vallonnée, symbolisant bien le renouveau du quartier où se sont récemment implantés librairies, galeries d’art, petits commerces de bouche, magasins bio. En 1987, Raquel Carena, originaire d’Argentine, achète un bistrot abandonné avec Olivier Camus, aujourd’hui patron du Chapeau Melon. Elle se lance aux fourneaux sans formation, à l’instinct, armée de livres de recettes. C’est Mercedes, cuisinière espagnole, qui lui fait découvrir ce qui deviendra sa botte secrète, l’utilisation du bouillon pour exalter les saveurs. Philippe Pinoteau rejoint le Baratin en 1992, développant la cave au gré de sa passion, de ses découvertes.


Le comptoir du Baratin

Poêlée de cèpes - Le Baratin
Poivrade d'artichauts - Le Baratin


Raquel Carena est une cuisinière rare et généreuse. Elle revisite les plats traditionnels, les valeurs sûres avec une créativité décomplexée, sans les freins que peut générer une formation classique. Ce qui la guide c’est l’amour du beau produit presque nu, du bon, du simple. Les assiettes se composent d’ingrédients de saison que Philippe Pinoteau va chercher lui-même au marché laissant à sa femme le soin d’établir le menu à partir de ses choix. Raquel Carena sait d’un produit brut extraire le meilleur sans artifice. Sa cuisine respecte la matière première qu’elle exalte avec sentiment. Précision d’exécution, maîtrise de la cuisson, goût célébré.

La salle du Baratin qui mise sur la sobriété a été entièrement rafraîchie cet été ainsi que la façade. L’ensemble a conservé son côté couleur locale très parigot, devanture vert franc, carrelage mosaïque au sol, comptoir en bois, quelques tableaux rappelant l’Amérique du Sud, une photo originale de Willy Ronis. L’espace est rentabilisé, pensé au centimètre près. Le mobilier se la joue collé-serré. Il ne faut pas être claustro ni s’agacer rapidement d’un voisin qui prendrait un peu ses aises. Entre autres curiosités, une longue table d’hôte en bois brut patinée par les ans est encadrée de bancs rustiques. Le Baratin baigne dans une atmosphère conviviale, les conversations vont bon train en salle ou au bar autour duquel se rassemblent les habitués. La petite cuisine donne directement sur la salle et crée une animation supplémentaire tout en permettant à Raquel Carena de vérifier les réactions des convives. Le service jeune et sympathique compense l’apparente froideur du patron.


Poularde au bouillon et légumes de saison - Le Baratin

Barbue pochée et petits légumes croquants - Le Baratin

Crumble pomme amandes - Le Baratin


Le menu varie en fonction du marché. Il s’affiche sur une grande ardoise qui circule à la commande entre les tables. Au tableau, une dizaine d’entrée, quatre plats principaux et cinq desserts. Ce soir là, la poêlée de cèpes illustre bien le rapport au produit entre révérence et enthousiasme. Raquel ne verse pas dans l’esbroufe. Elle exprime un don sensible pour les entrées. L’assiette à la lisibilité immédiate tend vers l’épure. La poivrade d’artichaut et ses petits légumes croquants font preuve d’une franchise savoureuse. Une pause le temps de déguster le verre de vin qui accompagne les prémices et les plats pointent le bout de leur nez.

La poularde au bouillon et légumes de saison est tendre, fondante, c’est un bonheur. Ce plat tend très nettement vers la cuisine de bonne femme, la légèreté en plus. Sincérité d’un plat traditionnel auquel Raquel apporte un sentiment moderne. La barbue pochée s’ébat pleine de vivacité et de fraîcheur, entre la délicatesse de la chair du poisson dont le beurre citronné rehausse le moelleux et la cuisson magistrale des légumes. 

Un seul dessert pour ce dîner tout simple. Crumble pommes amandes délicieusement régressif, gourmand mais pas trop sucré. A cela s’ajoute une belle carte des vins, beaucoup de productions naturelles, de jolis crus à découvrir sur les conseils de Philippe Pinoteau. La cave joue sa partition avec aisance et le vin au verre est d’excellente tenue.

Le Baratin est un excellent bistrot gastronomique sans fioritures qui propose une cuisine traditionnelle bien tournée et un rapport qualité prix très correct. Le culte de la qualité, une cuisine simple dévolue aux produits assurent le succès de ce restaurant. Les chefs français s’y pressent. On compte parmi les habitués Pierre Hermé, Olivier Roellinger (Le Coquillage, Cancale), Yves Camdeborde (Le Comptoir du Relais Saint-Germain, Paris 6, juge de Master Chef) et Inaki Aizpitarte (Le Chateaubriand, Paris 11), le redoutable critique François Simon (Figaro). L’adresse remarquée par le guide Michelin se distingue grâce à une ambiance singulière, une carte évolutive, une cave surprenante. Pour la formule du midi, comptez 18 euros et pour le dîner à la carte environ 45 euros (entrée plat dessert sans le vin). Lieu rare de par sa qualité et plutôt intime par la taille, le Baratin connait les affres d’un cahier des réservations surchargé. Je vous suggère fortement de prévoir pour le soir d’appeler la veille en semaine voire 48 heures à l’avance pour le week-end.  

Le Baratin
3, rue Jouy Rouve – Paris 20
Tél : 01 43 49 39 70
Horaires : du mardi au vendredi de 12h à 14h30 et de 19h30 à 23h – le samedi de 19h30 à 23h