Le CRAC Occitanie consacre une exposition d'envergure à Yvonne Rainer, danseuse, chorégraphe, essayiste, cinéaste, poétesse. Née en 1934, à San Francisco, en Californie, figure de proue de la danse postmoderniste et minimaliste, cette artiste iconoclaste ne cesse d'influencer les créateurs de la contre-culture new-yorkaise et internationale. "Yvonne Rainer : A reader", événement orchestré par la commissaire Arlène Berceliot Courtin, qui a puisé dans ses recherches universitaires pour nourrir le projet, réunit dans les espaces du CRAC, archives, fonds personnels, vidéos d'ateliers chorégraphiques et de chorégraphies complètes, longs-métrages. Cet ensemble monographique dialogue avec les oeuvres d'artistes, plasticiens, vidéastes, performeurs, chercheurs dont le travail entre en écho avec celui d'Yvonne Rainer. À la rétrospective intégrale des films de la cinéaste chorégraphe, s'ajoute une riche programmation, performances, lectures, rencontres, ateliers dont le calendrier est disponible sur le site du CRAC Occitanie ici.
Home Yvonne Rainer Expo Ailleurs : Yvonne Rainer. A reader - CRAC Occitanie / Pyrénées-Méditerranée - Sète - Jusqu'au 15 février 2026
Expo Ailleurs : Yvonne Rainer. A reader - CRAC Occitanie / Pyrénées-Méditerranée - Sète - Jusqu'au 15 février 2026
By La Rédaction At novembre 17, 2025 0
Yvonne Rainer, aujourd'hui quatre-vingt-onze ans, inscrit sa pratique de la danse dans une réflexion sur les conventions esthétiques, l'épure du mouvement, une improvisation instinctive et l'introduction du hasard. Pionnière d'une déconstruction de la danse moderne, elle revendique un minimalisme expressif, un rejet de la performance, de la virtuosité, de la séduction et du maniérisme ou encore de la théâtralité. Son vocabulaire gestuel revendique un ordinaire formel, entre aliénation et simplicité, plutôt que la structure narrative ou la projection émotionnelle. L'interprétation s'ancre dans l'instant, l'éphémère où s'invite l'aléatoire.
Yvonne Rainer développe une pensée critique vis-à-vis des avant-gardes newyorkaises, dominées par les hommes et leur point de vue patriarcal, interroge le post-modernisme, questionne le féminisme essentialiste, pave le chemin d'une théorie queer. Influencée par les études féministes de la "French theory", notamment Monique Wittig, Yvonne Rainer remet en cause les schémas et normes identitaires sociales, les standards et les injonctions d'une société marquée par l’hétérosexualité et la binarité de genre. Ses choix personnels influencent ses combats. Ses engagements renouvelés tout au long de sa vie - antimilitarisme, antiracisme, anti-impérialisme et anticolonialisme, féminisme, activisme notamment action dans la lutte contre le sida - alimentent son art.
En 1955, Yvonne Rainer fait la connaissance du peintre expressionniste abstrait Al Held (1928-2005) qu'elle épouse la même année. Ils emménagent à New-York. Elle s'essaie au théâtre, fréquente les avant-gardes artistiques, Robert Rauschenberg (1925-2008), Alex Hay (né en 1930). À l'âge de vingt-trois ans, en 1957, Yvonne Rainer s'initie à la danse contemporaine auprès d'Edith Stephen avec pour seul bagage une expérience de gymnastique et d'acrobaties lorsqu'elle était lycéenne. En 1959, elle intègre les cours de Martha Graham et Merce Cunningham tout en se formant à la danse classique académique.
Au début des années 1960, en Californie, Yvonne Rainer partage la vie de l'artiste minimaliste Robert Morris (1931-2018), peintre, chorégraphe, sculpteur, plasticien, cinéaste. Elle suit l'enseignement dispensé par Anna Halprin, conceptrice novatrice d'une forme de danse alternative au sein de sa compagnie le Dancers' Worshop. De retour à New York, elle suit les classes de composition chorégraphique de Robert Ellis Dunn qui contribue à la naissance de la danse post-moderne.
Depuis les années 1950, la Judson Memorial Church, église interconfessionnelle, s'est imposée comme un centre de promotion artistique d'avant-garde. L'institution monte les premières expositions de Claes Oldenburg, Jim Dine, Robert Rauschenberg, Tom Wesselmann, Daniel Spoerri, et Red Grooms entre 1957 et 1959. De 1960 à 1962, la Judson Memorial Church promeut les travaux chorégraphiques de danse post-moderne et de musique minimaliste. Anna Halprin constitue alors un groupe autour des danseurs et chorégraphes Trisha Brown, Lucinda Childs, Steve Paxton, David Gordon, Merce Cunningham, Robert Ellis Dunn et Yvonne Rainer et des compositeurs Terry Riley et La Monte Young. Ils fondent en 1962 le collectif chorégraphique Judson Dance Theater.
En 1965, Yvonne Rainer publie un manifeste, "No Manifesto", dans lequel elle décrypte sa vision de la danse postmoderne, esthétique minimaliste détachée de toute idée de prouesse physique et de dimension spectaculaire. La chorégraphie "Trio A" (1966) témoigne de son travail. Elle reniera par la suite ce pan de son travail, affirmation publique ancrée dans une époque, un tournant mais dont elle réfute la dimension doctrinaire.
À partir de 1972, Yvonne Rainer expérimente un nouveau médium. Elle se tourne vers le cinéma à défaut de pouvoir exprimer toutes les nuances de sa pensée à travers la danse. Rencontre déterminante, la réalisatrice et directrice de la photographie française Babette Mangolte, lui enseigne le montage. Yvonne Rainer réalise des longs métrages expérimentaux, "Lives of Performers" (1972), "Privilege" (1990), "Murder and Meurtre" (1996), films anarchiques, avant-gardistes, étranges et fascinants. Les notions d'identité, de mémoire, les émotions crues y croisent la pensée politique et engagement féministe, esprit de rébellion et désir d'émancipation. La narration fragmentée emprunte au mime, à la danse au tableau vivant. Ruptures et juxtapositions inattendues, superpositions, collages hétéroclites déconstruisent le quotidien. Les dialogues hors champ se veulent d'une banalité ironique, échanges ordinaires, présence dramatique. Le cinéma d'Yvonne Rainer emprunte une voie subversive, onirique, militante.
Dans les années 1990, le financement de ces films expérimentaux devient difficile. Elle renoue avec la chorégraphie et la danse. À cette époque, elle rencontre l'universitaire Martha Gever, critique culturelle et enseignante dont les travaux portent sur les études queer et de genre, les médias populaires, la photographie, la vidéo et les nouveaux médias, dont elle partage la vie depuis. Sous l'impulsion de la Baryshnikov Dance Foundation qui lui commande une pièce pour la compagnie White Oak Dance Project, Yvonne Rainer créée, en 2000, "After Many a Summer Dies the Swan". Depuis, elle imagine diverses chorégraphies : "AG Indexical, with a little help from H.M." (2006), "RoS Indexical" (2007), "Spiraling Down" (2008), "Assisted Living : Good Sports 2" (2011), et "Assisted Living : Do You Have Any Money ?" (2013).
Yvonne Rainer. A reader
Jusqu'au 15 février 2026
Commissariat : Arlène Berceliot Courtin
Artistes : Charles Atlas, Florencia Aliberti, Caterina Cuadros, Gala Hernández López, Gregg Bordowitz, Cécile Bouffard, Ruth Childs, Pauline L. Boulba, Lucie Brux, Aminata Labor, Pauline Boudry, Renate Lorenz, Madison Bycroft, Hélène Giannecchini, Lenio Kaklea, Nick Mauss, Paul Maheke, Babette Mangolte, Josèfa Ntjam, Ulrike Ottinger, Adam Pendleton, Jean-Charles de Quillacq, Yvonne Rainer, Robert Rauschenberg.
CRAC Occitanie / Pyrénées-Méditerranée - Centre Régional d'Art Contemporain
26 quai Aspirant Herber - 34200 Sète
Tél. : 04 67 74 94 37
Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.
Cette exposition est présentée dans le cadre de ¡Viva Villa ! - Nouvelle fenêtre, rendez-vous des résidences artistiques françaises à l’étranger, fruit de la collaboration entre la Casa de Velázquez- Nouvelle fenêtre (Madrid, Espagne), la Villa Albertine- Nouvelle fenêtre (États-Unis), la Villa Kujoyama- Nouvelle fenêtre (Kyoto, Japon) et la Villa Médicis- Nouvelle fenêtre (Rome, Italie).
Programmation cinéma en salle 4 du parcours :
Rétrospective des films d’Yvonne Rainer et programmation associée avec les films de Gregg Bordowitz et Pauline L. Boulba / Aminata Labor / Lucie Brux
Lundi
12 h 30 : Lives of Performers, Yvonne Rainer (90’)
14 h : Film About a Woman Who, Yvonne Rainer (105’)
15 h 45 : Kristina Talking Pictures, Yvonne Rainer (90’)
17 h 15 : Privilege, Yvonne Rainer (103’)
Mercredi
12 h 30 : Journeys from Berlin/1971, Yvonne Rainer (125’)
14 h 35 : The Man Who Envied Women, Yvonne Rainer (125’)
16 h 40 : MURDER and murder, Yvonne Rainer (113’)
Jeudi
12 h 30 : Lives of Performers, Yvonne Rainer (90’)
14 h : Film About a Woman Who, Yvonne Rainer (105’)
15 h 45 : Kristina Talking Pictures, Yvonne Rainer (90’)
17 h 15 : Privilege, Yvonne Rainer (103’)
Vendredi
12 h 30 : Journeys from Berlin/1971, Yvonne Rainer (125’)
14 h 35 : The Man Who Envied Women, Yvonne Rainer (125’)
16 h 40 : MURDER and murder, Yvonne Rainer (113’)
Samedi
14 h : Lives of Performers, Yvonne Rainer (90’)
15 h 30 : Film About a Woman Who, Yvonne Rainer (105’)
17 h 15 : JJ, Pauline L. Boulba, Aminata Labor, Lucie Brux (71’)
Dimanche
14 h : Fast Trip, Long Drop, Gregg Bordowitz (55’)
15 h : Privilege, Yvonne Rainer (103’)
16 h 40 : MURDER and murder, Yvonne Rainer (113’)
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