Ailleurs : MIAM, Musée international des arts modestes à Sète, un laboratoire de création alternative, une institution culturelle qui questionne les frontières de l'art contemporain

 

Le MIAM, Musée international des arts modestes, inauguré en novembre 2000, à Sète, revendique un statut de laboratoire artistique et un ancrage local particulier dans une commune marquée par la création. Depuis un quart de siècle, plus de mille artistes français et internationaux, de générations et d'horizons variés ont exposé leur travail au sein de cette institution singulière. Musée ouvert à toutes les disciplines, peinture, sculpture, vidéo, bande dessinée, musique, cinéma, avec un tropisme particulier pour le street art et l'art brut, son propos questionne les limites de l'art contemporain, bouscule les hiérarchies officielles. Les expositions temporaires originales, inattendues, participent du rayonnement international de l'établissement. 

Le MIAM niche depuis son ouverture dans un ancien chai du quai Maréchal de Lattre de Tassigny, réhabilité par l'architecte Patrick Bouchain. Fort d'un succès jamais démenti, l'établissement projette de déménager en 2026, dans un bâtiment plus grand, vaste de 4000m2, voisin du nouveau conservatoire de musique Manitas de Plata, quai des Moulins. 








L'expression "art modeste" s'inspire du lapsus d'une fillette. En 1988, à la sortie de l'exposition consacrée au peintre Hervé Di Rosa et son frère, le sculpteur Richard Di Rosa au Musée d'art moderne de la Ville de Paris, la gamine demande à sa mère de revenir très vite au "musée d'art modeste". Sérendipité, le qualificatif séduit Hervé Di Rosa. Il y entend un refus du conformisme, des élitismes, une humilité et adopte ces termes pour qualifier une forme d'expression artistique alternative.

Le MIAM, Musée international des arts modestes, est le fruit d'une rencontre amicale et artistique. En 1990, Hervé Di Rosa fait la connaissance de Bernard Belluc, également artiste, et collectionneur avide d'objets du quotidien. Ce dernier compulse les éléments familiers de la vie courante, et constitue de grands ensembles, mémoire intime, en particulier de la période 1950-1960. Désireux de donner un cadre à leurs projets communs, ils fondent l'Association de l'art modeste en 1991. Ils entreprennent de lancer des passerelles entre l'art contemporain savant et les arts populaires. Leur démarche s'inscrit dans une volonté d'ouverture et de défrichement des territoires artistiques. Leurs actions donnent naissance à une institution culturelle, désormais incontournable, le Musée des arts modestes. Il ouvre ses portes en 2000. 

Le MIAM s'attache à décloisonner culture savante et culture populaire par l'exploration des marges de la création. Il donne à expérimenter les expressions artistiques périphériques au-delà des frontières de genres et propose un éclairage unique sur les "productions modestes", sources d'inspiration pour de nombreux artistes contemporains. 







Les collections personnelles d'Hervé Di Rosa et Bernard Belluc constituent les fonds permanents du musée. Des milliers d'objets sont conservées dans des vitrines scénographiées qui récréent des microcosmes familiers, capsules temporelles à travers les âges de la contemporanéité. Hervé Di Rosa présente "Caravanes", alignements d'artefacts et de figurines, sélectionnés selon son goût, œil du collectionneur, humour de l'artiste, âme d'éternel gamin frondeur. Les vitrines de Bernard Belluc, "blocs événementiels", mettent en scène la société et ses évolutions par le biais d'objets quotidiens, manufacturés comme artisanaux. Bibelots, emballages, jouets, figurines, produits de grande consommation relèvent d'une forme "d''archéologie de l'enfance", où l'attachement sentimental, la charge affective prime. L'esthétique à rebours des canons classiques, du bon goût compassé bourgeois, traduit une appétence pour la couleur, le clinquant, le ludique, l'exubérance, caractéristiques de l'enfance. 

Dans le cadre de la politique de commande publique, menée par la ville et la région, des oeuvres spécifiques ont été produites pour le MIAM, les sculptures de Théodore et de Calixte Dakpogan, la maquette futuriste de Bodys Isek Kingelez ou la bande originale du MIAM, musique composée par Pascal Comelade et Général Alcazar. Liliana Motta, artiste-botaniste, a investi la courette intérieure du musée pour y développer "Le jardin des plantes modestes", dédié aux végétaux considérés comme des mauvaises herbes 

Le MIAM a noué des liens et partenariats avec de nombreuses institutions d'envergure, la Cité de l’architecture et du patrimoine à Paris, la Collection de l’Art Brut de Lausanne, le MAAT de Lisbonne ou encore le Musée d’Art et d’Industrie de Saint-Étienne.

MIAM - Musée international des arts modestes
23 quai Maréchal de Lattre de Tassigny – 34200 Sète
Tél : + 33 4 99 04 76 44 
Horaires : Ouvert du mardi au dimanche de 10h à 18h - Fermé le lundi
Fermetures annuelles : 1er janvier, 1er mai, 1er novembre, 25 décembre



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.