La rue du Serpent à Sélestat conserve la trace de la configuration urbaine héritée du Moyen-Âge et du principe d'enceinte défensive. Vestige précieux, mémoire de la ville, une ancienne plaque de rue en grés mentionne l'impasse du Serpent à l'angle des rues du Docteur Koeberlé et du Serpent. Jusqu'au dernier quart du XIXème siècle, les fortifications de Vauban, édifiées en 1691, ceinturent la cité alsacienne. Les voies aboutissent au pied des murailles et s'achèvent ainsi en impasse. À la suite de la défaite de la France contre la Prusse en 1871, l'Alsace-Moselle est annexé par l'Empire allemand. En 1874, l'administration militaire procède au démantèlement de l'enceinte afin d'éteindre les limites de la ville et de construire de nouveaux quartiers. Les anciennes impasses deviennent alors des rues.
À la fin du XVème siècle, sur le réseau des canaux sélestadiens, cinq moulins animent différentes industries, textile, draperie, peausserie et tonnellerie. Le Bartenmühle, moulin de la Hache, se situe alors à l'emplacement de l'actuel numéro 1 de la rue du Serpent.
Le quartier du Serpent, dénomination appliquée à une impasse, une rue, une place, un quai disparu, est alors traversé par le canal de Châtenois. Il court rue des Sergents, passe par la place d'Armes, glisse rue des Prêcheurs, rue du Foulon et file jusqu'au quai des Tanneurs avant de se jeter dans la rivière Ill.
Plusieurs versions expliquent l'origine du nom de ce quartier. Le cours d'eau originel qui le traverse s'appelle le Schlangbach, rivière du Serpent du fait de la prolifération des anguilles. Le terme se déforme progressivement au fil de la dégradation sanitaire en Schlammbach, rivière vaseuse. Un autre point de vue suggère que le nom renvoie à la présence des canons légers, les couleuvrines, placés le long des remparts voisins.
Au XIXème siècle, le canal du Châtenois pollué par les activités industrielles, en particulier les tanneries, sert également de tout à l'égout à la population qui y déverse eaux usées et ordures. Il charrie désormais des flots boueux nauséabonds. La canalisation du Schlammbach devient nécessaire afin d'assainir la ville et améliorer l'hygiène générale.
Dans les années 1960, le conseil municipal de Sélestat envisage à la fois le recouvrement des canaux citadins, leur recouvrement, et la déviation du flux qui alimentent les canaux de Châtenois et de Kotbach. Le 4 avril 1967, la résolution adoptée entérine l'enfouissement des canaux traversant la ville. À la suite de subventions reçues de l'État et du Département, les édiles votent le lancement des travaux le 3 juillet 1969. Les canaux disparaissent. Les appellations demeurent.
Ancienne impasse du Serpent
Rue du Serpent - 67600 Sélestat
Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.
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