Paris : Tombe de Paul Verlaine au cimetière des Batignolles, sépulture du poète maudit, caveau de la famille Verlaine - XVIIème arr

 

La tombe de Paul Verlaine (1844-1896), division 11 du cimetière des Batignolles, est la plus visitée de la nécropole du XVIIème arrondissement. Le poète est inhumé au sein le caveau familial auprès de ses parents, Nicolas et Élisa Verlaine. Ils sont rejoints par son fils Georges en 1926. La sépulture se trouve à l'origine division 20, dans la partie la plus ancienne du cimetière.

Le tracé du boulevard périphérique, construit entre 1959 et 1973, passe par la nécropole du XVIIème arrondissement. En 1969, un viaduc est édifié afin d'en préserver l'intégrité en l'enjambant. La pollution, la poussière, les vibrations et le bruit engendrés par le passage des voitures délabrent cette portion du cimetière. En 1989, le caveau de la famille Verlaine est déplacé vers le rond-point d'entrée, division 11. Désormais à une place d'honneur, la tombe de Paul Verlaine est la plus visitée du cimetière.

Archétype du poète torturé, Paul Verlaine a publié de son vivant, recueils de poèmes, "Poèmes saturniens" (1866), "Fêtes galantes" (1869), "Romances sans paroles" (1874), "Sagesse" (1880), ouvrages autobiographiques, "Confessions" (1815), "Mes hôpitaux" (1891), "Mes prisons" (1893) et oeuvre critique "Les poètes maudits" (1884 et 1888). 






Fils de Nicolas et Élisa Verlaine, Paul nait à Metz le 30 mars 1844. Le père, militaire de carrière, démissionne en 1851 et la famille s'installe à Paris. Adolescent turbulent, Paul connait une scolarité mouvementée. Il préfère fréquenter les cafés et les milieux littéraires. Il parvient à obtenir son baccalauréat mais ne poursuit pas ses études de droit. Son père lui trouve un premier emploi dans une compagnie d'assurance en 1864. Il devient fonctionnaire et intègre les services municipaux de la mairie du IXème arrondissement puis à l'Hôtel de Ville de Paris. Paul Verlaine habite toujours chez ses parents quand Nicolas Verlaine décède en 1865. Il continue de vivre avec sa mère avec laquelle il devient violent. 

Au début de 1868, Mathilde Mauté (1853-1914), quatorze ans, est présentée à Paul Verlaine, vingt-quatre ans, par son demi-frère, le compositeur Charles de Sivry (1848-1900), ami du poète. Ils ne montrent aucun intérêt l'un pour l'autre. Ils se rapprochent au cours de l'hiver 1869-1870 autour de la poésie de Verlaine. Ils se marient le 11 août 1870. Leur fils Georges nait le 30 août 1871. Paul Verlaine se montre violent envers les deux lors de crises alcoolisées terribles. 

Partisan engagé de la Commune de Paris en 1871, Paul Verlaine fait l'objet de mesures répressives de la part du gouvernement Thiers et du parti versaillais, condamnation à la déportation en enceinte fortifiée, à la dégradation civique. 

Paul Verlaine, vingt-sept ans, rencontre Arthur Rimbaud (1854-1891), seize ans, en septembre 1871. Leur relation affichée et violente provoque le scandale. Verlaine doit fuir la France et les condamnations de la Justice. Le couple s'embarque pour l'Angleterre puis la Belgique. Durant cette fugue, Verlaine revient épisodiquement vers sa femme et sa mère. S'ouvre alors une nouvelle période d'errance chaotique. 

À Bruxelles, Verlaine blesse Rimbaud en lui tirant dessus au revolver en 1873. Jugé et condamné pour son geste, l'homosexualité étant considérée par le tribunal comme une circonstance aggravante, il passe deux années en prison. L'épouse de Paul Verlaine obtient la séparation par jugement du Tribunal civil de la Seine en 1874. Le divorce sera prononcé en 1885. 







Verlaine s'installe en Angleterre en 1875 où il exerce ses talents de professeur de grec, latin, français et dessin. En 1877, répétiteur en littérature, histoire, géographie et anglais au collège jésuite Notre-Dame de Rethel, il se prend d'affection pour l'un de ses élèves, Lucien Létinois, dix-sept ans. Son contrat n'est pas renouvelé en 1878. Paul Verlaine part pour l'Angleterre en compagnie de Lucien Létinois, avec l'approbation des parents. Ils reviennent en France en 1880.

À partir de 1882, à Paris, malgré ses démarches, Paul Verlaine n'est pas en mesure de réintégrer l'administration dont il a été radié pour sa participation à la Commune. La situation le laisse sans emploi. Coqueluche des cercles littéraires, considéré comme un maître par les jeunes générations, il fréquente assidument les cafés où il s'adonne à l'absinthe. Lucien meurt de la fièvre typhoïde à Paris le 7 avril 1883. 

Verlaine rongé par l'alcoolisme et la syphilis multiplie les crises de violence incontrôlables : il tente notamment d'étrangler sa mère à de multiples reprises. Il souffre également de diabète et d'ulcères fruits de son addiction. Emprisonné, hospitalisé à plusieurs reprises, il expérimente une déchéance rapide sous l'effet de sa vie de bohème marquée par la misère. Hébergée par Eugénie Krane, une amie au 39 rue Descartes dans le Vème arrondissement, il décède d'une pneumonie aiguë le 8 janvier 1896, à l'âge de 51 ans. 

À l'initiative du ministre Émile Combes (1835-1921), le Ministère de l'Instruction publique, des Beaux-Arts et des Cultes finance les obsèques du poète. La cérémonie religieuse se déroule le 10 janvier 1896, au sein de l'église Saint-Etienne-du-Mont en présence de ses amis du monde littéraire et de la culture et d'une foule importante d'admirateurs en deuil. Gabriel Fauré tient les orgues. François Coppée, Stéphane Mallarmé, Catulle Mendès, Maurice Barrès, Jean Moréas, Gustave Kahn et Edmond Lepelletier prennent tour à tour la parole pour prononcer les éloges funèbres. Robert de Montesquiou fait partie de ceux qui tiennent les cordons du poêle, les cordons reliés au drap funéraire recouvrant le cercueil, rôle réservé aux plus proches. Paul Verlaine rejoint le caveau familial au cimetière des Batignolles.

Tombe de Paul Verlaine 
Division 11

Cimetière des Batignolles
8 rue Saint-Just - Paris 17
Tél : 01 53 06 38 68
Horaires d’ouverture 
Pour la période du 6 novembre au 15 mars : Du lundi au vendredi de 08h00 à 17h30 - Le samedi de 08h30 à 17h30 - Dimanche et jours fériés de 09h00 à 17h30
Pour la période du 16 mars au 5 novembre : Du lundi au vendredi de 08h00 à 18h00 - Le samedi de 08h30 à 18h00 - Dimanche et jours fériés de 09h00 à 18h00
Métro Porte de Clichy lignes 13 et 14



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.