La tombe de Marguerite Duras (1914-1996), au cimetière du Montparnasse division 21, s'orne d'hommages poétiques. Les admirateurs anonymes y déposent stylos et crayons plantés dans des pots de fleurs, qui forment d'étranges bouquets en compagnie de marguerites. Romancière, dramaturge, scénariste, réalisatrice, Marguerite Duras et son mythe s'expriment dans la singularité d'une voix unique, un style, syntaxe déstructurée, personnages à vif. Sa production se distingue par sa diversité. Ces oeuvres littéraires ou cinématographiques sont marquées par une même modernité qui renouvèle les genres, sur le fil de thématiques intimes amour, identité, traumas de la guerre, alcool. Elle repose dans sa dernière demeure auprès de son dernier compagnon et exécuteur littéraire, Yann Andréa (1952-2014).
Marguerite Donnadieu nait le 4 avril 1914 à Gia Định, à proximité de Saïgon - actuel Ho Chi Minh-ville - en Indochine française - actuel Viêt Nam, dans une famille originaire du Lot-et-Garonne. Jusque dans les années 1930, elle suit sa famille dans les allers-retours entre l'Asie et la France, et quitte définitivement l'Indochine en 1933. À Paris, elle poursuit des études secondaires en droit et économie. En 1937, elle entre comme secrétaire au Ministère des colonies. En 1939, elle épouse Robert Anthelme rencontré en 1936. Durant la Seconde Guerre Mondiale, elle entre dans la Résistance tout en entretenant les utiles liens avec l'administration et couverture mondaine. Son mari arrêté pour fait de Résistance en juin 1944 est déporté à Buchenwald puis à Dachau. Elle tente de le faire libérer en faisant jouer des relations, puis le soigne à son retour, alors qu'il est moribond, épisode qu'elle racontera dans "La douleur" (1985). À la Libération, elle s'inscrit au Parti Communiste. Robert et Marguerite divorcent en 1947. Elle se remarie avec Dionys Mascolo, son amant depuis 1942. Leur fils Jean naît le 30 juin 1947.
Entrée en littérature en 1943 avec "Les impudents", Marguerite désormais Duras prend pour pseudonyme le nom du village où se trouvait la maison familiale. Elle est révélée par "Un barrage contre le Pacifique", biographie romancée publiée en 1950. Par la suite, la légende s'écrit au gré des publications : "Les Petits Chevaux de Tarquinia" (1953), "Moderato cantabile" (1958), "Le Ravissement de Lol V. Stein" (1964), "Le Vice-Consul" (1966), "La Maladie de la mort" (1982), "L'Amant" (1984), "Yann Andréa Steiner" (1992), ou encore "Écrire" (1993).
Elle connait son plus grand succès public avec "L'Amant" prix Goncourt 1984, publiée aux Éditions de Minuit. Lorsque le producteur Claude Berri confie la réalisation d'une adaptation au réalisateur Jean-Jacques Annaud, Marguerite Duras est malade et ne peut finaliser le scénario. Se sentant dépossédée de son oeuvre, elle réécrit sa version sous le titre "L'Amant de la Chine du Nord" en 1991. Le film Jean-Jacques Annaud sort en 1992.
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