Paris: Hôtel particulier au 9 rue La Bruyère, ancien domicile de Daniel-Osiris Iffla (1825-1907), financier, philanthrope et important mécène des sciences - IXème arr

 

Au 9 de la rue La Bruyère, un hôtel particulier néo-Renaissance conserve en façade les initiales de son plus fameux propriétaire, Daniel-Osiris Iffla (1825-1907). Philanthrope, humaniste et patriote, il met sa fortune au service d'un idéal de générosité et de dévouement aux causes chères à son coeur. Les dons accordés de son vivant et les legs par testament considérables financent de nombreuses oeuvres caritatives et scientifiques. Né à Bordeaux dans une modeste famille de confession juive, Daniel Iffla devient agent de change et fait fortune grâce aux spéculations boursières. Il investit dans toutes les grandes opérations financières du Second Empire en particulier dans les domaines les plus innovants. En 1861, Daniel fait changer son prénom en Osiris par décret impérial.

Propriétaire de cinq hôtels particuliers à travers le IXème arrondissement, et en particulier rue La Bruyère, aux numéros 7, 8, 9, Daniel Iffla les met à disposition des réfugiés lors du siège de 1870, un épisode de la guerre franco-allemande au cours duquel Paris est assiégé par l'armée prussienne. L'hôtel particulier du n°9 de la rue La Bruyère serait contemporain de la création de la voie, percée en 1824 dans le cadre de l'opération immobilière menée par la Compagnie Saint Georges, propriété de MM. Dosne, Loignon, Censier et Constantin. 




L'épouse de Daniel Iffla, Léonie, meurt en couches en 1855. Leurs jumeaux ne survivent qu'une journée. Daniel Iffla, alors trente ans, demeure inconsolable et ne se remarie jamais. Celle qui aurait dû être son héritière, sa nièce, la cantatrice Emma Bardac se trouve mêlée à un scandale. En 1892, elle a déjà défrayé la chronique en entretenant une liaison passionnée avec le compositeur Gabriel Fauré. Elle fait la connaissance, en 1903, du compositeur Claude Debussy qui devient son amant. Elle quitte son époux, Sigismond Bardac, pour vivre avec celui qu'elle aime. Il abonne lui-même son foyer. Sa femme, Marie-Rosalie Texier-Debussy, tente de se suicider d'une balle dans la poitrine. Elle survit. Le comportement indifférent de Debussy à son égard - il ne lui rendra jamais visite à la clinique où elle est soignée - est vivement critiqué. Claude Debussy et Emma Bardac obtiennent chacun le divorce en 1905. Ils se marient en 1908. L'oncle Daniel-Osiris Iffla retire sa nièce de son testament. En absence d'héritier, il lègue la plus grande partie de sa fortune à l'Institut Pasteur, 36 millions de franc-or, approximativement 130 millions d'euros actuels. 

À Bordeaux, les dons accordés par Daniel Iffla financent des fontaines publiques, et son legs par testament, un bateau-soupe destiné aux nécessiteux. Inauguré en 1913, ce dernier poursuit son activité jusqu'en 1940. Daniel Iffla fait don de son domaine viticole du bordelais afin de fonder une école d'œnologie et de viticulture, l'École de la Tour Blanche. 




À Nancy, il subventionne une crèche municipale et un institut de sérothérapie. En 1889, il offre à la ville une statue de Jeanne d’Arc, installée place La Fayette. À Paris, sa générosité permet d'ouvrir un pavillon opératoire moderne à l’hôpital de la Salpêtrière. Il accorde également des fonds afin d'ériger une statue d’Alfred de Musset devant le Théâtre-Français. Il contribue à la construction de plusieurs synagogues, à Paris notamment la synagogue de la rue Buffault, Nancy, Arcachon et Tunis. 

Daniel Iffla achète le château de la Malmaison en 1896 auprès la famille Suchet d'Albuféra. À la suite d'une restauration minutieuse - rendue nécessaire, le site ayant subi des dommages lors de l'occupation par les troupes prussiennes - il fait don du domaine à l’État en 1904. Pour ce geste, il est distingué de la Légion d'honneur. Dans son testament, il manifeste le souhait d'édifier à proximité un lieu où réunir et présenter ses collections personnelles, en particulier sa "collection napoléonienne". Le Musée Osiris ouvre finalement en mai 2011.

Hôtel particulier de Daniel Iffla dit Osiris
9 rue La Bruyère - Paris 9
Métro Saint Georges ligne 12



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.